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HISTOIRE NATURELLE,
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OuvrAcE faisant suite à l’Histoire naturelle, générale et particulière, composée par Leczerc DE Burron, et mise dans un nouvel ordre par C. S. SonNint, avec des Notes et des Additions.
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HISTOIRE
NATURELLE
D'Eb9,: PROS STOuN.S.
QUATRIÈME DIVISION.
Poissons cartilagineux qui ont un oper- cule et une membrane des branchies.
PAR LACÉPEDE.
ARR, LE MES ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou PREMIER ORDRE DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUXa Poissons apodes , ou qui n'ont point de nageoires dites ventrales. DIXIÈME GENRE.
LES OSTRACIONS.
Lr corps dans une enveloppe osseuse, des
Y
dents incisives à chaque mâchoire. A 3
6 HISTOIRE PREMIER SOUS-GENRE.
Point d’aiguillons auprès des yeux, ni au dessous de la queue.
PiR:E MI-h-R-5._F-5 P-DLcC-r.
L'oSTRACION TRIANGULAIRE.— Le corps triangulaire , et garni de tubercules saillans sur des plaques bombées.
SECONDE ESPÉCE:
L'OSTRACION MAILLE. — Le corps triangulaire , et garni de tubercules peu sensibles, mais dont la disposition imite un ouvrage à mailles.
TROISIÈME ESPÈCE.
L'oSTRACION POINTILLÉ.— Le corps quadrangulaire ; de petits points rayonnans, et point de figures polygones sur l'enveloppe osseuse ; de petites taches blanches sur tout le corps.
QUATRIÈME ESPÈCE.
L'OSTRACION QUATRE-TUBERCULES.— Le corps quadrangulaire; quatre grands tuber- cujes disposés en carré sur le dos.
CINQUIÈME ESPÈCF.
L'oSTRACION MUSEAU - ALONGÉ. — Le corps quadrangulaire ; le museau alongé.
DES OSTRACIONS. 7 SIXIÈME ESPÈCE.
L'OSTRACION DEUX - TUBERCULES. — Le corps quadrangulaire; deux tubercules, l’un au dessus, et l’autre au dessous de l’ouver- ture de la bouche.
SEPTIÈME ESPÈCE.
L'oSTRACION MOUCHETÉ. — Le corps quadrangulaire ; un grand nombre de taches noires, chargées chacune d’un point blanc ou bleuûtre.
HUITIÉÈME ESPECE.
L’osTrACIOoN Bossu.— Le corps quadrangulaire ; le dos relevé en bosse.
SECOND SOUS-GENRE,.
Des aiguillons auprès des yeux, et non au dessous de la queue.
NEUVIÈME ESPÈCE.
L’OSTRACION TROIS - AIGUILLONS. — Le corps triangulaire ; un aiïguillon sur le dos et auprès de chaque oeil.
L 4
8 HTSTOER E TROISIEME SOUS-GENRE.
Des aiguillons au dessous de la queue, et non auprès des yeux.
DIXIÈME ESPÈC E:
L'OSTRACION TRIGONE.— Le corps triangulaire; deux aigmuillons cannelés au dessous de la queue; des tubercules saillans sur des plaques bombées ; quatorze rayons à la nageoire du dos.
OLNIA EE EUM BR ES D CE. L'OSTRACION DOUBLE- AIGUILLON. — Le corps triangulaire ; deux aiguillons sillonnés au dessous de la queue; des tubercules peu élevés ; dix rayons à la nageoire du dos.
QUATRIEME SOUS-GENRE.
Des aiguillons auprès des yeux et au dessous de la queue. DO WA LEME EE SPECE L'OSTRACION QUATRE-AIGUILLONS.=—= Le corps triangulaire ; deux aiguillons auprès des yeux, et deux autres sous la queue. TREIZIÉME ESPÈCE. L’OSTRACION LISTER.— Le corps
DES OSTRACIONS. 9
triangulaire ; un grand aiguillon sur la partie de la queue qui est hors du têt.
QUATORZIÈME ESPÈCE.
L'oSTRACION QUADRANGULAIRE. — Le corps quadrangulaire ; deux aiguillons au- près des yeux, et deux autres sous la queue.
Q'UUIINZIÉEME ESPÈCE.
L’OSTRACION DROMADAIRE. — Le corps quadrangulaire ; une bosse garnie d’un ai- guillon sur le dos.
10 HS TOIRE
LES POISSONS-COFFRES.
OsTracIoNs de Lacépede et de quelques autres Naturalistes.
Srrazox est, parmi les anciens, le seul auteur qui ait parlé d’un poisson du Nil appelé ostrakion ; et cette dénomination grecque, d’abord employée par Gesner pour désigner un poisson d'Egypte (1), est de- venu le nom d’un genre entier dans les ouvrages de Linnæus, d'Artedi, de Lacé- pêde, etc. Ostrakon en grec signifie une cuirasse , et les poissons dont il est question sont en effet revêtus d’un têt dur, d’une sorte de cuirasse osseuse. Mais , comme cette enveloppe solide a l’apparence d’un étui ou d’un cofire dans lequel les poissons se- roient logés, on leur a donné en français le nom de poissons-coffres où simplement de coffres , que je leur conserverai, d’abord parce que les termes français doivent être
(1) De Aquatilibus, lib. 3, p. 757.
DES OSTRACIONS. 11
préférés dans les livres écrits en notre langue, ensuite parce que la dénomination grecque ostracion a été imposée par quel- ques naturalistes à des poissons d’un genre difiérent.
A À On diroit que la Nature, en répan- dant la plus grande variété parmi les êtres vivans et sensibles dont elle a peuplé le globe, n’a cependant jamais cessé d'imprimer à ses productions des traits de quelques formes remarquables, dont on retrouve des images plus ou moins imparfaites dans presque toutes les classes d'animaux. Ces formes générales, vers lesquelles les lois qui régissent l'organisation des êtres animés, paroissent les ramener sans cesse, sont comme des modèles, dont la puissance créatrice semble avoir voulu s’écarter d'autant moins, que les résultats de ces conformations principales tendent presque tous à une plus sûre con- servation des espèces et des individus. Le genre dont nous allons nous occuper va nous présenter un exemple frappant de cette multiplication de copies plus ou moins ressemblantes d’un type préservateur, et de leur dissémination dans presque toutes les classes des êtres organisés et sensibles. Cette arme défensive, cette enveloppe solide,
12 HIS TOTRE
celle cuirasse tutélaire, sous laquelle Ta Nature a mis à l'abri plusieurs animaux dont Buffon, ou nous, avons déjà donné l'histoire, nous allons la retrouver autour du corps des ostracions ; et si nous pour- suivons nos recherches jusques au milieu de ces légions innombrables d'êtres connus sous le nom d'animaux à sang blanc, nous la reverrons, avec des dissemblances plus ou moins grandes, sur des fainiiles entières, et sur des ordres nombreux en familles. L’é- paisse cuirasse et les bandes osseuses qui revôtent les tatous, la carapace et le plas- tron qui défendent les tortues, les gros tu- bercules et les lames très-dures qui protègent les crocodiles, la croûte crétacée qui envi- ronne les oursins, le têt solide qui revêt les crustacés, et enfin les coquilles pierreuses qui cachent un si grand nombre de mol- lusques, sont autant d'empreintes d’une pre- mière forme conservatrice, sur laquelle a élé aussi modelée la couverture la plus ex- térieure des ostracions ; et voilà pourquoi ces derniers animaux ont reçu le nom qu'ils portent, et qui rappelle sans cesse le rapport, si digne d'attention, qui les lie avec les ha- bitans des coquilles. Ils ont cependant de plus grandes ressemblances superlicielles
DES OSTRACIONS 19
avec les oursins : leur enveloppe est en effet garnie d’une grande quantité de pe- tites élévations, qui la font paroître comme ciselée; et ces petits tubercules qui la re- haussent sont disposés avec assez d’ordre et de régularité, pour que leur arrangement puisse être comparé à la distribution s: régulière et si bien ordonnée que l’on voit dans les petites inégalités de la croûte des oursins, lorsque ces derniers ont été privés de leurs piquans. La nature de la cuirasse des ostracions n’est pas néanmoins crélacée ni pierreuse : elle est véritablement osseuse ; et les diverses portions qui la composent sont si bien jointes les unes aux autres, que l’ensemble de cette enveloppe, qui recouvre le dessus et le dessous du corps, ne paroït formé que d’un seul os, et représente une espèce de boite ou de coïfre alongé, à trois ou quatre faces, dans lequel on auroit placé le corps du poisson pour le garantir contre les attaques de ses ennemis, et qui, en quelque sorte , ne laisseroit à découvert que les organes extérieurs du mouvement, c’est- à-dire, les nageoires, et une partie plus ou moins grande de la queue. Aussi plusieurs voyageurs, plusieurs naturalistes, et les ha- bitans de plusieurs contrées équatoriales,
14 HIS T'O'IRE ont-ils donné le nom de poisson-coffre aux différentes espèces d’ostracions dont ils se sont occupés. On croiroit que cette matière dure et osseuse , que nous avons vue ramassée en boucliers relevés et pointus, et distribuée en plusieurs rangs très-séparés les uns des autres sur le corps des acipensères, rapprochée au- tour de celui des ostracions (esturgeons ), y a clé disposée en plaques plus minces et étroitement attachées les unes aux autres, et que par là une armure défensive complette a été substituée à des moyens de défense très- isolés, et par conséquent bien moins utiles. Nous venons de voir que l'espèce de coffre dans lequel le corps des ostracions est ren- fermé, est en forme tantôt de solide trian- gulaire, et tantôt de solide quadrangulaire, c'est-à-dire, que les deux faces qui revêtent les côtés se réunissent quelquefois sur le dos et y produisent une arête longitudinale plus ou moins aiguë, et que d’autres fois elles vont s'attacher à une quatrième face placée horisontalement et au dessus du corps. Mais indépendamment de cette différence, il en est d’autres qui nous ont servi à distinguer plus facilement les espèces de cette famille, en les distribuant dans quatre sous-genres, il est de ces poissons sur lesquels la matière
DES OSTRACIONS. 15
osseuse, qui compose la cuirasse, s'étend en pointes ou aiguillons assez longs, le plus souvent sillonnés ou cannelés, et auxquels le nom de cornes a été donné par plusieurs auteurs. D’autres ostracions n’ont au con- traire aucune de ces proéminences. Parmi les premiers, parmi les ostracions cornus ou aiguillonnés, les uns ont de longues pointes auprès des yeux; d’autres vers le bord inférieur de l’enveloppe qui touche la queue, et d’autres enfin présentent de ces pointes non seulement dans cette extré- mité, mais encore auprès des yeux. Nous avons, en conséquence, mis dans le premier sous-senre ceux de ces poissons qui n’ont point d’aigtillons; nous avons placé dans le second ceux qui en ont auprès des yeux ; le troisième comprend ceux qui en pré- sentent dans la partie de leur couverture osseuse la plus voisine du dessous de la queue , et le quatrième renferme les ostra- cions qui sont armés d’aiguillons dans cette dernière partie de l'enveloppe et auprès des yeux. A SUR
Plusieurs observations sur la conformation des coffres ont été ajoutées par Lacépèce
à celles de ses prédécesseurs. A & Le solide alongé que représente la
16 HES 'TOTR.E
couverture des coffres peut être considéré comme composé de deux sortes de pyra- mides irrégulières, tronquées, et réunies à leurs bases. Au devant de là pyramide antérieure, on voit dans presque tous les ostracions l’ouverture de la bouche. Les mâchoires peuvent s'écarter d'autant plus l'une de l'autre, qu’elles sont plus indépen- dantes de la croûte osseuse , dont une inter- ruption plus ou moins grande laisse passer et déborder les deux, ou seulement une
des deux mächoires. La partie qui déborde”
est revètue d’une matière quelquefois assez dure, et presque toujours de nature écail- leuse..... L'on a été pendant long -tems dans l’incertitude sur la manière dont l’ou- verture des branchies peut être fermée à la volonté de l’animal ; mais diverses obser- vations faites sur des ostracions vivans par le savant Commerson et par d’autres voya- geurs, réunies avec celles que j'ai pu faire moi-même sur un grand nombre d’indivi- dus conservés dans différentes collections, ne permettent pas de douter qu'il ny ait sur l’ouvertrue des branchies des ostracions un opercule et une membrane. L’opercule est couvert de petits tubercules disposés comme sur le reste du corps, mais moins
réguhérement
a
DES :OSTRACIONS. 7
régulièrement ; et la membrane est mince, flottante et attachée du même côté que le tubercule (1).
..... Au reste, sur tous les ostracions, l'ensemble de l'enveloppe osseuse est recou- vert d’un tégument très - peu épais, d’une sorte de peau ou d’épiderme très - mince, que j'applique très-exactement à toutes les inégalités, et n'empêche de distinguer au- cune forme. Après un commencement d’al- tération ou de décomposition, on peut faci- lement séparer les uns des autres, et cette peau, et les diverses pièces qui composent la croûte osseuse. À A
L'on a vu, dans le tableau qui précède cet article, lés caractères que Lacépède assigne à ce genre de cartilagineux ; ce sont une enveloppe osseuse et des dents incisives à chaque mâchoire. Bloch se contente d'ad- mettre le premier de ces caraclères pré-
(1) D’après cette dernière observation, commune à plusieurs voyageurs instruits , et confirmée par les recherches de Lacépède, il faut rayer de la liste des attributs caractéristiques , présentés par les 1ich- thyologistes comme distinctifs du genre des poissons coffres, le défaut de membrane à l’opercule des ouïes.
Poiss. Tom E.V. B
| :. HN HISTOIRE
sentés par Lacépède, c’est-à-dire, une écaillé dure enveloppant le corps (1). D’autres na- turalistes ont employé des distinctions moins simples, et par conséquent plus susceptibles de se trouver en défaut. Les ostracions de Linnæus ont à chaque mâchoire dix dents alongées, menues et uh peu obtuses ; l'ou- verture des ouïes linéaire; le corps cuirassé par une enveloppe osseuse et entière; point de nageoires au ventre (2).
En adoptant une partie de ces distinctions génériques , M. Gouan a partagé l'erreur de Linnæus, qui n’attribue généralement à ces poissons que dix dents aux deux mà- choires , tandis que quelques espèces en ont plus et d’autres moins. Voici, au reste, la phrase caractéristique de M. Gouan :
Le coffre. Le corps polygone, couvert, cuirassé d’une seule écaille marquetée; la tête pelle; dix dents avancées, grèles, ob- tuses ; l'ouverture des ouïes est linéaire, latérale , au dessus des nageoires pecto-
rales (3).
(1) Histoire naturelle des poissons, genre 70,
le coffre.
(2) Syst. nat. edit. Gmel. gen. 136, ostraciox. (3) Histoire des poissons, p. 109.
DES OSTRACIONS 19
Artedi s'étend davantage dans l’énumé- ration des attributs qu'il regarde comme pro- pres au genre enlier des coffres. I dit que ces poissons manquent de membrane bran- chostège, ou de la membrane plissée qui, dans le plus grand nombre des espèces , est cachée sous l’opercule des ouïes auquel elle est attachée (1) ; que la forme de leur corps est insolite, puisqu'elle est ou sphérique, ou arrondie, ou ovale, où oblongue et qua- drangulaire, ou presque conique; que leur peau dure est hérissée d’épines ou de grands aiguiHons sur tout le corps ou sur une de ses parties, mais aussi quelquefois lisse; qué les nageoires ventrales manquent; que le nombre de celles qui existent est de cinq, savoir deux pectorales ou latérales, une sur le dos, l’anale et celle de la queue: que la bouche est petite et armée de longues dents; que les yeux sont couverts par une pellicule ; qu'il y a deux ouvertures des narines devant les yeux; qu'enfin les lèvres qui peuvent se retirer couvrent les dents en partie (2).
Suivant Brunnich , les coffres ont les ouïes incomplettes, c’est-à-dire, qui manquent
a
(1) Voyez la note de la page 17. (2) P. Artedi, Generel. pisc. gen. 50, os’racion.
B a
20 HISTOIRE
de membrane branchiale (1); les nageoires membraneuses, soulenues par des rayons osseux ; nulle rageoire au ventre; le corps cuirassé par un os entier (2).
Les coffres ne se trouvent point dans les mers d'Europe, ni dans les autres mers bo- réales; ils ne vivent que dans celles qui sont échaufflées par les feux de la zone torride ; ils ne s’écartent guère des côtes, et la mer en se relirant les laisse souvent dans des lieux où il ny a qu'une petite quantité d’eau , bientôt évaporée.
Ces poissons se nourrissent de crustacés et de petits coquillages qu'ils brisent aisé- ment avec leurs dents. Leur chair, peu abondante, est assez généralement blanche et succulente. Quand ils sont cuits, on les retire de leur enveloppe solide, comme un escargot de sa coque , ou une tortue de sa carapace.
(1) Voyez la note de la page 17. (2) Fandam. Zool. p. 150.
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ce
1.LE COFFRE LISSE.
2.LE COFFRE MAILIE.
DES OSTRACIONS. 21
D a ———_————————_——
LE, (COFFRE. LISSE: \:).
PREMIÈRE. ESPÈCE.
Voyez la figure planche XIT, figure 1.
D: tous les poissons du genre des coffres, celui-ci seul est entièrement privé des épines ou des aiguillons qui servent de défenses aux autres espèces; de là est venue l’épithète de lisse qu'on lui a donnée. Ce n’est pas qu'il ne soit pourvu, comme les autres es- pèces, d’une couverture solide; cette sorte
—
(1) Le coffre lisse. En allemand, glattes-dreiek , biegel- eisen. En hollandais, sérykyzer-visch, à cause de sa res: semblance avec un fer à repasser. En anglais, oldvife- fish. A a Jamaïque, érunck-fish. En suédois, trekautad- £urra. À la Martinique, couchon, cochon ou coffre.
Piscis triangularis ex toto cornibus carens. Wil- lughby , Hist: pise. append. p. 20, n° 6. — Ray, P45 ;:nf
Ostracion tuberculis exiguis , inermis , asper | acu- leis carens. Seb. Thes. tom: III, p. 63, tab. 24, fig. 6.
Ostracion trigonus , muticus... ostracion triqueter, Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 1. |
Ostracion polyodon, inermis ; triqueter. Mus. Ad, Fred. tom. T, p. 60. sa
Ostracion triangulus; tuberculis exiguis innumeris ,
B 5
32 HISTOIRE de tèt est même remarquable par ia régu- larité des pièces hexagones qui la composent, et dont le nulieu est relevé en bosse en forme de bouclier, du centre duquel partent des lignes de tubercules semblables à de pe- ttes perles qui s'étendent jusqu'aux côtés. et qui font paroître la crête du dos, non seulement festonnée, mais encore finement dentelée. La croûte ou l'enveloppe, si élé- gamment divisée en compartimens en rehef, se termine au dela de l’origine de la queue par une ouverture échancrée , d’où sortent environ les deux tiers de cette partie. L'on a encore appelé ce poisson iriangu- laire, à cause de sa conformation. Bloch ajonte que, si on coupe le coffre lisse en morceaux du haut en bas, chacun de ces morceaux représente un triangle dont les deux côlés sont égaux (1). Dans cette espèce les yeux sout silués un peu plus près du
acudeis earens. Ariedi , Gen. pisc. gen. 39, sp. 10, et
Synonym. p. 85, n° 14. Le coffre lisse. Bloch | Hist. nat. des poiss. gen. #0. C:ffre triangulaire sans épines. Daub. Encyci, mét. Le coffre triangulaire, Bon. pl. de l’Encycl. méth. L'ostracion triangulaire. Lacépède, Hist. nat. des
poissons, tom. T,in-4°, p. 444 (x) Hist. des poissons ; oo cifato.
DES OSTRACIONS. 23
bout du museau que du milieu du dos; l'endroit de la tête qui répond aux sourcils est saillant de part et d'autre; la prunelle est noire , l'iris blanc et entouré d’un cercle jaune. Les narines alongées se trouvent près des yeux. L'ouverture des ouïes, également alongées et étroites, paroissent devant les nageoires pectorales. La queue longue se termine par une nageoire arrondie et com- posée, suivant Eacépède, de dix rayons, de même que lanale et celle du dos; les nageoires pectorales en ont douze. Bloch compte dix-sept rayons à ces dermières, douze à la nageoire anale, onze à celle du dos, et quatorze à celle de la queue. Toutes les nageoires sont jaunes; un fond brun rougeâtre couvre tout le poisson; les bou- cliers sont étoilés de blanc sur leur milieu, et des taches rondes , blanches et cerclées de brun ornent la queue.
Le coffre ne parvient pas au delà d’un pied ou d'un pied et demi de longueur ; 1} fréquente les mers qui baignent les côtes des deux Indes. La délicatesse de sa chair le fait rechercher ; Browneassure qu’elle est d'un si bon goût qu'elle surpasse celle de tous-les autres poissons de l'Amérique, et qu'à la Jamaïque c’est un mets réservé paur
B 4
BA HISTOIRE
la table des riches (1). Lacépède fait à ce sujet les réflexions suivantes :
AA Quoiqu'il (le coffre lisse) ne paroisse se plaire que dans les contrées équatoriales , on pourroit chercher à l’acclimater dans des pays bien plus éloignés de la ligne, les diffé- rences de température que les eaux peuvent présenter à différens dégrés de latitude étant moins grandes que celles que lon observe dans l’atmosphère. D'un auire côté, on sait avec quelle facilité on peut habituer, à vivre au milieu de l’eau douce, les poissons que l’on n'avoil cependant jamais trouvés que dans les eaux salées. Le goût exquis et la nature irès-salubre de la chair du triangulaire (le lisse) devroient engager à: faire avec cons- tance des tentatives bien dirigées à ce sujet : on pourroit tendre à cette acclimalation, qui seroit utile à plus d’un égard, par des désrés bien ordonnés : on n’exposeroit que succes- sivement l'espèce à une température moins chaude ; on attendroit peut-être plusieurs générations de cet animal pour labandonner entièrement, sans secours étranger, au climat dans lequel on voudroit le naturaliser. On pourroit faire pour le triangulaire (le lisse)
(1) Hist. of Jamaïc.
DES OSTRACIONS. 25 ce que l’on fait pour plusieurs végétaux : on apporteroit des individus de cette espèce, et on les soigneroit pendant quelque tems dans de leau que l’on conserveroit à une tempé- rature presque semblable à celle des mers équatoriales auprès de leur surface; on di- minueroit la chaleur artificielle des petits bassins dans lesquels seroient les triangu- laires (les lisses), par dégrés presque insen- sibles, et par des variations extrêmement lentes. Dans les endroits de l'Europe, où d’autres parties du globe, éloignés des tro- piques et où coulent des eaux thermales, on pourroit du moins profiter de ces eaux, naturellement échauflées, pour donner aux triangulaires (aux lisses) la quantité de cha- leur qui leur seroit absolument nécessaire, ou les amener insensiblement à supporter la température ordinaire des eaux douces ou des eaux salées de ces divers pays. A A
26 HISTOIRE
Ds ed
LE COFFRE MAILLÉ.
L’OSTRACION MAILLÉ (1)(2},
PAR LACÉPÈDE.
SECONDE ESP ÉÊ CE.
C'ssr d’après un dessin trouvé dans des manuscrits de Plumier, que Île professeur Bloch a publié la description de ce poisson. Son enveloppe est triangulaire comme celle de l’ostracion que nous venons d'examiner, À l’aide d’une loupe, ou avec des yeux 1rès- bons et très-exercés, on dislingue des ran- gées de tubercules, placées sur des lignes blanches, formant des triangles de diffé- rentes grandeurs et de diverses formes, eë
(1) Ostrarion concatenatus, eoffre maillé, Block, pl. cxxxr.
Coffre mailié. Bonat. pl. de l'Encycl. méth.
(2) Le coffre maillé. En allemand, keftenfisck. Ostracion trianvularis mutieus, ficuris catenuia- æ&) ? oo "2 7 AMOR ostracion concatenatus, Arledi, Gon. pisc,
gen. 59, sp. 13, additament. SONNENLe
DES OSTRACIONS. 27
se réunissant de manière à représenter un réseau, ou un ouvrage à mailles. La mà- choire supérieure est plus avancée que lin- férieure (1). La tête est d’un gris cendré avec des raies violettes; les facettes latérales sont d’un violet grisâtre ; le dessous du corps est blanc; les nageoires sont un peu rouges (2) (3).
nel
(1) Chacune est garnie de cinq dents. Les ouver- tures des narines , placées près des yeux, sont simples et alongées. SONNINI.
(2) Il y a aux nageoires pectorales. . . 12 rayons. AbeNe Eole pe Sn A LE 00 celle dedans. dons. nine à © À celle de la queue, qui est arrondie. . 8
(5) La quene est brunâtre , la prunelle noire , avec une bordure jaune et Piris verd. La nageoire de la queue est arrondie à son extrémité.
On pêche le coffre maïllé près des côtes de l'Inde et de l'Amérique , dans les mêmes endroits que le coffre lisse.
Bloch et, sur son autorité, quelques ichihyolo- gistes ont rapporté au coffre maillé la troisième espèce de guamaiacu-ape, décrite par Marcgrave, et qui diffère néanmoins du maillé à plusieurs égards , ainsi qu’on [e verra dans l’articie suivant.
SONNINI.
28 HISTOIRE
LEP CA NT TUE AT
TROISIÈME ESPECE.
+
Mancoenavs a décrit un poisson du Brésil, auquel il applique la dénomination de guamaiacu-ape, qui paroît être dans cette partie de l'Amérique méridionale le nom générique de toutes les espèces de poissons coffres. Bloch (2), Walbaum dans Artedi(3), et l’abbé Ray (4) le rapportent au coîffre maillé (5). Il ressemble en effet à l'espèce précédente par plusieurs traits de confor- mation; mais il s’en éloigne par autant de traits de dissemblance. Il me paroît même que celle troisième espèce de guamaiacu-ape de Marcgrave est beaucoup plus rapprochée du coïfire lisse que du maillé, et je serois
(1) Guamaiacu-ape. Maregr. Hist. nat. bras. lib, 3, cap. 1,p. 142. Nota, que Lacépède ne fait aucune mention de ce coffre de Marcgrave.
(2) Hist. nat. des poissons, genre 70, article du coffre maillé.
(3) Arted. Gen. pisc. edit. Waïb. p. 477, add. n° 13.
(4) Zoologie universelle, p. 151.
(5) Voyez l’article précédent,
DES OSTRACIONS. 9
assez porté à le regarder comme de la même espèce; mais la comparaison la moins ap- profondie suffit pour ne pas le confondre avec le maillé.
L’'individu que Marcgrave a examiné avoit un pied de longueur et quatre doigts de hauteur ; sa cuirasse éloit divisée en pièces hexagones, fragiles sur le poisson frais, et qui devenoient des boucliers solides lorsque l'animal avoit été exposé au soleil, La bouche éloit étroite, et les mâchoires ‘avoient de petites dents oblongues et peu saillantes, cinq en bas et onze en haut. Les yeux étoient grands, ronds, et de couleur de terre d'ombre mêlée d'argent. La queue avoit deux doigts et denn de longueur et de largeur ; sa forme étoit à peu près carrée, mais ses côtés s’arrondissoient en arc. La couleur générale du poisson est un gris blanchâtre.
Ce guamaiacu a peu de chair; il est presque vuide, et il n’a guère de solide que l’épine du dos à laquelle les viscères tiennent par des membranes. Marcsrave a trouvé beaucoup de sable dans son estomac.
30 HAS TOTRE
+ en
LEUCOFRRE «POINT IL IE.
L’'OSTRACION POINTILLÉ (1); PAR .L'ACIÉ PÉDE.
QUATRIÈME ESPÈCE.
Lez voyageur Commerson a trouvé ce car- tilagineux dans les mers voisines de FIle de France. Il n’a vu de cette espèce que des individus d’un demi-pied de longueur. Ce poisson a une enveloppe osseuse, qua- drangulaire, c’est-à-dire, composée de quatre grandes faces, dont une placée sur le dos. Cette couverture solide présente un grand nombre de petits points un peu rayonnans, qui la font paroïître comme ciselée ; mais elle n’est pas garnie de tubercules qui en divisent la surface en compartimens poly- gones et plus où moins réguliers. J'ai tiré
(1) Ostracion tetragonus oblongus muticus, seutis testæ indistinctis, toto corpore maculis lenticularibus, sub ventre majoribus, guttato. Commerson, manus- crits déjà cités.
DES OSTRACIONS. 53:
le nom que j'ai donné à cet ostracion , de cette sorte de pointillage que présente sa croûle osseuse , ainsi que la disposition de ses couleurs. On voit en effet sur tout l’ani- mal, tant sur l'espèce de cuirasse qui le recouvre , que sur les parties de son corps que ce têt ne cache pas, une quantité innombrable de très - petites taches lenti- culaires et blanches, un peu moins petites sur le dos, un peu moins petites encore et réunies quelquefois plusieurs ensemble sur le ventre, et paroissant d'autant mieux qu’elles sont disséminées sur un fond brun.
Les deux mâchoires sont également avan- cées ; les dents sont souvent d'une couleur foncée , et ordinairement au nombre de dix à la mâchoire d'en haut et à celle d’en bas. D AE
Au dessous de chaque œil on voit une place assez large, aplalie, déprimée même, et ciselée d’une manière particulière.
La nageoire de la queue est arrondie (1).
(1) On compte aux nageoires pectorales 10 rayons, À la nageaire dorsale. . , , . . . . 9 À celle de l'anus, qui est un peu plus
étendue que celle du dos. . . . . . . A celle de la queue {914 0 (lan
32 HISTOIRE
ro
LE COFFRE TUBERCULÉ (1).
EL” OS EF R:A. C L:O N QUATRE-TUBERCULES (2), PAR LACÉPÉÈÉDE.
CINQUIÈËÈME ESPÈCE.
Cr ostracion est quadrangulaire comme le pointillé ; mais il est distingué de tous
le | ,
(1) Le coffre tuberculé. En anglais, the great square fish.
Piscis maximus quadrangularis id est, dorso plano. Ray, pag. 45.
Ostracion tetragonus,muticus , tuberculis dorsalibus quatuor. .... ostracior tuberculatus. Lan. Syst. nat. edit. 15, gen. 156 , sp. 7. SONNINI.
(2) Ostracion tuberculatus. Tin. edit. de Gmel.
Ostracion oblongo quadrangulus, tuberculis qua- tuor majoribus in dorso. Artedi , gen. 55 , syn. 63.
Coffre quadrangulaire & quatre tubercules. Bonat. pl. de l’Encycl. méth. — Daub. Encyc. méth.
Piscis maximus quadrangularis, quatuor tuber- culis in dorso, non longè à capite, insignitus. Wil- lughby, Ichihyol. append, p. 20.
es
DES OSTRACIONS. 53
les, cartilagineux , compris dans le premier sous - genre , par quatre gros tubercules placés sur le dos, disposés en carré, et assez éloignés de la tête. On le trouve dans
l’Inde (1).
(1) Cé poisson a la tête et la bouche petites; le museau obtus ; les yeux grands, à iris d’un verd blan- châtre , et prunelle ronde d’un verd noir; les ouver- tures des narines placées devant les yeux ; les dents srandes , à moitié cachécs par des lèvres mobiles ; les nageoires pectorales petites, l’anale oblongue, celle lu dos courte et eelle de la queue , grande.
SONNINI.
Poiss. Tome V. C
84 HISTOIRE
LE COFFRE'BELONIEN (1): SIXIÈME ESPÉCE.
Jr donne à ce coffre le nom d’un de nos plus anciens et de nos meilleurs obser- valeurs, parce que c’est dans ses ouvrages que l'on en irouve la première notice. Belon rapporte que , de son tems, des ba- teleurs faisoient voir un poisson queiquefois d’un pied de long , et dont la forme étoit à cinq angles; qu’on le vuidoit de ses parties intérieures, pour en garder la cuirasse dure comme un os, mais fragile ; que cette en- veloppe ne se corrompt point et que les cu- rieux l’achetoient (2). Plusieurs naturalistes
(1) Zolosteos , poisson du Nil. (Belon, Nature ct diversité des poissons, liv. 1, p. 297.)
Ostracion Nili,quem Belonius holosteum appellat. Gesner , de Aquat. p. 757. — Willughby , Hist. pisc. lib. 4, Cap. 2, p. 148.
Holosteum Belonii, sive ostracion Gesneri, Char- leton , pag. 154.
Ostracion. Artedi, var. a , sp. 6, syaonym. p. 84.
(2) Nat. des poiss, à l’endroit précédemment cité.
DES OSTRACIONS. 55
ont pensé avec Cesner (1), que l’animal dont parle Belon et qu'il appelle holosteos, c'est-à-dire, tout os , est une espèce de coffre; ce dont l’on ne peut douter en jetant un coup d'œil sur la figure que Belon a faite de la cuirasse de ce poisson. Artedi prétend y reconnoître une simple variété du coffre tuberculé (2); mais c’est une conjecture
sans fondement ; il n’est pas plus probable que ce soit un poisson du Nil, ainsi que Belon la avancé sur la foi des bateleurs ; en sorte que le coffre, dont parle ce natu- raliste, est encore à ajouter à la longue liste des êtres peu connus que l’histoire naturelle recommande à de nouvelles ob- ser vations,
_ (1) De Aquat,. /oco suprà citato.
(2) Synony mia nominum piscium , loco citato.
30 "EDIT STOAR E
ee 2 —— he
LE COFFRE.A,BEC. (1).
E,0:S TR. A. C:T O.,N MUSÉAU - ALONGÉ (), | Planvke XUH, fig. à. à PAR LACÉPBERDT SÉPTIÈME ESPÈCE.
Cær ostracion est remarquable par Ja forme de son museau avancé, pointu et prolongé, de manière que Pouverture de la bouche est placée au dessous de cette exten- sion. On trouve quatorze dents à la mà- choire supérieure , et douze à l’inférieure.
(1) Le coffre à bec. En allemand, rasenbein-fisch.
Piscis majusculus , quadrangularis , rostratus, Willughby, Ilist. nat. pisc. append. p. 20. — Ray, p: LAN à
Ostracion oblongo - quadrangulus, rostro acuto, maculis in dorso et capite. Arted. Gen. pisc. gen. 39, sp. 3; et Synonym. n° 7, p. 14. SONNINI.
(2) Artedi , gen. 56 ,m° 3.
Ostracion nasus, coffre à bee. Bloch, pl. cxxxvixr.
Coffre à bec. Bonat. pl. de lEncycl. méth.
«7 B.ARaCtIRe d.
\ LLE COFFRE A BEC. 92.LE TAUREAU DE MER.
qu
+
"
DES OSTRACIONS. _57 L'iris est d’un jaune verdâtre, et la pru- nelle noire. La croûte osseuse présente quatre faces; elle est toute couverte de pièces figurées en losange, et réunies de six en six , de manière à offrir l’image d’une sorte de fleur épanouie en roue et àsix feuilles ou pétales. Au milieu de chacune de ces espèces de fleurs paroissent quelques tuber- cules rouges. On voit d’ailleurs des taches rouges sur la tête et le corps, qui sont gris ; d’autres taches brunes répandues sur Ja tête et la queue, et les nageoires sont rougeñtres (1) (2).
(1) Aux nageoires pectorales. . . . . qrayons. À celle ag dos SH 8. UMTS g À cellesdé l'anus. sk, #éiieie 19 A celle de la queue, qui est arrondie. . 9
(2) Le coffre à bec atteint la longueur de deux pieds. Bloch dit que ce poisson se trouve dans la Méditerranée, à l'embouchure du Nil,et qu'ilremonte dans le Nil même. SONNINI.
38 HISTOTRE
LE Ci OE ER di A BEC. TRÈS-POINTU (à). HUITIÈME ESPÈCE
Lie museau de ce.coffre est plus prolongé que celui de lespèce précédente , et sa pointe avance en quelque sorte comme un poignard. Ïl n’y a point de tubercuies sur le dos du poisson.
C’est à cette notice beaucoup trop succinte que se réduisent les renseignemens que Lister nous a transmis au sujet de ce coffre (2), auquel j'ai donné le nom de coffre à bec trés-pointu, pour le rapprocher , et en même tems le distinguer du précédent. Cependant il pourroit bien se faire que ce fût la même espèce mal décrite , ainsi que Artedi le soupconne (5) De nouvelles recherches mettront fin à celte incertitude.
(:) Ostracion tertius rostratus. Lister, apud. Wil- laghby, Hist. pisc. lib. 4, cap. 6, n°5, p. 156. — Ray, p. 45. — Artedi, Gen. pisc. gen. 59, sp. 34. Synonym. p. 85 , n° 7, var. a.
(2) Willughby, loco suprà citato.
(3) Synonym. loco citato.
r
DES OSTRACIONS. 39
1 , EE
ÉD" C'OMRTPIRPE
A DEUX TUBERCULES.
LOS TT REA.CE CON DÉUX-FUBEROULES (G), PAR LACÉPÉDE.
NEUVIÈME. ESPÈCE.
L'rxvecorrr dure et solide qui revêt ce carliJagineux est à quatre faces. Elle est toute couverte de pelites plaques hexagones, marquées de points disposés en rayons, moins régulières sur la tête, moins distin- guées l’une de l’autre sur le dos, et cepen-
(1) Ostracion oblongus, quadrungularis (mutieus), tuberculo cartilagineo suprà et infrà os; scutis cor poris hexagonis punctato-radiatis; dorsalibus centro nisricantibus ; caudæ basi crocea. Commerson, ma- nuscrits déjà cités.
Ca
40 HISTOER E
dant aussi faciles à séparer que celles que Von voit sur les autres ostracions. Celles de ces plaques qui garnissent le dos sont noires dans leur centre. D'ailleurs la couleur géné- rale de la croûte osseuse est d’un rouge obscur. Toutes les nageoires sont brunes ; l'extrémité de la queue, l'iris, et les inter- valles des pièces situées auprès des opercules des branchies , sont d’un beau jaune, et le dessous du corps est d’un jaune sale et blan- châtre.
Le museau est comme tronqué; l’ouver- ture de la bouche petite ; les dents sont brunes , et au nombre de dix à chaque mâchoire ; mais ce qui distingue principa- lement l’ostracion que nous cherchons à faire connoître , c’est qu'il a deux tuber- cules cartilagineux et blanchâtres, l’un au devant de l’ouverture de la bouche , et l'autre au dessous. Ce dernier est le plus grand.
La langue est une sorte de cartilage in- forme, un peu arrondi et blanchâire.
L'ouverture des narines est élroite , et siluée au devant et très-près des yeux.
Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave des
DES. OSTRACIONS. 41 demi-cercles qui les soutiennent est finement dentelée (1).
Nous devons la connoissance de cette espèce à Commerson , qui l’a observée dans Ja mer voisine de l’île Pralin , où elle par- vient au moins à la longueur d’un pied.
(:) Aux nageoires pectorales. . . . . 10 rayons. À celle de dose 4 «je ce té ét ete %e 010 À rellede lPangs., 4 eut cts A celle de la queue, qui est arrondie. 10
42 HIS TIOTR E LE COFFRE TIGRE (1):
L’OSTRACION MOUCHETÉ (2), PAR LACÉPÉDE. D?E X:IÈ M ÉE: -E S PE CE:
Carr ostracion est peint de couleurs plus belles que celles qui ornent le deux.- tuber- cules, avec lequel il a cependant de très- grands rapports. Chacune des pièces hexa-
(1) Le coffre tigré. En allemand, slachelloses viereck, todtenruhe. En suédois, kub - kurra. En anglais, square-fish. En hollandais, coffervisch, gestreipte kistkenvisch, doodikist, teerlingse beenvisch. En arabe, abou senduk.
Ostracion quadrangulus , nigrescens , tuberculis minimis et maculis albis varius. Seb. Thes. vol. LT, p61., tab.%4, fig. b.
Ostracion polyodon , inermis...... ostracion tetra- gonus. Mus. Adolph. Fred. 1, p. 59.
Ostracion tetragonus, mutius , lateribus planius- CUS Se ete à ostracion cubicus. Lin. edit. Gmel. gen. 136, sp. Q.
Ostracion quadrangulus , maculis variis plurimis. Petiv. Gazoph. 1, tab. 1, fig. 2. SONNINI.
DES! OSTRACIOINS. 45. gones, que lon voit sur la croûte ‘osseuse , présente une tache blanche ou d’un bleu très-clair, entourée d’un cercle noir qui la rend plus éclatante, et lui donne l'apparence d'un iris avec sa prunelle. Les nageoires pectorales, du dos et de lanus sont jau- nâtres (3). Le dessous du:corps offre des taches blanches sur les petits boucliers de l'enveloppe solide , et jaunes ou blanchâtres sur les intervalles ; et enfin, la-portion de la queue qui déborde la couverture osseuse
(2) Ostracion cubicus. Lin. edit. de Gmel. — Mus. Ad. Fr. 1 ,p. 59. — It. Wgsoth, p. 138. Ostracion quadrangulus , maculis variis plurimis.
Artedi, gen. 56 ,.syu. 85 , n° 8.
Coffre quadrangulaire, sans épines. Daubenton, Encyclopédie méthodique. Coffre tigré. Bonat. pl. de l’Encycl. méth.
. Piscis mediocris quadrangularis, maculosus. Lister, ap. Willughby, p. 20. — Ray, p. 45. — Pet. Gaz.1, tab. 1, fig. 2. — Seb. Mus. 3, tab. 24, fig. 4 et 5.
Ostracion tetragonus oblongus, muticus, scutis. testæ hexagonis punctato-scabris , ocello nisro cæruleo in singulis. Commerson, manuscrits déjà cités,
Ostracion cuvicus, coffre tigré. Bloch, pl. cxxxvi1.
(5) Aux nageoires pectorales. + . ., 10 rayons.
A cellé du dos. 42 di so A 9
À celle de l'anus: à à 34147400
À celle de la queue , qui est arrondie. 10
4 HISTOIRE
est brune et parsemée de points noirs. Mais, ce qui différencie le plus le moucheté d'avec l'espèce précédente , c’est qu’il n’a pas de tubercule cartilagineux au dessus ni au dessous de la bouche. D'ailleurs il n’y a ordinairement , suivant Commerson, que huit dents à la mâchoire supérieure, et six à l’inférieure (1). Au reste, la sorte de coffre dans lequel la plus grande partie de l’animal est renfermée , est à quatre faces longitudi- nales , ou quadrangulaire.
Le moucheté vit dans les mers chaudes des Indes orientales, et particulièrement dans celles qui avoisinent l'Ile de France (2).
(1) Selon Bloch, la mâchoire supérieure est garnie de douze dents, et linférieure de dix. (Hist. des poissons , gen. 70 , article du coffre tigré.) Le même naturaliste ajoute que les lèvres du coffre tigré sont grosses , et les yeux alongés, avec une prunelle noire et un iris jaune; que les ouvertures des ouïes sont plus petites que dans les autres espèces du même genre; que la couleur des boucliers est plus foncée vers le dos que vers le ventre , et que les petites perles roudes dont ils sont couverts les rendent rudes au toucher.
Ce poisson parvient ordinairement à la longueur d’un pied; il compose sa subsistance de vers et d’in- sectes marins. SONNINI.
(2) Le coffre tigré vit aussi dans les eaux de la mer
DES: OSTRACIONS. 45 Sa chair est exquise. On le nourrit avec soin en plusieurs endroits ; on ly conserve dans des bassins ou dans des étangs ; et il y devient , selon Renard, si familier, qu'il accourt à la voix de ceux qui l’appellent , vient à la surface de l’eau , et prend sans crainte sa nourriture jusques dans la main qui la lui présente (1).
Rouge , selon Forskæœl; les pêcheurs arabes qui lui donnent le nom d’abou senduk , ont coutume de Pouvrir et d'en extraire la chair. (Fauna Ægypt, Arab. pag. 17, n° 48, ostracion cubicus. ) SONNINTI.
(1) Cette particularité, rapportée par Renard, ne paroît pas vraisemblable aux yeux,du docteur Bloch, ( Voyez son histoire du coffre tigré.) Sonnani.
46 HISTOFRE
LE: COFFRE: BOSSU : (a).
L' *OSTRACION BOSSU (),
PUR LACÉPÈDE.
GUN Z-LUÉLM RL E:SLP D. CE
Cr carlilagineux. quadrangulaire , ou dont la couverture solide présenie quatre faces
oi Le coffre bossu. En anglais, gtbbose ostracion.
Ostracion àlter. AYdrov. Fise, Hbs ous 19; p.561. — Jonston } Pisc. tab. 25, Pire |
Ostracion tetragonus , mulicus ; LED DOS Sr ee eee ostracion gibbosus. Lin. Re nat. ‘edit. LG gen. 136, Sp. ©.
Nota. Gmelin se demande si ce poisson ne seroit pas une simple variété du coffre lisse. Je ne le crois pas; cependant on ne peut rien dire de positif à cet égard , parce que le genre des coffres étant encore peu connu, l’on ne sait pas quelles sont les différences extérieures qui distinguent les mâles des femelles ; en sorte qu’il est très-probable que les espèces décrites sont trop multipliées; et que lorsque l’on aura obtenu les éclaircissemens qui manquent , l’on trouvera que le mâle et la femelle d’une même espèce ont été pré- sentés comme des espèces séparées. SONNINI.
DES OSTRACIONS. 47 longitudinales, a pour caractère distinctif une élévation en forme de bosse , qu'offre sur le dos la croûte osseuse. Cette élévation et la conformation de son enveloppe suf- fisent , étant réunies ; pour empêcher de confondre cet animal avec les autres ‘{ÿois£ sons inscrits dans le premier sous-genre des osiracions (5). On: pêche le bossu dans les mers Africamnes.
On trouve dans. Knorr (4) la figure et la description d’un cartilagineux que lon a pris pour un ostracion , auquel on à donné
(2) Ostracion sibbosus. Lin. edit. de Gmel.
Coffre bossui Daubent. Encycl. méth.— Bonater re! , planches de l’Encycl: méthod.
Ostracion oblongus , quadrangulus gibbosus. At gen. 55 , syn. 85.
Den alter. Aldrov. 1. #4 ,c. 19, p. 561. — Jonst 10, Deus
Ostracion- alter gibbosus. Aldrovand. Lister , ap. Willughby ,'p. 156.
Piscis quadrangularis gibbosus. Ibid. p. 20. — Ray , p. 44.
(5) Les nageoires pectorales sont larges et chlongues, celle du dos est courte et médiocrement large, l’anale est plus longue, et celle de la queue est grande ; toutes ont une teinte olivâtre, plus foncée sur la nageoire de la queue. SONNINI.
(4) Knorr, Del. nat, selectæ, p. 56, tab, H, 4, fig. 3.
48 HITS TOIRE
le nom d'ostracion porte - créte (1), et qui, n'ayant point de cornes ou grands piquans, devroit être compris dans le premier sous- genre de cette famille , comme le bossu , et les autres véritables ostracions dont nous venons de nous occuper. Mais, si l’on exa- mine avec attenlion cette description et cette figure, on verra que l'animal auquel elles se rapportent n’a aucun des véritables trails distinctifs des ostracions , mais qu'il a ceux des lophies, et particulièrement des lophies comprinées par les côtés. Au reste , il est figuré d’une manière trop inexacte et décrit d’une manière trop peu étendue, pour que l'on puisse facilement déterminer son espèce, qui est d’ailleurs d'autant plus difficile à reconnoître ; que le dessin et la description paroissent avoir été faits sur un individu altéré,
| | (1) Planches de l'Encyclopédie méthodique.
LE
DES OSTRACIONS. 49
COFFRE A TROIS AIGUILLONS (1), LE COFFRE À PERLES (2), LE COFFRE DEUX-PIQUANS (5).
L’'OSTRACION TROIS-AIGUILLONS (4), L’OSTRACION TRIGONE (5), ET L'OSTRACION DEUX-AIGUILLONS (6), PAR LACÉPÉDE. 12° ,,19° ET 14 ESPÈCES. Nous placons dans le même article ce que nous avons dit de ces trois espèces, parce
qu’elles ne présentent que peu de différences a indiquer.
(1) Ostracion trigonus , spinis frontalibus duabus , dorsali unicä..... ostracion tricornis. Lan. Syst, nat, edit. Gmel. gen. 136, sp. 27. SONNINI:
Poiss. Tome V. D
bo HISTOIRE Le trois-aiguillons , inscrit dans le second sous-genre , monire auprès des yeux deux
(2) Le coffre à perles. En allemand, dreieck , ge- perltes dreieck. En anglais, triangular-fish. Au Brésil, guamacaju-ape par les naturels, et capines par les portugais. En France, coffre à perles , coffre , bourse, cochon de mer.
Ostracion spinis subcaudalibus duabus, pinné dor- sali radiis quatuordecim..... ostracion trigonus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 136 , sp. 2. — Ostracion polyodon tetragonus , abdomine ponè bicorni. Iter Scan. p. 160. SONNINI.
(5) Le coffre à deux piquans. En allemand, pfloct- schwanz et zweistachelichtes dreieck.
Ostracion trigonus , spinis subcaudalibus duabus, pinné dorsali radiis decem..... ostracion bicaudalis. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 3.
SONNINI.
(4) Ostracion tricornis. Lin. édit. de Gmel. ( Les passages de divers auteurs, rapportés au trois- aiguillons par Gmelin, ont trait à d’autres ostra- cions ; et ce qu'ont dit Daubenton et Bonaterre, dans l'Encyclopédie méthodique du coffre triangu- laire à trois épines, doit être appliqué à l’ostracion lister.)
(5) Oxstracion trigonus, Lin. édit. de Gmel. — It. Scan. 160.
Ostracion triangulus , limbis figurarum hexagona- rum eminentibus, aculeis duobus in imo ventre. Artcd.
gen. 56, syn. 85. — Jbid. n° 12.
DES OSTRACIONS 5%
Jongues prolongations de sa croûte osseuse, faconnées en pointes el dirigées en avant, 11 à d’ailleurs un troisième aiguillon sur la partie supérieure du corps. Al vit dans les mers de l'Inde , ainsi que le trigone et le deux-aiguilions.
Ces deux derniers ostracions ont beau- coup de traits de ressemblance l’un avec l'autre. Placés Lous les deux dans le troi- sième sous-genre, 1is n'ont point de piquans sur la tête; mais leur enveloppe solide , triangulaire , ou composée de trois faces
Ostracion trigonus , coffre à perles. ( Bloch, pl. cxxxv.)
Piscis triangularis Clusit, cornibus carens, Wil= Jughby , p. 156. — Ray, p. 44.
Coffre triangulaire tuberculé à deux épines. Daub. Encycl. méth. — Bonaterre , pl. de l’Eucycl. méth.
(6) Ostracion bicaudalis, Lin. édit de Gmel.
Ostracion triangulatus, tuberculis hexagonis radia- tis, aculeis duobus in imo ventre. Art. gen. 57, syn. 65, — Seb. Mus. 5 , tab. 24, fig. 5.
Piscis triangularis parvus, non nisi imo ventre cor- nutus. Lister , App. Willughby, p. 20. — Ray, p. 45.
Coffre triangulaire chagriné à deux épines. Daub. Encycl. méth. — Bonaterre, pl. de l’Encyel. méth.
Ostracion bicaudalis, coffre deux-piquans. ( Bloch, pl. cxxx11.)
D 2
55 a EDS 'F'OUSR E longitudinales comme celle du trois-aiguii- lons, se termine, du côté de la queue, et à chacun des deux angles qu’y présente Îa face inférieure, par un long aiguillon ES en arrière.
Au premier coup d'œil on est embarrassé pour distinguer le trigone du deux-aiguil- lons; voici cependant les différences princi- pales qui les séparent. Les boucliers ou pièces hexagones du premier de ces deux poissons sont plus bombés que ceux du second ; d'ailleurs ils sont relevés par des tubercules plus saillans, que l’on a comparés à des perles; de plus, les deux piquans qui s'étendent sous la aucue sont cannelés lon- gitudinalement dans le trigone , au lieu qu'ils sont presque lisses dans le deux- aiguilions ; et enfin la nageoire dorsale com- prend ordinairement quatorze rayons sur le trigone (1), tandis que sur le deux-aiguillons elle n’en renferme que dix (2).
(1) Aux nageoires pectorales . . . . . 12 rayons. PACE ML Us s où he and ne email AU ASGENRE dE l'anus te LARMES UE aSUre A celie de la queue, qui est arrondie. 7
(2) Aux nageoires pectoralés « . . . . 12 rayons. A'CELLE Qu 408 SSL PRET INR RE OT A'wèlle de l'anus. 770 5 EPL
À celle de la queue, qui est arrondie. 10
DES OSTRACIONS. 55 Lorsqu'on veut saisir le trigone, il fait entendre, comme le baliste vieille, et vrai- semblablement comme d’autres ostracions ; une sorte de petit bruit produit par Pair, ou par les gaz aériformes qui s’échappent avec vitesse de l’intérieur de son corps qu'il comprime. On a donné le nom de grogne- ment à ce bruissement qu'il fait naître; et voilà pourquoi ce cartilagineux a eté nommé cochon de mer, de mème que plusieurs aulres poissons. Au reste, sa chair est dure, et peu agréable au goût (1).
(1) Ce poisson vit dans les mers de l'Amérique méridionale ; Marcgrave l’a vu au Brésil, et plusieurs voyageurs l’ont observé aux Antilies. On le pêche au
à
filet ; 11 mord aussi à l’hamegçon, mais si on ne l’en- jus pas sur le champ, il brise l’hamecçon avec ses dents. Les boucliers de substance osseuse et dure dout il est revêtu ne l’empêchent pas de devenir la proie des poissons voraces; Marcorave a tr ouvé un coffre à perles dans l'estomac d’une perche tachetée.
C’est dans l’océan Indien qu’existe le coffre à deux
piquans. SONNINI. >
D 5
64 HISTOIRE
COFFRE A QUATRE-PIQUANS (1), LBLCOFERE LISTER.
L’'OSTRACION QUATRE-AIGUILLONS (2), Er L'OSTRACION LISTER (5), PAR, LACÉPÉDE.
QUINZIÈME ET SEIZIÈME ESPÈCES.
Czs deux cartilagineux sont compris dans le quatrième sous-genre de leur famille. Ils
Qi) Le coffre à quatre-piquans. En allemand, triangel, see-guckouck , et vierstachelichtes dreieck. En hollan- dais, £ockkock , zeekalzge, vierhovrnige , beenvisch. En anglais, old husband-fish , toadfish , mikoldfisk, horned conux-fish. Au Brésil, gaamäcaju-ape. À la Jamaïque , ttaoca.
Ostracion anterius quadrangsulus , sed dorso acuto ,
gibboso ; aculeis duobus in capite et totidem in ventre.
Scb. Thes. tom. HT, p.61, tab. 24, fig. 9.
Ostracion trigonus , spinis frontalibus subcaudali- busque duabus.... ostracion quadricornis. Lin. Syst. nat. edit. 13 , gen. 136, sp. 5. SONNINI.
DES OSTRACIONS. 55
ont tous les deux l'enveloppe triangulaire ; tous les deux ont quatre piquans, deux auprès des yeux, et deux au dessons de la queue, aux deux angles qui y terminent la face inférieure de la croûte osseuse : mais ils diffèrent l’un de l’autre par la conforma- tion de la queue , qui, dans le lister, pré- sente un piquant dur, pointu, et aussi long que la nageoiïre de l'anus, tandis que celte partie du corps n’en montre aucun dans le
(2) Ostracion quadricornis. Lin. édit. de Gmel.
Ostracion triangulatus , aculeis duobus in fronte , eë totidem in imo ventre. Artedi, gen. 56, syn. 85.
Coffre triangulaire à quatre épines. Daub. Encyel. méthod. — Bonaterre, pl. de l’'Encycel. méthod.
Piscis triangularis Clusii cornutus. Ray, Pisc. p. A4:
Ostracion quadricornis , coffre quatre - piquans. (Bloch, pl. cxxxiv.)
(5) Lister, Ap. Willaghby, Ichthyol. p. 19.
Ostracion triangulatus, aculeis duobus in capite, et unico longiore supernè ad caudam. Art. gen. 56, syn. 85.
Coffre triangulaire à trois épines. Daub. Enc. méth. — Bonaterre, pl. de l’Encycl. méithod.
(Artedi, Daubenton et Bonaterre n’ont pas vu les deux aiguillons situés à l’extrémité de la face infé- rieure du têt, et au dessous de la queue; et voilà pourquoi les deux derniers de ces trois naturalistes et le professeur Gmelin ont confondu l’ostracion que nous nommons ser avec le trois-aiguillons. )
D 4
56 HISTOIRE
quatre -aiguillons (1). Cette pointe longuë et dure est placée sur la portion de la queue du lister qui est hors de l'enveloppe, et elle y est plus rapprochée de la nageoire caudale que de lextrémité de la croûte solide. La nageoire dorsale du lister est plus près de la tête que celle de lanus. On ne voit pas sur la queue de ce cartilagineux d’écailles sensibles pendant la vie de l'animal; le dos et les côtés de sa tête présentent de grandes taches ondées ; et nous avons donné à ce ‘poisson le nom sous lequel il est inscrit dans cel ouvrage, parce que c’est au savant Lister que l’on en doit la connoissance. [/on ne sait dans quelles mers vit cet ostracion ; le quatre-aiguillons se trouve dans celles des Indes et près des côtes de Guinée (2).
(1) 1 y a aux nageoires pectorales du trois-aiguil-
lonssndiens Sodoxd pidieniess Leu ds At IMEGrayOns. Aa nageoire dorsale. . ,.:., 4, 4:47 .10 A'ecllé dédantisesns à à et sf dé te nLT0 Aicelle de Ja gueue.. Jus vel. 4 Lens D
(2) Il se trouve aussi aux îles Antilles et au Brésil, Marcgrave dit que ce poisson n’a que peu de chair ,et que l’on n’en fait pas grand cas. SONNINI.
DES OSTRACIONS 57
LE "COFFRE TAUREAU DE MER (), LE COFFRE CHAMEAU (2),
L’OSTRACION QUADRANGULAIRE (G),
Planche XIII, figure 2.
er L’OSTRACION DROMADAIRE (4), PAR LACÉPEDE.
DIX-SEPT. ET DIX-HUITIÈME ESPÉCES.
Css deux ostracions ont le corps recouvert d’une enveloppe à quatre faces longitudi- nales : mais ces quatre côtés sont bien plus réguliers dans le premier de ces poissons que dans le second. Le quadrangulare a
(1) Le coffre taureau de mer. En allemand, seekalz- chen, see-stier. En hollandais, £offervisch , zeekatje, Par les hollandais qui habitent les Indes, gedoornde doosktensisch , groote dooskenvisch. En suédois, Lorn-
58 HISTOIRE
d’ailleurs, comme le quatre - aiguillons et |
Æurra. Aux Indes, bakatoche capitano , ikan setang, ican toe tombo , tandoe kœning.
Ostracion quadranoularis , aculeis duobus in fronte et totidem in imo ventre. Gronov. Mus. 1, n° 18.
Ostracion tetragonus , spinis frontalibus subcauda- libusque duabus...... ostracion cornutus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 6. — Artedi , Gen. pisc. gen. 39, sp. 12. additament. SONNINI.
(2) Le coffre chameau , ou le coffre chameau marin. En allemand , éhurnitrager, viereckigter , gehornter kropfisch. En hollandais, strykyser ko )ffervisch, zeekatze. En arabe, djemel , c’est-à-dire , chameau. En japonais, ican toe tombo.
Ostracion subtetragonus , superciliis dorsoque spinis soditariis, abdomine utrinque quatuor.... ostracion turritus. Forskœl, Faun. Ægypt. Arab. p.71,n° 113. — Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 10. — Artedi, Gen. pisce. gen. 59 , sp. 11. additam.
S ONNINI
(5) Ostracion cornutus. Lin. édit. de Gmel. — Mus. Ad. Fr. 1, p.59. — Gronov. Mus. 1 , n° 118.— Wil- Jughby , Ichthyol. tab. x , 15, fig. 1.
Piscis cornutus. Bont. Jav. 70. — Edw. Glan. pl. cezxxxiv, fig. 1.— Seb. Mus.3, tab. 24, is. 8 et 15.
Coffre quadrangulaire à quatre épines. Daubenton, Encycl. méth. — Bonaterre, pl. de lEncycl. mêth.
Ostracion cornutus , coffre taureau de mer. ( Bloch,
DhÉRErRIII.
olosteus cornutus. Vlumier , dessins sur vélin déjà cités.
DES OSTRACIONS. bà
comme le lisler, quatre pointes ou espèces de cornes fortes et longues : deux situées au dessous de Ja queue, dirigées en arrière, et attachées aux deux angles de la croûte osseuse ; ei les deux autres placées auprès des yeux, tournées en avant, et assez sem- blables en petit aux armes menaçantes d’un taureau, pour avoir fait donner au quadran- gulaire le nom de taureau marin (5). Ii
RS
(4) Ostracion turritus. Lin. édit. de Gmel. — Forsk. Faun. arabic. p.75 , n° 113.
Ostracion turritus , coffre chameau marin. (Bloch, pl. cxxxvr.)
Tkan toe tombo ekor tiga. Vaïlentyn, Ind. 5, p. 306, n° 150:
Coffre chameau marin. Bonaterre , pl. de l'Encyc. mélhod. — Knorr, Délices de la nature, pl. H,7, fig. 1 et 2.
(5) La tête du taureau marin est conrte et tron- quée ; ses yeux grands ont la prunelle noire , et liris d’un jaune verdâtre. Bloch a compté dix dents à la mâchoire supérieure , et huit à l’inférieure. Tout le poisson est d’un brun jaunâtre ; les nageoires sont jau- nâtres , excepté celle de la queue dont la teinte est brune , et qui a une large bordure de brun plus foncé. La grandeur de ce coffre n’excède guère huit à dix pouces.
SONNINI1:
60 “HAS TOIRE
habite les mers de l'Inde, et sa chair est dure (1) (2).
Le dromadaire se trouve également dans les mers des Indes orientales, mais il a élé aussi observé dans la mer Rouge (3). Au milieu de la face supérieure de sa couver- ture solide s'élève une bosse très - grosse, quelquefois en forme de cône, d’autres fois un peu semblable à une pyramide triangu-
(1) Aux nageoires pectorales du quadran-
BUIATPES es ame ie ot & pit de :MTOMTAYONS: Hate ner last ot AA het. 9 A’cellede l'anus. "es." ,5,4 0 (19 A celle de la queue , qui est arrondie# 10 (2) C’est principalement sur les côtes de la Chine
et des iies Moluques que cette espèce est commune :
quoique sa cuirasse solide et ses coïnes menaçÇantes paroissent la mettre à l’abri de la voracité desanimaux marins , clle devient néanmoins la proie de quelques- uns , et particulièrement du loup marin (anarichas
Lin.) qui ne craint pas de Paltaquer.
A la Chine il n’y a que les pauvres qui s’accom- modent de la chair coriace da taureau marin. Selon Renard , son foie est si gras, qu’il se résout presque entièrement en huile. C’est Bontius qui a donné le premier dessin , mais incorrect , de ce poisson.
SONNINI:.
(5) IL est irès-commun aux îles Moluques.
SOKXNINI
DES OSTRACIONS. Ga
laire, le plus souvent très- large dans sa base, et toujours terminée par un gros ai- guillon recourbé, cannelé, et un peu dirigé vers l'arrière. Un aiguillon plus petit, mais figuré de même, est placé verticalement au dessus de chaque œil, et d’autres piquans cannelés, aussi très-forts et recourbés, gar- nissent les deux côtés de la face inférieure du coffre. Ces pointes inférieures et latérales Varient en nombre suivant l’âge de l’animal, et depuis trois jusqu’à cinq de chaque côté. Les tubercules semés sur la croûte osseuse y forment des figures triangulaires , les- quelles, réunies, donnent naissance à des hexagones, comme sur presque tous les os- tracions, et ces hexagones sont séparés par es intervalles un peu transparens (1) (2). Le coffre est d’un cendré jaunâtre, les
(1) Aux nageoires pectorales du dro-
AAA NE dt an KO FAVONS Acelléldn dos. Sale Le en nc) À, celle deil'anus.:s |. sd me 4 à Q A celle de la queue , qui est arrondie . 10
(2) De sorte que le poisson paroît être enveloppé d'un filet. R
La tète est grosse et tronquée ; la bouche un peu avancée ; l'ouverture des ouies large , et leur mem- brane garnie d’un rayon seulement, SoNnint.
62 HISTOIRE
autres parties de l’animal sont brunes, et Yon voit, sur plusieurs endroits du corps et de la queue, des’ taches brunes et rondes (1).
Ceile espèce a été nommée chameau marin ; Mais nous avons préferé à ce nom celui de dromadaire, l'animal n'ayant qu'une bosse sur le dos (2). Au reste, eile parvient à la longueur d’un pied et demi, et sa chair est coriace et désagréable au goût (5).
Voilà donc la chair du dromadaire, du quadrangulaire, du quatre - aiguillons, du trigone , qui est dure et dénuée de saveur agréable. Il paroît que tous où du moins presque tous les ostracions armés de pointes
(1) Les yeux ont la prunelle noire et l’iris doré.
11 y a douze dents à la mâchoire supérieure, et huit à l’inférieure. SONNINI.
(2) Cette distinction nominale entre le chameau et le dromadaire, fixée anciennement par Aristole, par Pline , etc. et que Buffon a très - judicieusement réla- blie, n'existe que dans les livres. Les arabes appliquent le nom générique de chameau ( djemel) à l'espèce qui n’a qu’une bosse sur le dos. SONNINI.
(5) Son foie est très - gras et fournit beaucoup d’huile. Les européens établis aux Indes dédaignent de se nourrir de ce poisson, maïs on dit que les natu- rels de ces contrées ont une manière de le préparer qui lui donne un bon goût. SONNINI:
ns rh AT
DES OSTRACIONS. 63
l'ont coriace, tandis qu’elle est tendre et savoureuse dans tous les poissons de cette famille qui ne présentent aucun piquant. La différence dans la bonté de la chair est souvent un signe de la diversité de sexe. La présence de piquans, ou d’autres armes. plus ou moins puissantes, peut aussi être la marque de cette même diversité. L'on n'a point encore d'observations exactes sur les variétés de formes qui peuvent être attachées à l’un ou à l’autre des deux sexes dans le genre dont nous nous occupons : peut-être , lorsque les ostracions seront mieux connus, trouvera-t-on que ceux de ces cartilagineux qui présentent des piquans sont les mâies de ceux qui n’en présentent pas ; peut-être, par exemple, regardera-t-on le dromadaire comme le mâle du bossu, le quadrangulaire comme celui du moucheté, le quatre-aiguillons, dont la croûte n’a que trois faces longitudinales, comme le mâle du triangulaire : mais, dans l’état actuel de nos connoissances, nous ne pouvons que décrire comme des espèces diverses, des ostracions aussi différens les uns des autres par leur conformation, que ceux que nous venons de considérer comme appartenans, en effet, à des espèces distinctes.
à
64 MES TOTRE
ON: L'ETÉ M ECC UNN RE:
PAR LACÉPÉDE.
LES TÉTRODONS.
Lrs mâchoires osseuses, avancées, et di- visées chacune en deux dents.
PREMIER SOUS-GENRE.
Les deux mächoires inégalement avan- cées ; le corps non comprimé.
PREMIÈRE ESPÈCE.
LE TÉTRODON PERROQUET. — La mû- choire supérieure plus avancée que linfé- rieure ; de trés-petits piquans sur le ventre.
SECONDE ESPÈCE,
LE TÉTRODON ÉTOILÉ. — La mâchoire supérieure plus avancée que liuférieure ; de petits piquans sur tout le corps; la base des piquans répandus sur les côtés et sur le ventre, étoilée à cinq ou six rayons,
T:RLO:ÉS LÉ ME E SPE CE
LE TÉTRODON POINTILLÉ.— La mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure; de
petits
DES TETRODONS. 65
petits piquans sur tout le corps ; la base des piquans répandus sur les côtés et sur le ventre, éloilée à cinq ou six rayons; des taches noires sur le ventre; la nageoire dorsale presque linéaire, et sans rayons distincts.
QUABRIÉM'E ESPÈCE.
LE TÉTRODON SANS-TACHE. — La mâ- choire supérieure plus avancée que linfé- rieure; de petits piquans sur tout le corps, dont toutes les parties sont sans tache; les yeux petits et très- rapprochés du bout du museau.
CINQUIÉME ESPÈCE.
LE TÉTRODON HÉRISSÉ. — La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure; tout le corps hérissé de très-petits piquans.
SEX LÉ MIE (E 8 PE CE
LE TÉTRODON MOUCHETÉ.—- La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; tout le corps hérissé de très-petits piquans; des taches noires sur le dos, sur la queue, et sur la nageoire caudale; les nageoires pectorales arrondies.
Si LP ŒUIÉ ME, .E:S\R EE NE LE TÉTRODON HONCEÉNIEN, = La mâ-
Poiss, Tomux V. En
66 HIS T'OMR E
choire inférieure plus avancée que la su- périeure; des aiguillons sur le ventre; la ligne latérale très-marquée.
SECOND SOUS-GENRE.
Les deux mächoires également avancées; le corps non comprimé.
H (U.I TIME. ES PE CE. LE TÉTRODON LAGOCÉPHAIE.— Le ventre garni d'aiguillons à trois racines. NEUVIÈME ESPÈCE. LE vÉrRoDON RAYÉ. — Des raies longi- tudinales ; un tubercule surmonté de deux filamens, au devant de chaque oeil.
DIXIÈME ESPÉCE.
LE TÉTRODON CROISSANT. — Une bande en croissant sur le dos.
à
ONZIÈME ESPÈCE.
LE TÉTRODON MAL-ARMÉ.— Des piquans répandus presque uniquement sur la partie antérieure du ventre; deux lignes latérales de chaque côté.
DOUZIÈME ESPÈCE.
LE TÉTRODON SPENGLERIEN.— Des bar-
billons et des piquans sur le corps.
DES TETRODONS. 67 TREIZIÈME ESPÈCE.
LE TÉTRODON ALONGÉ.— Le corps très- alongé ; deux lignes latérales très-marquées, de chaque côté ; une pointe à l’opercule des branchies.
QUATORZIÈME ESPÈCE.
LE TÉTRODON MUSEAU ALONGÉ. — Les machoires très-avancées.
QUINZIÈME ESPÈCE.
LE TÉTRODON PLUMIER. — Une éléva- tion pyramidale , à quatre faces, jaune, et recourbée en arrière, à la place d’une pre- miere nageoire dorsale.
SEIZIÈME ESPÈCE.
LE TÉTRODON MÉLÉAGRIS. — La tête, toutes les parties du corps, la queue, et les nageoires, brunes et parsemées de petites taches lenticulaires et blanches.
DIX-SEPTIÈME ESPÈCE.
LE TÉTRODON ÉLECTRIQUE. — Un grand nombre de taches rouges, vertes, blanches, et quelquefois d’autres couieurs.
DIX-HUITIÈME ESPÈCE. LE TÉTRODON GROSSE -TÈTE. — La tête tres-srosse.
E 2
68 THE S TOUR E
TROISIEME SOUS-GENRE.
Le corps très-comprimé par les côtés.
DIX-NEUVIÈME ESPÈCE. | LE TÉTRODON LUNE.— Point d’aiguillons ; les nageoires du dos, de la queue, et de l’'aaus, réunies.
2 de
CC >. OR
De ‘eve ; 1.TETRODON PERRO QUET :
O.TÉTRODON HFRISSE.
LE TETRODON PER: OO: OC ET ::.(m) : (2), PAR LACÉPÈDE. PREMIÈRE ES PÉ.C Fr.
Pass Le Lies, pl. XIV HE. 2:
Les poissons carlilasineux que nous allons examiner ont reçu le nom de {étrodon, qui signifie guatre dents, à cause de la ont mation particulière de leurs mâchoires. Elles
De
(1) Tetrodon testudineus. Lin. édit. de Gmel. — Amænit academ. 1 , p. 309, tab. 14, fig. 3.
+ Ostracion oblongus glaber , cupite longo, corpêre figuris variis ornato. Artedi , gen. 60 , syn.86 , n° 23.
l'etrodon testudineus , tête de tortue, ( Bloch, pl. CXXXIX.
Orbis oblongus testudinis capite. Clusii Exot.l.6, c. 26. — Willughby, p. 147. — Ray , p. 43.
Quatre-dents perroquet. Daubenton, Encycl. méth. — Bonaterre, pl de l’Encyel. méthod.
(2) Le tétrodon perroquet, ou tête de tortue. En alle- mand , schildkrotenfisch. in anglais, krotenfish- et toad-fish. En hollandais, bont-visch.
Osiracion oblongus , glaber , corpore fignris variis
70 HISTOIRE
sont en effet larges, dures, osseuses, sail- lantes, quelquefois arrondies sur le devant, et séparées chacune , dans celte partie anté- rieure, par une fente verticale, en deux portions auxquelles le nom de dents a été donné. Ces quatre dents, ou ces quatre por- tions de mâchoires osseuses, qui débordent les lèvres, sont ordinairement dentelées, et ont beaucoup de rapports avec les mâchoires dures et dentelées des tortues. Dans les es- pèces où leur partie antérieure se prolonge un peu en pointe, ces portions de mâchoires ressemblent un peu aux mandibules du bec d’un perroquet; et de là vient le nom que nous avons conservé au tétrodon que nous allons décrire dans cet article.
Ces mâchoires, placées hors des lèvres, fortes et crénelées, sont très-propres à écraser les crusiacés et les coquillages, dont les tétrodons se nourrissent souvent. Ces pois- sons ont, par la nature de cet appétit pour les animaux revêtus d’un têt ou d’une
ornato. Lin. Amænit. acad. tom. I, pag. 309, tab. 14, fig: 3.
Tetrodon abdomine plano læviore, dorso suturis curvis albis picto. .... tetrodon testudineus. Lin, Syst. nai. edit. 15 , gen. 137, sp. 2. SONNINI.
DES TETRODONS. Ti coquille, un rapport d'habitude avec les os- tracions, auxquels ils ressemblent aussi par des traits de leur conformation. Comme les ostracions , 1is ont une membrane branchiale et un opercule : la membrane est commu- nément dénuée de rayons; et l’opercule, plus ou moins difficile à distinguer, sur-tout dans les individus desséchés ou allérés d’une autre manière, consiste ordinaireinent dans une petite plaque cartilagineuse. Ils n’ont pas recu de la puissance créatrice cette en- veloppe solide dans laquelle la plus grande partie du corps des ostracions est garantie de la dent de plusieurs poissons assez forts et assez bien armés; la Nature ne leur a pas donné les boucliers larges et épais qu’elle a disposés sur le dos des acipensères; elle ne les a pas revêtus de la peau épaisse des balisies : mais une partie plus ou moins grande de leur surface est hérissée, dans presque toutes les espèces de cette famille, de petits piquans dont le nombre compense la brièveté. Ces pointes blessent assez la main qui veut retenir le poisson, ou l'animal qui veut le saisir, pour contraindre souvent à lâcher prise et à cesser de poursuivre le tétrodon ; el il est à remarquer que la seule espèce de'ce genre que lon ait vue abso-
E 4
72 HAS TOMR:E lument sans aiguilions, a été douée, pour se défendre, de la force et de la grandeur. Mais, indépendaminent de ces armes, au moins très -mulüpliées, si elles sont peu visibles , les tétrodons jouissent d’une faculté qui leur est ulile dans beaucoup de circons- tances, et qu'ils possèdent à un plus haut digré que presque tous les poissons connus. Nous avons vu les balistes, et d’autres cartilagineux, gonfler une partie de leur corps à volonté et d’une manière plus ou moins sensible. Les tétrodons enflent ainsi leur partie inférieure ; mais ils peuvent donner à celte parlie une extension si con- sidérable, qu'elle devient comme une grosse boule soufflée, dans {a portion supérieure de laquelle disparoît, pour ainsi dire, quel- quelois, le corps proprement dit, quelque cylindrique où quelque conique que soit sa forme. Îis usent de cette faculté, et s’ar- rondissent plus où moins, suivant les diffé- rens besoms qu'ils veulent satisfaire; et de es gonflemess plus ou moins considérables, sont venues les erreurs de plusieurs obser- vaieurs qui oni rapporté à différentes espèces des individus de la même, enflés et étendus à des dégrés inégaux. Mais quelle est précisément Ja partie de
DES TETRODONS. 73 leur corps dont les tétrodons peuvent aug- menter le volume, en y introduisant ou de l'air atmosphérique, ou un gaz, ou un fluide quelconque ? C’est une sorte de sac formé par une membrane située entre les intestins et le péritoine qui les couvre; et cette pelli- cule très-souple est la membrane interne de ce même péritoine. Au reste, un habile ichthyologiste (1) s’est assuré de la commu- nicaiion de l’intérieur de ce sac avec la cavité qui contient les branchies; il l’a en eflet gonflé, en soufflant par l'ouverture branchiale : et ce fait ne pourroit-il pas être regardé comme une espèce de confir- mation des idées que nous avons exposées (2) sur l'usage et les effets des branchies des poissons ? Mais, quoi qu'il en soit, les par- lies voisines de cette poche partagent sa souplesse, se prêtent à son gonflement, s’é- tendent elles-mêmes. La peau de l'animal, ordinairement assez mince et plissée, pou- vant recevoir aussi un grand développement, toute la portion inférieure du corps du té- trodon, et même ses côtés, s’enfient et se dilatent au point de représenter un globe
(1) Le docteur Bloch, de Berlin. (2) Voyez le Discours sur la nature des poissons,
F4. TS TOIRE plus où moins parfait, et si grand à pro- portion du volume du poisson, que l’on eroi- raif, en le voyant nager dans cet état, n'avoir sous les yeux qu’un ballon flottant entre deux eaux, ou sur la surface des mers.
C’est principalement lorsque les tétrodons veulent s'élever, qu'ils gonflent ainsi leur corps, le remplissent d’un fluide moins pesant que l’eau, et augmentent leur légè- reté spécifique. Ils compriment au con- traire le sac de leur poitrine, lorsqu'ils veulent descendre avec plus de facilité dans les profondeurs de l'Océan; et la partie in- férieure de leur corps est pour ces cartila- gineux une seconde vessie naltatoire , plus puissante même peut-être que leur véri- table vessie aérienne , quoique cette der- niére soit assez étendue, relativement à la grandeur de lanimal.
Les tétrodons s’enflent aussi et s’arron- dissent, lorsqu'ils veulent résister à une atiaque ; et ils se boursouflent ainsi non seulement pour opposer à leurs ennemis un volume plus grand et plus embarrassant, mais encore parce que, dans cet état de tension des légumens, les petits aiguillons qui garnissent la peau sont aussi saiilans et aussi dressés qu’ils peuvent l'être.
DES TÉTRODONS. 75
Le perroquet, le premier de ces létro- dons que nous ayons à examiner, a été nominé ainsi à cause de la forme de ses mâchoires, dont la supérieure est plus avan- cée que l’inférieure, el qui ont, avec le bec des oiseaux appelés perroquets, plus de res- semblance encore que celles des autres car- ülagineux de la même famille.
Lorsque ce poisson n’est pas gonflé, il a le corps alongé comme presque tous les té- trodons vus dans ce même élat de moindre éxtension. Les yeux sont gros, et au devant de chacun de ces organes est une narine fermée par une membrane, aux deux bouts de laquelle on voit une ouverture que le perroquet peut clore à volonté, en éten- dant ceite même membrane ou pellicule.
L'orifice des. branchies est étroit, un peu en croissant, placé verticalement, et situé de chaque côté au devant de la nageoire pectorale, qui est arrondie, et souvent aussi éloignée de l'extrémité du museau que de la nageoire de l’anus. Cette dernière et ceile du dos sont presque au dessus lune de l’autre, et présentent à peu près la même surface et la même figure. La nageoiïre de la queue est arrondie; et comme aucune couverture épaisse ou solide ne gêne dans
76 EH ÉS)'TOIRE
le perroquet, ni dans les autres tétrodons, le mouvement de la queue et de sa na- geoire, et que d’ailleurs ils peuvent s’éle- ver avec facilité au milieu de l’eau, on peut croire que ces animaux, n'ayant be- soin , en quelque sorte, d'employer leur force que pour s’avancer, jouissent de la faculté de nager avec vitesse.
C’est dans l'Inde qu'habite ce cartilagi- neux, dont la partie supérieure est com- munément brune avec des taches blanches et de diverses figures, et dont les côtés sont blancs avec des bandes irrégulières longitu- dinales, et de couleur foncée (1).
Des aiguillons revêtent la peau du ventre, el sont renfermés presque en entier dans
(1) Le tétrodon perroquet ne parvient pas au delà d’un à deux pieds de longueur.
Clusius est le premier qui ait donné la figure de ce poisson, figure très-fautive, que Fonston et Willughby ont copiée. Ce dernier ichthyologiste ayant vu depuis la vraie représentation du perroquet, et par consé- quent différente de celle que Clusius avoit publiée , a cru qu’il s’agissoit de deux poissons d'espèce distincte. Seba et Ray sont tombés dans la même erreur.
Le chevalier Hans Sloane (Hist. nat. Jamaïc. ) & fait mention d’un tétrodon que l’on pêche dans les
eaux de ja Jamaïque 561 qui est le même que le
DES TETRODONS,. 77 des espèces de petits enfoncemens, qui dis- paroissent lorsque l'animal se gonfle et que la peau est tendue (1).
tétrodon perroquet. (Orbis lœvis, oblongus , cinereis et fuscis maculis notatus. Sloan. Jamaïc. — Artedi, Gen. pisc. gen. 39 , sp. 21 ; et Sÿnonym. p. 87.) En sorte que le tétrodon de cet article habite également les mers de l’Inde et de l'Amérique méridionale. SONNINI. (1) On compte aux nageoires pectorales 14 rayons. A DEME JA UOBIS aan TRUE (4e T0 A'eel6 deFénus & À COSIREUN ON Ga r 6 Areellerde la:quene 1 55 4 vs, 9
78 HISTOIRE
————_—_—_—
LE TÉTRODON ÉTOILE (1)(2), PAM LA CE P É D:E.
SECONDE ESPÈCE.
Nous avons trouvé la description de ce cartilagineux dans les écrits de Commer- son, qui avoit vu parmi d’autres poissons apportés au marché de lile Maurice, au- près de lle de France. Ce voyageur com- pare la grandeur que présente le tétrodon étoilé, lorsqu'il est aussi gonflé qu’il puisse l'être, à celle d’un ballon à jouer, dont ce cartilasimeux montreroit assez exactement la figure, sans sa queue, qui est plus ou moins prolongée. Cet animal est grisätre, mais d’une couleur plus sombre sur le dos, lequel est semé , ainsi que la queue, de
(1) T'etrodon cinereus , nigro guttatus , hispidus
setis à basi stellata exortis. Comm. Manusc. déjà cités.
(2) L’on ne doit pas confondre sette espèce avec un autre tétrodon ou orbe étoilé, décrit par le docteur Bloch, et dont il sera question ci-après sous les noms de tétrodon blanc et de tétrodon lagocéphale.
SONNINI.
DES TETRODONS.
taches pelites, presque rondes et très-rap- prochées. La partie inférieure du corps est d’une couleur plus claire et sans taches, exceplé auprès de l’anus, où l’on voit une espèce d’anneau coloré, et d’un noir très- foncé.
L'ensemble du poisson est hérissé de piquans roides, et d’une ou deux lignes de longueur. Ceux qui sont sur le dos sont les plus courts et tournés en arrière; les autres sont droits, au moins lorsque le ventre est enflé, et attachés par une base étoilée à cinq ou six rayons. Nous verrons une base ana- logue retenir les piquans de plusieurs autres poissons, et particulièrement de la plupart de ceux auxquels le nom de diodon a été donné. Au reste, ces piquans tiennent lieu, sur l’étoilé, ainsi que sur le plus grand nombre d’autres télrodons, d’écailles pro- prement dites.
La mâchoire supérieure est un peu plus avancée que l'inférieure. Les deux dents qui garnisseut chacune de ces mâchoires sont blanches, larges, à bords incisifs, et attachées de très-près l’une à l’autre sur le devant du museau.
Les yeux, séparés par un intervalle un peu déprimé, sont silués de manière à
80 LS T'OPPRE
regarder avec plus de facilité en haut que par côte.
On n’aperçoit pas de ligne latérale.
La nageoiïre du dos, arrondie par le bout, et plus haute que large, est attachée à une appendice qui la fait paroître comme pédonculée (1). La caudale est arrondie, et la partie de la queue qui lavoisine est dénuée de piquans.
L'individu observé par Commerson avoit treize pouces de longueur. Il pesoil à peu près deux livres.
(1) Aux nageoires pectorales . . . 17 rayons. Hbelle ON 08... à 0e +, + fe - 10 A:velle dé Fanus. 2.0. LOMIUL A0 Acelle de la queue : + . à , 1." 51 Hg
LE
DES TETRODONS. 81
a — _—
LE TÉTRODON POINTILLÉ (1), PAR LACÉPÉDE.
T/É 0 TS LE M PTS PE C EL
C'as encore d'aprés les manuscrits de linfatigable Commerson que nous donnons la description de ce cartilagineux, dont un individu avoit été remis à ce naluraliste par son ani Deschamps.
Ce tétrodon est conformé comme l’étoilé dans presque toutes ses parties ; il a parti- culièrement sa mâchoire supérieure plus avancée que celle de dessous, et la base de ses piquans étoilée comme le cartilagineux décrit dans l'article précédent. Mais ses couleurs ne sont pas les mêmes que celles de l’étoilé. Il a en effet non seulement de petits points noirs semés sur la parlie supé- rieure de son corps, qui est brune, mais encore des taches plus grandes, irrégulières,
(1) Tetraodon hispidus , punctis in dorso, guétis in ventre defluentibus atris, pinn& dorsi lineari spurië, Commerson , Manuscrits déjà cités.
Poiss. Tome V. F
4
82 HISTOIRE
et d’un noir plus foncé, sur la partie infés veure, qui est blanchâtre. Ses nageoires pectorales présentent à leur base une raie Jarge et noire, et sont livides et sans taches sur tout le reste de leur surface. D'ailleurs la nageoire dorsale est très-étroile, presque linéaire, ne montre aucun rayon distinct; et ce dernier caractère suffit, ainsi que Ja pensé Commerson, pour le séparer de létoilé (1).
(1) Aux nageoires pectorales. .-. . 20 rayons. À celle de la queue, qui est arrondie. Q
DES TETRODONS. 85
ms)
LE TÉTRODON SANS-TACHE, PAR LACÉPÈDE. QUATRIÈME ESPÈCE.
Ce poisson a la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure , et il diffère des tétrodons, qui ont également la mâchoire d'en bas moins avancée que celle d’en haut, par la place et les dimensions de ses yeux, qui sont petits et très-rapprochés du bout du museau, et par sa couleur, qui est plus claire sur le ventre et à l’extrémité des na- geolres pectorales que sur le reste du corps, mais qui ne présente absolument aucune tache. Presque toute la surface de l’animal est d’ailleurs hérissée de petits piquans. C’est dans les dessins de Commerson que nous avons trouvé la figure de ce cartilagineux.
FE 2
84 HISTOIRE
LE TÈTRODON HÉRISSÉ (1) (2),°! PAR :LACÉPÉÈDE.
GE N QUE ME: ESP É,CE. | Voyez planche XIV , fig. 2.
Cx nest pas seulement dans les mers de
linde qu'habite ce tétrodon ; il vit aussi dans la Méditerranée, où on le trouve particu-
rer
(1) Dans plusieurs endroits d'Italie , pesce colombo. Dans plusieurs contrées du Levant, flascopsaro.
T'etrodon lispidus. Lin. édit. de Gmel. — Lagerstr. Chin. 923. |
Ostracion tetraodon sphæricus , aculeis undique exiquis. Artedi, gen. 58, syn. 83.
Ostracion maculosus , aculeis undique densis exiguis. Idém , sen, 58, syn.85,, n° 15.
Quaire-dents hérissé, Daubenton Encycl. méth. — Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod.
F'lascopsaro. Rondélet, Hist.des poissons, première partie, livre 15, chap. r.
Orbis. Plin. Hist. mundi, lib. 32 , cap. 2.
Orbis primus Rondeletii. Willughby, p. 143.
f'lascopsari , orbis , orchis. Belon, Voyage, liv.2,
74
chap. 32. — Isidor. Hisp. lib, 12, cap. 6. — Salv.
DES TETRODONS. 89
hérement auprès des côtes septentrionales de l'Afrique, et où il se tient quelquefois dans l’embouchure du Nil, et des autres rivières dont les eaux descendent des mon- tagnes plus ou moins voisines de ces rivages africains. Aussi les anciens lont-ils connu, et Pline en a parlé en lui donnant le nom d’orbis. Il mérite en effet cette dénomina- tion, qui lui a été conservée par plusieurs auteurs ; il la justifie du moins par sa forme, plus que la plupart des autres tétrodons, Jorsqu’en se gonflant il s’est donné toute
£ 208 ,b, ad iconem , et 209. — Jonston, lib. 2,t.2, cb; t. 24; n° 9.
Orbis vulgaris. Charleton , Onom. p. 154.
Orbis, vel orchis. Gesner, p. 651 , 744.
Orbis species ex Gesnero. Aldrov. 1. 4, c. 15, p. 554.
Tetrodon hispidus , flascopsaro. Bloch, pl. cxzir.
(2) Le tétrodon hérissé. En allemand , seekropfer , seeflasche, meertaube , meerflasche , sternflasche , schnottfisch , kugelfiseh. À Venise, pesce palombo. En anglais, scull-fish, weather-cock, globe-fish. Aux Indes , ican papoewa , djantan.
Orbis. Plin. Hist. nat. lib. 32, cap. 2.
Ostracion tetraodon ventricosus , corpore {oio murt- cato. Lagerstr. Chin.
Tetrodon totus hispidus, papillis setaceis... tetrodon hispidus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137, sp. 6.
SONNINI.
Là
86 HESTOIRE
Fextension dont il est susceptible. Dans cet état d’enflure, il ressemble d’autant plus à un globe que la dilatation s'étend au des- sous de la queue, presque jusqu'a l’extré- milé de cette partie, et que l’on n’auroit besoin de retrancher de l'animal qu’une très-petite portion de son museau et sa nageoire caudale, pour en faire une véri- table boule. Aussi Pline a-t-1l dit que ce poisson étoit, en quelque sorte, composé d’une tête sans corps ; mais, comme l'ont observé Rondelet et d’autres auteurs, on devroit plutôt le croire formé d’un ventre sans tête, puisque c’est sa partie inférieure qui, en se remplissant d’un fluide quel- conque, lui donne son grand volume et son arrondissement (1).
Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, et la surface de tout son corps est parsemée de très-petits piquans.
Sa couleur est foncée sur le dos, et très- claire sur les côtés, ainsi que sous le ventre.
(1) « Les grecs, dit Belon , voyans qu’ils (orbis ou orchis) sont ronds comme bouteilles, dient fZascopsarti. On les prend en la jurisdiction du Saet : et de là on les apporte au Caire pleins de foin ; ear üls ne valent rien à manger », (De la nature et pourtraits des pois= sons, Liv. 1, p. 299. ) SONNINI.
DES TETRODONS. 87
Mais ces deux nuances sont séparées l’une de l’autre par une ligne très-sinueuse, de manière que la teinte brune descend de chaque côté au milieu de la teinte blan- châtre par quatre bandes transversales plus ou moins larges, longues et irrégulières.
Nous avons trouvé, dans les dessins de Commerson, une figure du hérissé, qui a été faite d’après nature. Le dessus du corps y paroît parsemé de taches très-pelites, rondes, blanches, et disposées en quinconce. Nous ignorons si ces taches blanches sont le signe d’une variété d’âge, de pays, ou de sexe; ou si, dans les divers dessins et les descriptions que l’on a donnés du hérissé, on a oublié ces taches, uniquement par une suite de laltération des individus qui ont été décrits ou figurés.
Les nageoires pectorales se terminent en croissant; celles de l'anus et du dos sont très- petites ; celle de la queue est arrondie (à).
Le tétrodon hérissé n’est pas bon à man-
(1) Aux nageoires pectorales . . . . 17 rayons. A'celle di dos,i. «Aie à hébiilent409 À celle de Fans, a taimtletio te cui 4010 À celle de luquene, si Si beat K'Eo
F 4
88 H'ES T OTR E
ger (1); il renferme trop de parties suscep- bles d'extension, et trop peu de portions charnues. Dans plusieurs contrées voisines des bords de la Méditerranée, ou des rivages des autres mers dans lesquelles habite ce cartlagineux, on l’a souvent fait sécher avec soin dans son état de gonflement; on la rempli de matières légères, pour conserver sa rondeur; on la suspendu autour des temples et d’autres édifices, à la place de girouettes : et en effet la queue d’un hérissé, ainsi préparé et rendu très-mobile, a dû
(1) Le savant naturaliste qui a enrichi de notes la traduction des voyages de Thunberg, prétend que le poisson connu chez les japonais sous le nom de kefacua kara , c’est-à-dire , poisson mortel, est le même que le tétrodon hérissé { tom. IIT, p. 420). Mais Thunberg ne donne aucune description , ni même aucune notice indicative sur ce poisson mortel ; en sorte que l’opi- nion du professeur Lamarck ne peut être regardée que comme une conjecture, à la vérité fort imposante, S'il a rencontré juste, il nous aura appris que le tétro- don hérissé, seulement mauvais à manger dans nos mers, prend une qualité vénéneuse et même mortelle sur les côtes du Japon. Les naturels de cette contrée disent que ce poisson a placé le chevet de son lit au nord, parce que c’est l’usage parmi eux de tourner la tête des agonisans du côté du septentrion.
SONNINI.
DES 'TETRODONS. 89
toujours se tourner vers le point de l'hori- son , opposé à la direction du vent (1).
Le tétrodon hérissé vivant au milieu des eaux salées de la Méditerranée, on ne sera pas étonné qu’on ait reconnu des individus de cette espèce parmi les poissons pétrifés que l’on trouve en si grand nombre dans le Mont-Bolca, près de Vérone, et dont on a commencé de publier la description dans un trés-bel ouvrage, déjà cité dans cette histoire ; et entrepris par le comte Gazola, ainsi que par d’autres savans physiciens de cette ville italienne (2).
(r) Rondelet rapporte que le flascopsaro passe pour engendrer des perles de la rosée reçue dans la bouche, ce que , dit cet ancien naturaliste , je pense être faux. ( Hist. des poissons, Liv. 15, p. 323. ) Personne ne sera tenté d’être en cela plus crédule que Rondelet. |
SONNINI.
(2) Ichthyolithologia veronensis, pars secunda,.
tab. 8 , fig. 3.
90 HISTOIRE
es ae rer |
LE TÉTRODON MOUCHETE (#), PAR LACÉPÈDE.
SIXIÈME ESPÉC'E.
Dixs les divers enfoncemens que pré- sentent les côtes des iles Pralin, ce poisson a été observé par ie voyageur Commerson, qui la décrit avec beaucoup de soin. Ce naturaliste a comparé la grosseur de cet anhinal, dans son état de gonflement, à la tête d’un enfant qui vient de naître. Comme le hérissé, ce Létrodon a sa surface garnie, dans presque toules ses parties, de petites pointes longues d’une ligne ou deux, et sa mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. Mais il diffère du hérissé par la disposition et les nuances de ses couleurs. Il est d’un brun sale par dessus, et blan- châtre par dessous. De petites taches noires
(1) Tetrodon hispidus supernè fuscus , deorsum exalbidus, gutlis nigris toto corpori temerè inspersis ,
ore et oculis squalidè liventibus. Commerson, Manusc. déjà cités.
DES TETRODONS mm
sont répandues sans ordre-et avec profusion sur le dos, sur les côtés et sur la nageoïre de la queue. Les nageoires pectorales sont d’un jaune rougeûtre; celle de l'anus et l'ex- trémité de celle du dos sont jaunâtres; et l’on voit une teinte livide autour des yeux et de l'ouverture de la bouche.
La langue est comme une masse 1in- forme, cartilagineuse , blanchâtre et un peu arrondie.
L'inis présente les couleurs de Por et de l'argent.
Les branchies ne sont de chaque côté qu'au nombre de trois ; et chacune est com- posée de deux rangs de filamens. Ce nombre de branchies, que l’on retrouve dans les autres tétrodons, suffiroit pour séparer le genre de ces poissons d'avec celui des ostra- cions, qui en ont quatre de chaque côté.
Les nageoires pectorales sont arrondies, ainsi que celle de la queue, au lieu d’être en demi-cercle comme celles du hérissé (1).
(1) Aux nageoires pectorales . . . . 17 rayons. celle du da ler Ne. Ne te A'celle de Panas 131.040. ra
Acelle de la quene 0:44 %,0%27 T0
92 HISTOIRE
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Le moucheté: fait entendre, lorsqu'on veut le saisir, un petit bruit semblable à celui que produisent les balistes et les ostra- cions : plus on le manie, et plus il se gonfle ; plus il cherche, en accroissant son volume, à se défendre contre la main qui le touche
et qui l’inquiète.
DES TETRODONS. 95
LE TÉTRODON TIGRÉ (1).
LE TETRODON HONCKENIEN (2), PAR. .LACEPÉÈDE.
EPTIEME ESPÈCE.
2»
C£ tétrodon a la mâchoire de dessus moins avancée que celle de dessous, comme le hérissé et le moucheté; mais au lieu d’avoir de petits piquans sur tout son corps, il n’en montre que sur son ventre et sur ses côlés. Il a d’ailleurs une ligne latérale très-mar- quée , l'ouverture de la bouche très-grande, le front large, et les yeux petits.
(1) Le tétrodon tigré, ou le hérisson tigré. En aïle- mand , getigerte stachelbauch.
Tetrodon maxilla inferiore longiore...... ftetrodon Honckenii, Lan. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 157, sp. 11.
| SONNINI.
(2) Tetrodon Honckenii, hérisson tigré. (Bioch, pl. Cx£I 1x.
Tetrodon Honckenii. Lin. édit. de Gmel.
Quatre-denés tisré, Bonaterre, pl. de l'Enc, méth. .
sé HISTOIRE
On voit sur son dos des taches jaunes et d’autres bleues; les nageoires sont bru- nâtres, mais celles de la poitrine sont bor-
dées de bleu (1) (2).
(1) Aux nageoires pectorales . . . . 14 rayons. A tdorsealer en adite de anal et ES A\celle delngnsr #0) LL À 9 7 À celle de la queue, qui est arrondie .
(2) Voici les autres traits de la description du tétrodon tigré : les narines sont simples, cylindriques et placées près de ki lèvre supérieure. Le dos est droit, arrondi et de couleur brune ; c’est aussi la couleur des côtés. Le ventre et la queue sont blancs jusqu’à la ligne latérale, laquelle commence au dessous des yeux, s'élève vers le dos, et en suit la direction jusqu’au milieu de la nagcoire de la queue. La pru- nelle de l’œil est noire et l’iris bleuâtre.
Bloch a trouvé que la peau, qui est épaisse , forme devant l’ouverture des ouïes un pli qui la couvre en partie , et fait l’office de la membrane des ouïes ; du moins cet observateur n’a-t-il pu trouver cette mem- brane. L’opercule des ouïes consiste, selon le même ichthyologiste, en une petite plaque cartilagineuse , qui est cachée en dedans de l’ouverture des ouïes ; celles-ci sont au nombre de trois, dont chacune con- siste en deux feuillets velus, comme celles des pois- sons à écailles.
Le foie est long et entier; la vésicale du fiel petite, de même que la rate ; l'estomac grand et mince ; enfia le canal intestinal a deux courbures. SONNINI.
ns
DES TETRODONS. 95
Ce poisson se trouve dans la mer du Ja- pon. M. Honckeny a envoyé dans le tems un individu de cette espèce au docteur Bloch; et de là vient le nom qu'a donné à ce cartilagineux le naturaliste de Berlin, qui Ja décrit et fait graver.
Nous avons vu que l’on avoit trouvé, parmi les poissons pétrifiés du Mont-Bolca près de Vérone, le tétrodon hérissé, qui vit dans la Méditerranée ; il est bien plus utile, pour les progrès de la géologie, de savoir qu'on a découvert aussi, parmi ces monuinens des catastrophes du globe, et des bouleversemens produits par le feu et par l’eau dans la partie de l'Italie voisme des Alpes, des restes pétrifiés du tétrodon honckenien, que l’on n’a pêché jusqu’à pré- sent que près des rivages du Japon, vers l'extrémité orientale de l'Asie, et non loin des mers véritablement équatoriales (1).
(1) Tetrodon Honctenii. Ichthyolithologia vero- neusis, pars secuuda , tab. 8, fig. ?.
\
96 HISTOIRE
NX
LD Es AE T'R:0:D:O:N LAGOCÉPHALE (i)(), PAR LACÉPÉDE.
HUITIÈME ESPÉCE.
Panvenus au second sous- genre des tétrodons (3), nous n'avons maintenant à examiner parnu ces carlilagineux que ceux
(1) Tetrodon lugocephalus. Tin. edit. de Gmel.
Quatre-dents blanc. Daubenton, Encycl. méth. — Bouaterre, pl. de l'Encycl. méthod.— Mus. Ad. Fr. 7, p- 99. — Amænit. acad. 1, p. 510, fig. 4.
Ostracion cathetoplateo -oblongus , ventre tantum aculeato et subrotundo. Artedi , gen. 58 , syn. 86. — Gronov. Mus. 1 , n° 120, Zooph. 185. — Seb. Mus.5, tab. 25, fig. 5. — Willughby , p. 144, tab. 5, fig. 2. — Ray , Pisc. p. 43.
Kan, kascasre. Valent. Pise. Amb. fig. 19, p.553, TO;
T'etrodon lagocephalus , orbe étoilé. (Bloch, pl. ex.) (2) Le tétrodon lagocéphale, par quelques-uns, orbe étoilé. En allemand , Lasentopf , sternbauch. En sué- dois, belk-kurra. En hollandais, groot-blaser , see-duif. En anglais, kart-olobefish , globe diodon. Aux Indes, &an , kascasre,
pl
dont
DES TETRODONS. 07
dont les deux mâchoires sont également avancées.
Le lagocéphale a les côtés et le dessous du corps garnis de piquans, dont la base se divise en trois racines ou en trois rayons. Ce caractère, qui le sépare de tous les pois- sons renfermés dans le sous-genre dont il fait partie, le rapproche de l’étoilé, dont il diffère cependant par un très-grand nombre de traits, et particulièrement par légal avan- cement de ses deux mâchoires, labsence de toute espèce de pointes sur son dos, le nombre des rayons de ses nageoires, la dis- tribution de ses couleurs, et même par les racines. ou rayons de ses piquans inférieurs
Orbis lagacephalus. Grew. Mus,
Ostracion tetraodon, ventricasus, ab domine muricato, Mus. Adolph. Frid. 1, p. 59. — Ainænit. academ, tom. L,p. 310, fig. 4.
Ostracion cathetoplateus, tetraodon compressus, inaculasus., glaber. Gron: Mus. 1,n° 120. Zvoph. 185.
T'etroden ahdomine aculeato , corpare lœvi., humeris prominentibus.... tetrodon lagocenhalus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel, gen. 137 , sp. 2. SONNINI.
(3) C'est-à-dire, de ceux qui ont les deux mâchoires également avancées, et le corps non comprimé.
SONNINI.
Poiss. ToME V. G
08 TS TOME
ou latéraux, qui n’ont que trois de ces rayons ou racines, tandis qu'il y en a cinq ou six à la base des pointes de l’étoilé. Au reste, cette division en trois, de la base des petits dards du lagocéphale, lui a fait don- ner, par quelques naturalistes, le nom d’étoilé.
Le lagocéphale a ses piquans éloilés dis- posés en rangées longitudinales, un peu courbées vers le bas, et ordinairement au nombre de vingt (1).
Le dessus du corps est jaune avec des bandes brunes et transversales ; le ventre est blanc avec des taches rondes et brunes (2) (3).
(1) La tête du tétrodon lagocéphale est alongée, et l’ouverture de la bouche très-petite. Les yeux, qui sont ovales , ont la prunelle noire et l’iris jaune. Bloch n’a point trouvé de ligne latérale , mais il a reconnu que plus le poisson est jeune , plus il peut enfler son ventre. SONNINI.
(2) Aux nageoires pectorales . . . . 15 rayons, A 'ccie/du dos" 007 SNS fre A'cele de l'anime 0. ROMANE NUE À celle de laquene :. 45.7, t%4%40
(3) Toutes les nageoires sont jaunes et bordées d’une teinte plus foncée. SONNINI.
DES TÉTRODONS. gg
On trouve le lagocéphale non seulement dans l’Inde et auprès des côtes de la Ja- maïque , mais encore dans le Nil; ce qui doit faire présumer qu’on pourroit le pêcher dans la Méditerranée, auprès des rivages de l'Afrique.
G a
10ù MES TOIRE
EE id
LE TETRODON RAYÉE (1)(2}, PAR LACÉPÉDE.
NEUVÉIÉÈME.ESPECE:
Voyez planche XV, fig. 1. Lz rayé se trouve dans le Nil (3).
Depuis la tête jusqu'au milieu du corps, il est hérissé de piquans extrêmement courts,
(1) Tetrodon lineatus. Tan. édit. de Gmel. — Mus. Ad Er 2, p:99,7
Quatre-dents rayé. Daubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod, |
Tetraodon fahaca. Hasselquist , 1ter , etc. 400.
Tetraodon lineatus. Forskœl , Faun. arab. p. 76; n° 114.
Tetrodon lineatus ,tétrodon rayé. (Bloch , pl. cxur.}
(2) Le tétrodon rayé, ou le globe rayé. En allemand, gtstreifter stachelbauch. En arabe , fahaka ou focaca , selon Vansleb.
Tetrodon jfasciis longitudinalibus fuscis palilidis- que... tetrodon lineatus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137 , sp. 3. SONNINI.
(5) Hhsselquist Fa trouvé en effet au dessous du Caire ; mis les pêcheurs l’assurèrent qu’on ne voyoit ce poisson dans le Nil que depuis peu de tems. Cette
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DES: TETRODONS. 101
tournés vers la queue, et qui occasionnent des démangeaisons et d’autres accidens assez analogues à ceux que l’on éprouve lors- qu’on à touché des orties, pour qu'on ait regardé cet animal comme venimeux (1). Depuis le milieu du corps jusqu'à l’extré- mité de la queue, la ‘partie inférieure du rayé ne présente que de petits creux qui le font paroître pointillé. Au devant de chaque ocil est un tubercule terminé à son sommet par deux filamens très-courts ; les deux tubercules se touchent (2). La ligne latérale
espèce , de même que les autres du même genre, vivent dans la mer, et ce n’est que par hasard qu’ils entrent , mais jamais fort haut , dans les fleuves. Le père Vansleb { Nouvelle relation d'Egypte , p. 72) dit posilivement que le fococa ( c’est ainsi que ce missiou- naire écrit le nom arabe du rayé } est Porbis marin. SONNINI.
(1) Hasselquist , à l'endroit précédemment cité.
Les égyptiens ont ce tétrodon en horreur, et ils sont persuadés que sa chair donneroit la mort. Ils disent aussi que ce poisson devient d’ane grosseur monstruense. SONNINI: :
(2) Le rayé a aux nageoires pectorales 19 rayons.
A célle du dos" OUR SES Re
Æcelle-de l'anus 4 ere Le Ua" a
A celle dela queue , qui est arrondie. 12
G 5
102 HIS TOLCRE
passe au dessous de l'œil, descend ensuite; se relève, et s’élend enfin presque directe- ment jusqu'à la nageoire caudale (1).
Le rayé est, par dessus, d’un verd bleuâtre ; par dessous, d’un jaune roux; sur les côtés, d’un bleuâtre foncé ; et sur ce fond on voit régner longitudinalement et de chaque côté quatre raies brunes et blanchâtres, dont les deux supérieures sont courbes, et dont la troisième se partage en deux (2).
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(1) L’avancement considérable du ventre et l’élé- vation du front sont , selon Bloch, les signes caracté- ristiques de cette espèce. La tête est petite et tronquée par devant ; les ouvertures des narines sont étroites et cylindriques ; les yeux à moitié recouverts par la membrane clignotante et les nageoires petites.
SONNINI.
(2) Les nageoires sont jaunes ; les yeux ont la pru- nelle noire et l’iris doré.
À l’intérieur, le tétrodon rayé a le cœur petit et en forme de poire; l’estomac ample; le foie gros et par- tagé en trois lobes; la vésicule du fiel petite, de même que la rate , et le canal intestinal faisant trois chconvolutions. SONNINI:
DES TETRODONS. 103
LF TETRODON CROISSANT (1) (2), PAR UACÉPÉDE
Foyez la figure plancie XV ;; Jéo 2 à
æ
DIXIE M EUERSPECE
Lx croissant vit en Egypte comme le rayé (3); mais il habite aussi en Asie, et particulièrement dans les eaux de la Chine et dans celles du Japon. Il est regardé, dans toutes les contrées où on le pêche, comme une nourriture très - dangereuse, lorsqu'il
(1) T'etrodon ocellatus. Yin. édit. de Gmel.
T'etrodon fasciä humerali ocellatä. Mus. Ad. Fr. 2, p. 55. — IL. Scan. 260.
Diodon ocellatus , kay-po-y. Osbeck, Iter , etc. 226.
Tetrodon ocellatus , tétrodon croissant. ( Bloch, pl. cxzv.)
Fu-rube. Kæmpfer, Jap. 1, p. 152. — Seb. Mus.3, tab. 23 , fig. 7 et 8. — Rumph. A mb. 49.
Quatre-dents petit monde. Daubenton, Enc. méth. — Bonaterre , Encycl. méthod.
Orbis asper maculosus. Willughby , p. 157. — Ray, pag. 43. x
(2) Le tétrodon croissant , et quelquefois hérisson croissant. En allemand, g-fleckter stachelbauch. En
G 4
104 HISTOIRE
n’a pas été vuidé avec un très-grand soin (4). La qualité funeste qu’on lui attribue vient peut-être le plus souvent de la nature des alimens qu’il préfère , et qui, salutaires pour ce poisson, sont très-mal-faisans pour d’au- tres animaux, et sur-tout pour l’homme; mais il se pourroit qu'une longue habitude de convertir en sa propre substance des alimens nuisibles fit contracter à la chair même du croissant, ou aux sucs renfermés dans l’intérieur de son corps, des propriétés vénéneuses. Cetle qualité délétère du crois- sant est reconnue depuis plusieurs siècles au Japon et en Egypte, où la superstition a fait croire pendant long-tems que l'espèce hollandais, geoget ophlaazerviseh. En anglais, bladder fish. À Va Chine, kai-po-y. Au Japon, furube.
Ositracion maculosus, abdomine muricato. It. Scan. p- 260.
Tetrodon fasci& humerali ocellaté.... diodon ocel- latus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 157 , sp. 4. — Artedi , Gen. Pisc. gen. 59. additam. SONNINI.
(5) C'est-à-dire, qu'habitant les eaux de la Méditer- raute, il remonte quelquefois le Nil à une distance peu considérable de la mer. SUNNINI.
(4) Non seulement il faut laver la chair de ce pois- son à différentes reprises , et en séparer les arêtes et les entrailles, mais on doit aussi lui couper la tête.
SONNINI.
DES TETRODONS. : 105
entière de ce tétrodon avoit été condamnée à renfermer ainsi un poison actif, parce que des individus de cette même espèce avoient autrefois dévoré le corps d’un Pharaon tombé dans le Nil. Au reste, le venin que renferme le croissant, à quelque cause qu’il faille le rapporter, est très-puissant, au moins dans le Japon, puisque, suivant Osbeck , cet animal peut y donner la mort, dans deux heures, à ceux qui s’en nour- rissent (1). Aussi les soldats de cette contrée orientale, et tous ceux de ses habitans sur lesquels on peut exercer une surveillance exacte, ont-ils reçu une défense rigoureuse de manger du tétrodon croissant (2).
(1) Suivant Ramphius, l’antidote du poison con- tenu dans le tétrodon croissant est la plante à laquelle il a donné le nom de rex amoris (*).
(2) Si un soldat perd la vie pour avoir mangé du tétrodon croissant , ses fils sont exclus des places militaires.
L'on a observé que la badiane , ou anis étoilé , aug- mente singulièrement la subtilité et la violence de la qualité vénéneuse de la chair du croissant ; il suffit même qu’elle en soit saupoudrée, pour que le poison devienne plus actif. SONNINT.
(*) Cette plante , que Rumphius a nommée rot d'amour , est Vophioxilon serpentinum de Linnæus. SonniNt,
106 HIS TOTRE
Mais, si l’on doit redouter de se nourrir de ce cartilagineux , on doit aimer à le voir à cause de la beauté de ses couleurs. Le dessous de son corps est blanc; ses nageoires sont jaunâtres; sa partie supérieure est d’un verd foncé, et sur son dos on voit une tache, et au devant de la tache une bande trans- versale large, et en croissant , toutes les deux noires et bordées de jaunes (1).
H n’y a de piquans que sur la partie in- férieure du corps. La ligne latérale com- mence au devant de l'œil, passe au dessous de cet organe, se relève ensuite et s'étend jusqu’à la nageoire caudale , en suivant à peu près la courbure du dos (2) (3).
(2) Osbeck assure que c’est un des plus jolis pois- sons qu’il ait vus. ( Voyages, à l’endroit cité.) SoNNini. (2) Le croissant a aux nageoires pectorales 18 ray. A'HCelE di MOSS ee he RES TS A Celle de Amis se 1 ue NES re À celle de la queue, qui est arrondie. . 8 (5) Le croissant a la tête petite, large en haut et an peu comprimée sur les côtés; l’ouverture de la bouche arrondie , ainsi que la langue qui est unie; les yeux petits à prunelle noire et iris jaune; l’ouverture des ouïes en forme de croissant, et placée en devant et très-près des nageoires pectorales ; le dos rond et la queue courte et unic, SONNINI:
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DES TETRODONS. 107
DE: GÜt OR», (5)! Voyez, la planche XVI , figure x.
ONZIÈME ESPÈCE.
J £ laisse à ce tétrodon le nom de guor qu’il porte chez les yolofes, sur les côtes du cap Verd. Les français établis à l'ile de Gorée, et les navigateurs de la même nation qui fréquentent ces parages, le connoissent sous la dénomination de poisson perroquet , commun à toutes les espèces de ce genre. Pendant mon séjour à Gorée j'ai trouvé l’occasion d’observer et de faire dessiner le guor, dont il n’existe point encore de figuré dans les ouvrages des ichthyologistes. Sa peau est dure, lisse et épaisse ; ses yeux sont grands. La partie antérieure de son ventre est susceptible d’un renflement très- considérable ; cette partie est entrecoupée longitudinalement de lignes ou de rayons cartilagineux qui se ramifient diversement, et garnie de petits crochets solides, blan-
(1) Ze tétrodon mal-armé, Lacépède, Histoire des poissons,
108 HISTOIRE
châtres, d’un peu plus d’une ligne de long, et dont la pointe se recourbe vers la queue. Ces aiguillons, qui commencent au museau, ne s'étendent guère au delà des nageoires pectorales , d’où Lacépède la nommé le mal-armé. Les ouvertures des narines sont ovales; la nageoïre du dos alongée, mais peu large, a quinze rayons; les nageoires des ouïes en ont dix-sept, l’anale douze; et celle de la queue vingt; cette dernière est fourchue. Un attribut: caractéristique du guor est une double ligne latéräle, bien. distincte, sur chaque côté du corps; la ligne supérieure, commence à l'œil, suit la cour- bure du dos jusques vers la nageoire, se recourbe par une sinuosité brusque jusqu’au dessous du milieu de la queue, et remonte ensuite un peu pour aboutir au milieu de la nagcoire de la queue. La ligne inférieure prend son origine au dessous des nageoires pectorales, et se prolonge en ligne droite Jusqu'au bout de la queue.
Ce poisson est bleuâtre sur le dos, blanc en dessous, argenté sur les côtés, et jau- nâtre sur les nageoires ; lanale a quelques taches de couleur de sang.
L'individu qui a servi à ma description et à mon dessin avoit un pied huit pouces
DES TETRODONS. :10g de longueur totale, et quatorze pouces et demi dans sa plus grande circonférence.
L'espèce du guor n’est pas fort nombreuse, et ce n'est pas un mal, car sa chair est vé- néneuse. Les nègres des côtes voisines du cap Verd, près desquelles on le pêche quel- quefois, le regardent comme trés-dangereux ; cependant il ne leur est pas tout à fait inu- tile ; ils le coupent par morceaux, dont ils font d’excellens appâts pour pêcher d’autres poissons qui, en les avalant, ne contractent aucune qualité nuisible. |
Il paroït que ce tétrodon fréquente aussi les côtes de la Caroline, où, dit Lacépéde, 1] parvient à une grandeur assez considé-
rable (1).
(1) Histoire des poissons.
110 HISTOIRE
LE PENTON DE MER (1).
LE TETRODON SPENGLERIEN (2). PAR LACEPÈDE.
DOUZIÉÈME ESPÈCE.
C & tétrodon vit dans les Indes. Le docteur Bloch lui a donné le nom de M. Spengler de Copenhague , qui lui avoit envoyé un individu de cette espèce ; il se fait remar- quer par deux ou trois rangées longitudi- nales de filamens ou barbillons que l’on voit de chaque côté de son corps, indépendam- ment des aiguillons dont son ventre est hé- rissé. Sa parlie supérieure est d’ailleurs
(1) Le penton de mer. En allemand, zottenfisch.
Tetrodon capite cirris plurimis barbato......... tetrodon Spengleri. Lin. Syst. nat, edit. Gmel. gen. 157, Sp. 10. SON NINI.
(2) Tetrodon Spengleri. Lin. édit. de Gmelin.
Quatre-dents penton. Bonat. pl. de l’Enc. méthod.
Tetrodon Spengleri , penton de mer. Bloch, pl. cxziv,
DES TETRODONS. 111
rougeûtre , avec plusieurs taches d’un brun foncé, et sa partie inférieure d’une blan- cheur qui n’est communément variée par aucune autre nuance (1) (2).
(1) Aux nageoires pectorales du tétro-
don spenglémen j\e(tths Ni Fins fr is Le 19 TayOons. Aeclle du dos PRE SL ER EE TS A célle dé Hans ri4s De Ad TS tré
A celle de la queue, qui est arrondie... 8
(2) La tête de ce poisson est grosse , son œil petit, la prunelle noire et l'iris jaune. L'ouverture de la bouche est fort petite et les narines sont cylindriques. La ligne latérale prend son origine devant les yeux, au dessous desquels elle forme un demi-cercle , re- monte vers le dos, en suit la courbure et se termine au milieu de la nageoire de la queue. Tontes les na- geoires sont petites ; elles ont leurs rayons ramifés et ane couleur grise, ( Bloch, à l’endroit cité.)
SONNINIH.
112 HISTOIRE
Et
LE TETRODON A BEC QG).
LE TÉTRODON ALONGÉ (2)(3);. et LE TETRODON
MUSEAU-ALONGE (4), PAR LACÉPÉÈDE. 19%,ET 14° ESPÈCES.
Ces deux tétrodons habitent dans les Indes. ! Le premier a tiré son nom de la forme de
(1) Le tétrodon à bec ou le. hérisson, & bec. En alle- mand , schnabelfisch. Tetrodon maxillis in rostrum elongatis .... tetrodors
rostratus. Lin.Syst. nat. edit. Gmel. gen. 157, sp. 13. SONNINI.
(2) Tetrodon oblongus. Lin. édit. de Gmelin. | Tetrodon oblongus, maxillis æqualibus; hérisson |
oblong. Bloch ,pl. cxzviI , fig. 1. |
Quatre-dents hérisson oblong. Bonaterre , planches | de l'Encyclopédie méthodique.
(5) Le tétrodon alongé ou le hérisson oblong. En allemand , gestreck£er stachelbauch.
T'etrodon oblongus , maxillis æqualibus... tetrodon oblongus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137, sp. 12. SONNINI
ren
son
DES TETRODONS 113
son corps, qui est beaucoup plus alongé que haut, et d’ailleurs cylindrique. Ce poisson présente de plus deux lignes latérales de chaque côté; la supérieure part au dessus de l'œil, se baisse , se contourne, se relève et suit à peu près la courbure du dos jus- qu'à la nageoire caudale ; la seconde com- mence auprès de la mâchoire d’en bas, et suit assez régulièrement le contour de la partie inférieure du corps jusqu’à la nageoire de la queue, excepté auprès de la nageoire pectorale, où elle se relève et forme un petit angle.
L'ouverture des narines est double ; une pointe très-sensible et triangulaire est atta- chée à l’opercule des branchies, et tournée vers la queue ; le dessus du corps offre des bandes transversales brunes, variables dans leur nombre ; les côtés sont argentés; les nageoires jaunâtres, et de petits piquans
(4) T'etrodon rostratus. Lin. édit. de Gmelin.
T'etrodon rostratus; tétrodon à bec. Bloch, pl. cx£zvr, fig. 2.
Quatre dents hérisson à bec. Bonaterre , planches de l’Encyclopédie méthodique,
Poiss. ToME V. H
114 HISTOIRE hérissent presque toute la surface du pois-
son (1) (2).
(1) Il y a aux nageoires pectorales de Paloñsé ne cute su, AU 04 "40 mayonse Ala nageoirbidorsale., 4! :, +, d: Li. 1% À celle de lénus etes di ns ver LOUE À celle de la queue , qui est arrondie. 19
(2) Ni lune ni l’autre des deux lignes latérales ne se perd au milieu de la nagcoire de la queue , comme cela arrive ordinairement dans les autres poissons; mais elles se terminent aux deux extrémités exté- rieures de cette nageoire. Le docteur Bloch a remar- qué en outre que ce poisson a la tête longue, large par en haut et un peu comprimée sur les côtés; les lèvres grosses ; les yeux au sommet de la tête à pru- nelle noire et iris ja: ne ; l’ouverture des ouïes large, et les rayons de la nageoiïre de la queue se prolongeant au dehors de la membrane qui les unit.
Le même savant ichthyologiste fait mention d’une variété de cette espèce dont les différences consistent en ce qu’il n’a que six bandes brunes sur le dos, en ce que ses côtés sont lisses, que son ventre est plus gros et que le nombre des rayons de ses nageoires n'est pas le même; chaque nageoire pectorale en a dix-huit, l’anale neuf, celle du dos onze, enfin la nageoire de la queue neuf.
Gmelin a indiqué cette variété : éetrodon dorsi fas- ctis sex fuscis. Lin. Syst. nat. gen. 157, sp. 12, Var. 0.
SONNINI.
DES TETRODONS. 115
Le museau-alongé n’a de petits aiguillons que sur le dos et sur le devant du ventre. Il est gris par dessus et blanc par dessous; les nageoires sont jaunâtres, sur - tout les pectorales qui sont courtes et larges (1); on voit autour des yeux des taches brunes disposées en rayons. Il n’y a qu’une ouver- ture à chaque narine; on n’aperçoit pas de ligne latérale, et les mâchoires sont en forme de petit cylindre et très-alongées (2).
(1) La nageoire de la queue est brune en haut et
en bas. SONNINI. (2) Le museau-alongé a aux nageoires
HeCiOrales ANS ER RCE ER RU OUR Ni Fayons Atcelletdu dos tt ete Li 9 Acellé del’anus © ti, 4 tri
À celle de la queue, qui est arrondie. 10
116 HISTOIRE
«
LE TETRODON PLUMIER (1),
PAR LACÉPÉDE.
ke
OU: NZ EE NM E..E 8. P FE C:E.
Ces tétrodon, dont la descripüion n’a pas |
encore été publiée, est représenté dans les dessins sur vélin que renferme la collection
du museum national d'histoire naturelle, |!
et qui ont été faits d’après ceux du natu- | raliste Plunner ; et comme ce n’est qu'à ce |
voyageur que nous devons la connoissance
de cet animal, j'ai donné à ce poisson le |
nom de l’habile observateur qui en a trans- mis la figure. Lorsque le tétrodon plumier n’est pas
gonflé, son corps est assez alongé relative- | ment à sa hauteur. Au delà de sa tête on | voit une sorte d’élévation pyramidale à |
quatre faces, jaune et recourbée en arrière, qui tient lieu, pour ainsi dire, d’une pre- miére nageoire du dos.
oo
(x) Orbis minimus non aculeatus. Plumier , dessins sur velin déjà cités.
A —
DES TETRODONS. mu
Au dessus de la nageoire de l'anus, qui est de la même couleur, on voit d’ailleurs une nageoire dorsale qui est également jaune, aussi bien que celle de la queue. Cette der- nière est arrondie, et présente deux bandes transversales brunes.
L’iris est bleu; le dessus du corps brun et lisse ; le dessous blanchâtre, très-exten- sible, et garni de très-petits piquans. Deux rangées longitudinales de taches d’un brun verdâtre règnent de chaque côté de l’animal et ajoutent à sa beauté.
ET 5
118 HISTOIRE
LE TETRODON MELEAGRIS (1),
PAR LACÉPÉDEÉ.
SÉTIZIÉÈME ESP Ê CE
| Comwerson a laissé dans ses manuscrits | une description très-étendue de ce poisson, qu'il a vu dans les mers de l'Asie, et au- quel il a donné le nom de méléagris, à. cause de la ressemblance des nuances et de la distribution des couleurs de ce cartilagi- neux, avec celles de la pintade que lon a désignée par la même dénomination. Ce tétrodon est en effet brun, avec des taches innombrables , lenticulaires , blanches, et distribuées sur la tête, le dos, les côtés, le ventre, la queue, et même les nageoires. La peau est d’ailleurs hérissée de très-petites pointes un peu plus sensibles sur la tête. Chaque narine w’a qu’un orifice. Les bran-
(1) Tetrodon brunneus , hispidulus , maculis lenti-
cularibus albis undequaque conspersus. Commerson , Manuscrits déjà cités.
DES TETRODONS. 114
chies sont au nombre de trois de chaque côlé ; leur ouverture est en forme de crois- sant; leur membrane mince et flottante est attachée au bord antérieur de cette ouver- ture ; ef les demi-cercles solides qui les soutiennent sont dentelés dans leur partie concave.
Ce poisson fait entendre le bruissement que l’on a remarqué dans la plupart des cartilagineux de son genre, d’une manière peut-être plus sensible que ces derniers , au moins à proportion de son volume (1).
(1) Aux nageoires pectorales . . . « 18 rayons, Acelle du dos.:t/409 it et TOR A’cellede l’anus:;;i". aisinrenc: a(30 À celle de la queue , qui est arrondie. 9
H 4
L20 HISTOIRE
LE: T'ÊT R'OD'ON Ets BiCNT AR: IQ USE na) PAR LACÉPÈDE.
DIX-SEPTIÈME ESPÈCE.
Less plus belles couleurs parent ce poisson, Il est en effet brun sur le dos, jaune sur les côtés, verd de mer de dessous; ses na- geoires sont rousses ou vertes ; son iris est rouge ; et cet agréable assortiment est relevé par des taches rouges, vertes, blanches, et quelquefois d’autres nuances très - vives. Mais il est encore plus remarquable par la propriété de faire éprouver de fortes com- motions à ceux qui veulent le saisir. Cette qualité est une faculté véritablement élec- rique, que nous avons déjà vue dans la
(1) Tetrodon electricus. Lin. édit. de Gmelin. — Guillaume Paterson; Act. anglic. 76,2 ,p. 582, t. 15. (2) Tetrodon maculis rubris, viridibus et albis, suprà fuscus , subtùs thalassinus, ad latera flavus , pinnis viridibus. Paterson, loco citato. — Lin. Syst.
mat. edit. Gmel, gen. 157, sp. q. SONNINT:.
DES TETRODONS. 12}
torpille , que nous examinerons de nouveau dans un gymnote, et que nous retrouverons encore dans une silure, et peut-être mêine dans d’autres poissons.
Ce cartilagineux habite au milieu des bancs de corail creusés par la mer, et qui entourent l’île Saint-Jean, près de celle de Comorre, dans l'océan Indien. Lorsqu'il y a été pêché, l’eau étoit à la température de seize dégrés du thermomètre auquel on donne le nom de Réaumur. I] parvient au moins à la longueur de sept pouces; et c’est M. Paterson qui l’a décrit le premier (1).
(1) L'on verra avec plaisir la lettre que Paterson écrivit au célèbre Banks, pour lui annoncer la décou- verte du tétrodon électrique. Si cette lettre, dont la traduction est insérée dans le Journal de physique du mois de janvier 1787, n’est pas d’un naturaliste , elle n’est pas moins intéressante par le ton de candeur et de franchise qui y règne, et qu’il est bon de rappeler quelquefois, dans un tems où ce ton semble être passé de mode.
Traduction de la lettre du lieutenant William Pater. son , à sir J. M. Joseph Bancks, président de la Société royale , contenant la description d’un nou- veau poisson électrique ; du premier mai 1786.
« Lorsque j’étois aux grandes Indes avec le quatre- vingt-dix-huitième régiment, je trouvai dans l'ile de
192 HISTOIRE
Jean (*), près de celle de Comorre , un poisson élec- tique que les naturalistes n’ont pas encore observé, et qui diffère de tous ceux qu’on a connus ou décrits jusqu’à présent. Malgré le peu de talent que j'ai, j'ose entreprendre sa description : heureux si mon obser- Vation peut mériter l’attention de la Société royale à qui j'ai l'honneur d’en faire hommage ! La situation d’un officier subalterne, occupé sans cesse de son ser- vice , sollicitera pour moi son indulgence sur l'imper- fection de l’esquisse que je vais faire de ce poisson véritablement étonnant.
» Il a sept pouces de long , deux et demi de large ; la bouche très-longue et avancée, et il me semble pouvoir être mis dans fa classe des tétrodons. Son dos est de couleur brune foncée ; son ventre verd de mer; ses côtés jaumes; ses nageoires et sa queue rousses ; son corps moucheté a des taches rouges et vertes, et singulièrement brillantes. 11 a les yeux grands, l’iris en est rouge et jaune ; les nuances en sont excessive- ment tranchantes.
» L'ile de Jean est située au 12, 13 dégré de lati- tude sud ; ses côles sont entièrement composées de rochers de corail qui sont creusés dans plusieurs endroits par les flots battans de la mer. On trouve dans ces cavités une grande quantité de ces poissons électriques. L’eau y est de la température de 56 ou Go° dégré du thermomètre de Fahrenheit. J’en pêchai deux dans une espèce de sac de toile fait pour la pêche; je les pris à la main, et la commotion que je reçus fut si forte , que je fus obligé de les quitter; je les ramassai cependant avec précaution, les mis dans un filet , et
(*) L'ile de Jowanna.
DES TETRODONS. 193
les apportai au camp, qui étoit à deux milles de dis- lance. À mon arrivée j’en trouvai un mort, l’autre dans un état de foiblesse étonnant ; mais cependant encore assez en vie pour prouver son électricité. Je le mis dans. un vase rempli d’eau de mer. J’appelai Le chirurgien du régiment ; je l’engageai à le prendre dans ses mains ; il reçut une commotion électrique aussi forte que celle que j’avois reçue. L’adjudant da régi- ment le toucha simplement avec le doigt sur le filet, et éprouva la même sensation. J’en citerois d’autres qui éprouvèrent le même effet; mais ces deux exemples suffisent.
» Recevez avec bonté et indulgence cette courte description; elle doit engager ceux qui viendront dans l’île à observer avec plus de détail ce poisson singulier. Je ne sais pas assez d'histoire naturelle pour entre- prendre de décrire ses organes intérieurs.
» J'ai l'honneur d’être, etc.» Paterson,
SONNINI:
124 HISTOIRE
om , oo
LE MÉTRO D\0.N G:R:0 $ SE TE TE (a}(e),
PAR LACÉPÉDE.
DIX-HUITIÈME ESPÈCE.
Vorcr encore un tétrodon très-aisé à dis- ünguer des autres espèces de sa famille. Il en est en effet séparé par la grosseur de sa tête, beaucoup plus volumineuse à pro- portion des dimensions du corps que dans les autres cartilagineux de son genre. Il devient très-grand relativement à la longueur ordinaire de presque tous les autres tétro- dons; il est quelquefois long de deux pieds et demi. Il fait éprouver à ceux qui en mangent les mêmes accidens qu'un poison très-actif. Il se trouve dans les mers chaudes de l'Amérique et dans la mer Pacifique, et l'on en doit la connoissance au voyageur Forster.
(1) Tetrodon sceleratus. Lin. édit. de Gmel. — G. Forster , It. 1, p. 405.
(2) Tetrodon tetragonus , capite maximo.... tetro- don sceleratus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 157, sp. 8. SONNINI:
DES TETRODONS. 325
LA DIN EU
Voyez la planche XVI, figure 2.
LE TETRODON LUNE (), PART DA CE D'É DE
DIX-NEUVIÈME ESPÈCE.
! Cs poisson, un des plus remarquables par sa forme, habite non seulement dans la
(1) La lune. En allemand, schwimmendekopf, c’est- à-dire , téte nageante, et mühlensteinfisch, meule de moulin. En hollandais , molensteenvisch. En anglais, sun-fish , molebute. En italien , pesce tamburro , molo, et pesce petazzo. À Malte, tamar. À Marseille , molle.
Ostracion cathetoplateus subrotundus inermis asper, pinnis pectoralibus horizontalibus , joraminibus qua- tuor in capite, Artedi, Gen. pisc. gen. 39, sp. 22. — Synonym. p.83, n° 4.
Tetrodon inermis , asper , compressus , rotundatus , caud4 brevissimé rotundatä ; pinn4 dorsal: analique annexé , spiraculis ovalibus..... tetrodon mola. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 137, sp. 7.
Salvien est le premier qui ait donné la figure de ce poisson ; elle est bonne. SONNINI.
120 HLS'T'O LR E Méditerranée, où on le trouve très-fréquem- ment, mais encore dans l'Océan, où on le
(2) Dans plusieurs départemens méridionaux, molle,
meule. Dans plusieurs contrées d’Espagne , bout, mole
.bout, lune de mer, poisson d'argent. En anglais , sun-fish.
T'etrodon mola. Lin. édit. de Gmel.
Quatre-dents lune. Daubenton, Encycel. méth. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. method.
Mola , lune. (Bloch , pl. cxxvitr.— Art. gen. Gr, syn. 09 » 4.
Mola. Monti, Act. Bonon. 2, part. 2, p. 297, tab. 5 , fig. 1.
Orthragoriscus, luna piscis. Gesn. Hist. anim. 4, pag. 640.
Klump-fisch. Plancus, Promptuar. Hamb. 18, p.:is tab. 1; fis.r.
Short sun-fish. Pennant, Brit. zool. 3 , p. 102, n° 2.
Ostracion cathetoplateus , subcompressus , brevis, latus, scaber, pinnis dersi anique lanceolatis caudæ proximis. Gronov. Zooph. n° 186.
Orthragoriscus. Plin. 1. 52, c.2et rx.
Lune ou mole. Rondelet, première partie, Liv. 15, chap. 6.
Mola. Salvian. fol. 154 et 15, a. ad iconem.— Joust. Thaumat. p.419, 420. — Charleton , p. 129. — Willughby, p. 151. — Ray, p.51.
Lune de mer. Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle.
Sun-fish of ray. Boxrlase, Hist. nat. of Cornwall ; tab. 26 , fig. 6,
DES TETRODONS. 197
pêche à presque toutes les latitudes, depuis le cap de Bonne - Espérance jusques vers lextrénuté septentrionale de la mer du Nord. Il est très-aisé de le distinguer d’un trèés-srand nombre de poissons, et particu- lièrement de ceux de son genre, par l’apla- tissement de son corps, si comprimé laté- ralement, et ordinairement si arrondi dans le contour vertical qu’apercoivent ceux qui regardent un de ses côtés, qu’on a comparé son ensemble à un disque; et voilà pour- quoi le nom de soleil lui a été donné, ainsi que celui de lune, qui a été cependant plus généralement adopté. Il a d’ailleurs, sur cette grande surface presque circulaire que chaque côté présente, cet éclat blanchâtre qui dis- tingue la lumière de la lune. En effet, si son dos est communéiment d’une nuance très - foncée et presque noire, ses côtés et son ventre brillent d’une couleur argentine très-resplendissante, sur-tout lorsque le té- trodon est exposé aux rayons du soleil. Mais _ ce n’est pas seulement pendant le jour qu'il répand ainsi cet éclat argentin qu'il ne doit alors qu’à la réflexion d’une clarté étrangère : pendant la nuit il brille de sa propre lumière ; il montre, de même qu’un très-grand nombre de poissons, et plus vivement que plusieurs
128 ST OUR E de cesanimaux, une splendeur phosphorique qu'il üent de la matière huileuse dont il est imprégné. Cette splendeur paroît d'autant plus vive que la nuit est obscure ; et lorsque le poisson lune est un peu éloigné de la sur- face de la mer, la lumière qui émane de presque toutes les parties de son corps, et qui est doucement modifiée et rendue on- dulante par les couches d’eau qu’elle tra- verse, ressemble beaucoup à cette clarté iremblante dont la lune remplit latmos- phère , lorsaw’elle est un peu voilée par des nuages légers. Ceux qui s’approchent, au milieu de ténèbres épaisses, des rivages de la mer auprès desquels nage le tétro- don dont nous nous occupons, éprouvent souvent un moment de surprise en jetant les yeux sur ce disque lumineux, et en le prenant , sans y songer, pour l’image de la lune, qu’ils cherchent cependant en vain dans le ciel. Plusieurs individus de cette espèce très - phosphorique , voguant assez près les uns des autres, multiplient cette sorle d'image ; et les figures lumineuses, nombreuses et très-mobiles, que présentent ces poissons, composent un spectacle d’au- tant plus étendu , que ces télrodons peuvent être vus de très-loin. Ils parviennent en
effet
DES TETRODOINS 9
effet à la longueur de quatre mètres, ou un peu plus de douze pieds ; et comme leur hau- teur est à peu près égale à leur longueur, on peut dire qu’ils peuvent montrer de chaque côté une surface resplendissante de plus de cent pieds carrés. On assure même qu’en 1735 on prit, sur les côtes d'Irlande , un tétrodon lune qui avoit vingt-cinq pieds anglais de longueur (1), et qui par consé- quent paroissoit pendant la nuit comme un disque lumineux de plus de quatre cents pieds carrés de surface. |
T'out le monde sait que les objets opaques et non resplendissans ne disparoïissent pen- dant le jour, et n’échappent à une bonne vue qu'à peu près à la distance de trois mille six cents fois leur diamètre. Le tétrodon lune pêché sur les côtes d'Irlande auroit donc pu être aperçu, pendant le jour, à la distance au moins de quatorze mille toises, s’il avoit été placé hors de l’eau de la manière la plus favorable. Mais, pendant la nuit, dans quel éloignement bien plus grand à proportion ne voit-on pas le corps lumineux le plus petit! Cependant, comme l’eau, et sur-tout
(1) Hist, of Waterford, p. 271.— Borlase, Hist. nat. of Cornwall, p. 267.
Poiss. Tome V. I
130 HEÉS TE OTR E
les vagues agilées de la mer, interceptent une très - grande quantité de rayors lumi- neux, on ne doit voir de très-loin les plus grands tétrodons lunes, malgré toute leur phosphorescence, que lorsqu'ils sont tirès- près de la surface des mers, et qué l’on est placé sur les côtes ou d’autres points très- élevés, cette double position ne laissant aux rayons de lumière qui partent de l'animal et aboutissent à l’œil de l’observateur qu’un court trajet à faire au travers des couches d’eau.
Lorsque le tétrodon lune est parvenu à de grandes dimensions , lorsqu'il a atteint la longueur de plusieurs pieds, il pèse quel- quefois Jusqu'à cinq cents livres ; et on a pris en étlet auprès de Plymouth, il n’y a pas un très-long tems, un poisson de cette espèce dont le poids étoit de cinq cents livres, ou près de vingt-cinq myriagrammes.
Les tétrodons lunes peuvent donc, rela- tivement à la grandeur, être placés à côté des cartilagineux dont les dimensions sont les plus prolongées ; et comme leurs deux surfaces latérales sont très-étendues à pro- portion de leur masse totale, on peut par- ticulièrement les rapprocher des grandes raies, dont le corps est également comprimé
D ES !TETROÏDIONS. ra:
de manière à présenter un déploiement très- considérable, quoique dans un sens différent. Mais, s'ils offrent la longueur des grands squales , s'ils les surpassent même en hau- teur, ils n’en ont reçu ni la force, ni la férocité. Leurs muscles sont bien moins puissans que ceux de ces squales très-alon- gés ; et leur bouche, quoique garnie de quatre dents larges et fortes, montre une ouverture trop petite pour qu’ils aient jamais pu contracter l'habitude de poursuivre un ennemi redoutable, et de livrer des combats hasardeux (1).
Les nageoires pectorales sont assez éloi- gnées de l’extrémité du museau, et leur mouvement se fait de haut en bas, beau- coup plus que d'avant en arrière. Celle du dos et celle de l’anus sont très-alongées, et composées de rayons très-inégaux, dont les plus antérieurs sont les plus longs. La na- geoire de la queue peut être comparée à une bande étroite placée .à la partie poste- rieure de l'animal, que l’on seroit tenté de regarder comme tronquée; et elle est étroi-
(:) Le plus grand diamètre de la bouche n’étoit que d’un pouce et demi dans un individu long de trois pieds un pouce.
TL 2
132 HISTOIRE
tement liée avec les nageoires du dos et de Fanus par une membrane commune à ces trois organes, ce qui distingue parliculiè- rement le tétrodon lune de tous les autres cartilagineux de son genre (1).
La hauteur de ce poisson est presque égale à sa longueur. Il est cependant dans cette espèce une variété plusieurs fois observée, et dans laquelle la longueur est double de la hauteur (2). Indépendamment de cette différence très-notable dans les dimensions, celte variété présente une petite bosse ou saillie au dessus de ses yeux, et à une dis- tance plus ou moins grande de l'extrémité du museau. Au reste, je me suis assuré , par l’observalion de plusieurs tétrodons lunes, que des individus de l’espèce que nous exa- minons présentoient différentes figures in-
(1) Aux nageoires pectorales 12 ou 13 rayons.
Acetlé dnidos"t 9.4, SM rtDonrrs
Arcelledefl'anns Ses 0 2
A:6elle de la queue:....… .' .17.0n0 18
(2) Tetrodon mola truncatus. Lin. édit. de Gmel. — Retzius, Nov. Act. Stockh. 6, 2, p. 116. — Planc. Promt. Hamb. 18 , tab. 1, fig. 2. — Monti, Act. Bonon.2 ,p.2,p. 297 , tab. 2, fig. r.
Oblong sun-fish. Brit. Zool. 5, p. 100, n° 1.—- Borlase , Hist. nat. of Cornwall, tab. 26, fig. 7.
D'ESSTETRODONS.. 8
termédiaires entre celle qui donne la hau- teur égale à la longueur, et celle qui produit une lonsueur double de la hauteur.
Mais cette espèce ne varie pas seulement daus sa forme , elle varie aussi dans ses cou- leurs; el nous avons trouvé, parmi les ma- nuscrits de Commerson, le dessin d’une lune dont la longueur est presque doubie de la hauteur, qui n’a pas cependant délévation parüculière au dessus du museau , et qui, au lieu des nuances que nous avons déjà ex- posées, est peinte de couleurs disposées dans uu ordre remarquable. Un grand nombre de taches irrégulières, les unes presque rondes, les autres alongées , sont distribuées sur chaque face latérale de l’animal, et s'y réu- nissent plusieurs ensemble de manière à y former, sur - tout vers la tête et vers les nageoires pectorales, des bandelettes qui, serpentant dans le sens de la longueur ou dans celui de la largeur de la lune, se sé- parent en bandelettes plus petites, ou se rapprochent et se touchent dans plusieurs endroits, et sont presque toutes couvertes de petits points d’une couleur très-foncée. Mais, quelles que soient les couleurs dont la lune soit peinte, sa peau est épaisse, tenace , et revêtue le plus souvent de tuber-
15
194 HIS TOERE
cules assez sensibles pour donner un peu de rudesse à ce tégumeni.
Immédiatement au dessous de la peau proprement dite se trouve une couche assez considérable d’une substance qui a été très- bien observée par mon confrère Cuvier, dans une lune qu’il a disséquée (1). Cette matière est d’une grande blancheur, assez semblable au lard du cochon, mais plus compacte et plus homogène : lorsqu'on la presse, elle laisse échapper beaucoup d’eau limpide; elle se dessèche sans se fondre, quand on lexpose à la chaleur; et si on la fait bouillir dans l’eau, elle se ramollit et se dissout en partie.
Cuvier a aussi vu dans la cavité de l’or- bite de l'œil, et contre cet organe, un tissu remarquable, composé de vésicules, les- quelles sont formées de membranes molles et peu distinctes, et sont remplies d’une substance semblable à du blanc d'œuf par la couleur et la consistance. Ce tissu a un très-grand nombre de vaisseaux et de nerfs propres, et cède à la moindre impression (2).
L'ouverture de la peau, au travers de
(1) Notes manuscrites communiqnées par Cuvier.
{>) Idem.
DES TETRODONS. . 155
laquelle on aperçoit en partie le globe de l'œil , n’a ordinairement, dans son plus grand diamètre, que la moitié de celui de ce globe. Æile est garnie intérieurement d’une sorte de membrane molle et ridée; et autour de cette ouverture on découvre, immédiatement au dessous de la peau, un anneau charnu, derrière lequel lanimal peut retirer son œil, qui est alors caché par la membrane ridée comme par une paupière. | L'on doit encore observer, dans l'organe de la vue du tétrodon lune, deux parties qui ont éié trés-bien décrites par Cuvier, ainsi que celles dont nous venons de parler, Premièrement, on peut voir une glande rougeâtre , un peu cylindrique, irrégulière- ment placée autour du nerf optique, à l'endroit où il a déjà pénétré dans le globe de l'œil, recouverte par la membrane inté- rieure de cet organe, à laquelle le neim de chororde a été donné, et tenant à Ja mern- brane plus intérieure encore de ce même organe par un très-grand nombre de pelits vaisseaux blancs, qui serpentent de manière à former une sorte de réseau. * Secondement, il y à uñe espèce de poche ou bourse conique, composée d’une mem- Là
136 HÆSTOTRE
brane très-mince, d’une couleur brune, et qui va depuis le nerf optique jusqu’au cris- tallm, en paroissant occuper un sillon de l'humeur vitrée.
Au reste, les nerfs optiques se croisent au dessous du cerveau sans se confondre : le droit passe au dessus du gauche pour aller jusqu’à l'œil ; et ils sont l’un et l’autre très- renflés, et comme divisés en plusieurs filets a l'endroit du croisement.
La cavilé du crâne est près de dix fois plus grande qu'il ne le faut pour coutenir le cerveau. Elle forme un triangle isocèle dont la pointe est vers le museau, et dont les côtés sont courbés irrégulièrement. A chaque angle de la base, cette cavité s’agran- dit pour renfermer l'organe de louïe.
Le diamètre de l'estomac n’est guère plus grand que celui du reste du canal intestinal. Ses membranes, ainsi que celles du duode- num et du rectum, sont fortes et épaisses; et ce canal alimeniaire renferme souvent, ainsi que celui d’un très-grand nombre de poissons, une quantité considérable de vers intestinaux de différentes espèces.
Les reins soni situés dans la partie supé- rieure de la cavité abdominale; ils se ter- nunent vers la tête par deux longs prolon-
DES TETRODONS. 137
gemens; ces prolongemens sont reçus dans deux sinus de la cavité de l'abdomen ; ces sinus sont séparés l’un de l’autre par une cloison musculeuse, et ils s'étendent hori- sontalement jusqu'auprès des yeux.
Le péritoine contient une grande quan- tité d’eau salée et limpide, qui a beaucoup de rapports avec celle que l’on trouve dans la cavité abdominale des raies, des squales, des acipensères, et d’autres poissons cartila- gineux ou osseux, et qui doit y parvenir au travers des membranes assez perméables des intestins et d’autres parties intérieures du tétrodon lune.
Le foie est très-grand; il occupe presque Ja moitié de la cavité abdominale , et est situé dans la partie supérieure de cette ca- viié, au dessous des reins. Il est d’ailleurs demi-sphérique, jaune, gras, mou, parsemé de vaisseaux sanguins; il ne paroît pas di- visé en lobes; et on le dit assez bon à manger.
La chair de la lune n’est pas aussi agréable au goût que le foie de cet animal; elle déplaît non seulement par sa nature, en quelque sorte trop gluante et visqueuse, mais encore par l'odeur assez mauvaise que répand le tétrodon pendant sa vie, et
138 HÉSTOIRE
qu'elle conserve souvent après avoir été préparée ; elle fournit, par la cuisson, une quantité assez considérable d'huile bonne à brüler , mais dont on ne se sert presque pas pour les alimens : aussi la lune est-elle peu recherchée. Lorsqu'on veut la saisir, elle fait entendre, de même que la plupart des tétrodons et plusieurs autres poissons osseux ou carlilagineux, un bruissement trés-maraué ; et comme cette sorte de bruit est souvent assez grave dans le tétrodon lune, on l’a comparé au grognement du cochon; et voilà pourquoi la lune a été nommée porc, même dès le tems des au- ciens grecs (1).
(1) Les anciens lacédémoniens donnoient le nom d'orthagoriscoi, c’est-à-dire , porc, à un poisson fort grand , qui fait entendre , lorsqu'on le saisit, un bruit semblable au grognement âu cochon. C’est à cette scule indication que se réduisent les notices que les anciens écrivains nous ont transmises au sujet de Por- thagoriseoi, poisson de la Méditerranée. Or, ainsi que Lacépède l’a déjà observé, plusieurs autres espèces de poissons , tant osseux que cartilagineux , jetient dans le danger Ja même sorte de cri, et comme parmi les espèces propres aux eaux de la Méditerranée, il en est qui acquièrent aussi une grandeur remarquable ,ie ne vois pas que l’orhagoriscoi des lacédémoniens doive être rapporté au poisson lune plutôt qu’à tout autre de
DES TETRODONS. 13%
ces grandes espèces. C’est Rondelet , qui le premier a fait ce rapprochement , après, dit-il, avoir bien pensé à tout. ( Hist. des poissons, Liv. 15, chap. 6, p. 527-) Une conjecture émise avec ce ton d’assurance a été adoptée par les ichthyologistes qui ont suivi Rondelet, el qui, dans leur synonymie , n’ont pas manqué d’ins- crire l’orthagoriscoi comme se rapportant à la lune. Un seul néanmoins s’apercevant qu’une pareille sup- position étoit hasardée , a exprimé ses doutes sur ce sujet par un point d’interrogalion. { ? Oréhragoriscus Plin. Artedi, Synonym. pisc. )
La chair de la lune n’étant pas de bonne quaïité , Von voit rarement ce poisson dans les marchés ües villes maritimes.
M. Brunnich (Ichthyologia Massil. pag. 8 Tetrodon mola ) raconte que, navigant entre Antibes et Gênes, l’on découvrit à la surface de la mer une lune si pro- fondément endormie, qu’elle ne s’aperçut point de l'approche du navire , et qu’un matelot s’élançant sur elle , eut le tems de la saisir avant qu’elle se réveillat.
Lorsque les lunes avancent dans les eaux , elles ont un mouvement très-singulier ; elles roulent sur elles- mêmes comme une roue.
On prend ces poissons dans les madragues et dans les autres filets destinés à la pêche des thons.
SONNINIE.
140 HIS TOEIRE
DOUZIÈME GENRE. PAR LACÉPÉDE.
LES OVOIDES.
Le corps ovoïde ; les mâchoires osseuses; avancées, et divisées chacune en deux dents; point de nageoires du dos, de la queue, ni de l'anus.
E S P È C E.
L’ovoipe FAsCÉ.— Des bandes blanches; étroites , horisontales , et divisées à leur ex- trémité, de manière à représenter un ?.
DES OV O:ID ES: 141
PAON'OTDETENS CE "NE
PAR LACÉPÉDE.
N OUS avons cru devoir séparer de la famille des tétrodons, et inscrire dans un genre particulier , ce poisson très - remar- quable , non seulement par la forme de son corps, qui paroît encore semblable à un œuf lors même que son ventre n’est pas gonflé ; mais encore par le défaut absolu de nageoires de la queue, du dos et de Janus. Il ne présente que deux nageoires pectorales, aussi petites que les ailes d’une mouche ordinaire, dans un individu d’un pouce et demi de longueur, rapprochées du sommet du museau, et composées de dix-huit rayons très-déliés. C’est dans les manuscrits de Commerson que nous avons trouvé la description de cette espèce. Ce savant voyageur n’en avoit vu qu’un indi- vidu desséché ; mais il avoit réuni à ses
me
(x) T'etraodon oviformis , pinnis tantüm pectoralibus gaudens , hispidulus , niger , rivulis albis è dorso ad ventrem descendentibus. Comm. Manuse, déjà cités.
142 HISTOIRE observations celles que lui avoit communi- quées son ami Deschamps, habile chirurgien de la marine, qui avoit observé des ovoïdes fascés dans toute leur intégrité.
Le fascé examiné par Commerson étoit alongé , mais arrondi dans tous ses contours, véritablement conformé comme un œuf, et tenant le milieu pour la grandeur entre un œuf de poule et un œuf de pigeon. Son grand et son petit diamètre éloient dans le rapport de trente-un à vingt-six.
Non seulement on ne voit pas, dans cette espèce ,; de nageoire caudale, mais il n’y a pas même d'apparence de queue propre- ment dite. La tête est renfermée dans les- pèce de sphéricité de l’ensemble de l'animal; le museau est à peine proéminent; et on ne voit saillir que les deux dents de chaque mâchoire, qui sont blanches comme de Pivoire , et semblables d’ailleurs à celles des tétrodons.
Les yeux sont petits, alongés, éloignés du bout du museau, et voilés par une membrane transparente qui n’est qu'une continualion de la peau de la tête.
L'on aperçoit les ouvertures des branchies au devant des nageoires pectorales, L’anus est, suivant Deschamps , situé à l'extrémité
DES OVOIRDES. 149
du dos, mais un peu dans la partie supé- rieure de l’animal, et la position de cette ouverture est par conséquent absolument sans exemple dans la classe entière des poissons.
Tout l'animal est d'un brun noirâtre; ce fond obscur relève des bandelettes blanches placées en travers sur le ventre, disposées en demi-cercles irréguliers au- dessous du museau, et divisées vers le dos en deux branches, de manière à imiter une fourche, ou un ÿ.
La peau du fascé est d’ailleurs hérissée de très-petits piquans, blancs sur les ban- delettes , et noirâtres sur les endroits foncés; en les regardant à la loupe, on s'aperçoit que leur base est étoilée. |
Le poisson que nous décrivons habite dans la mer des Indes.
144 HIS F OFFRE
Œ———
PREMIER GENRE (bis) *, PAR LACÉPÉÈDE.
LES GASTROBRANCHES.
Bt ouvertures des branchies situées sous le ventre.
PR, EM IIÉ:R EME SUPIÉ CE. LE GASTROBRANCHE AVEUGLE. — Une nageoire dorsale très-basse, et réunie avec celle de la queue. S EC O N°'D'E ES P EC E. LE GASTROBRANCHE DOMBEY. — Point de nageoire dorsale.
* Plusieurs des matériaux nécessaires pour com- poser les articles relatifs aux gastrobranches , ne m'étant parvenus qu'après l’impression d’un assez grand nombre de feuilles de cet ouvrage, je n’ai pu placer qu'ici la description de ces animaux, dont l’histoire auroit dû suivre celle des pétromyzons. Au reste , le genre des gastrobranches est inscrit à sa véritable place sur le tableau des ordres des poissons tant osseux que cartilagineux ; et il le sera de même sur le tableau général de tous les genres et de toutes les espèces de poissons décrits dans cette Histoire naturelle , tableau par lequel notre travail sera terminé.
L’AVEUGLE.
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J'AVEUGLE.
DES GASTROBRANCHES. 3145
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GASTROBRANCHE AVEUGLE (2), PAR LACÉPÉDE. |
PRÉMIÉRE ES PEÈCUE.
dr, Less gastrobranches ressemblent beaucoup aux pétromyzons par la forme cylindrique et trés-alongée de leur corps, par la flexibi-
(1) L’aveugle. En allemand , schleimwurm , blind- Jisch. En suédois, blindal, putal. En danois , Avud- aal , ingeris pitt , sugare , inschuvier. En norvégien, sleepmark , pihral, pilov. En ‘islandais et en groeu- landais, ivik. En anglais , blindfish.
Myxine corpore elongato glutinoso , ore dentato...,.. myxine glutinosa. Oth. Fabric. Fauna groenl. p. 344.
Petromyzon myxine. Artedi , Gen. pisc. edit. Wal- baum , gen. 42 ,n° 6. additam.
(2) Gastrobranchus cæcus. Bloch.
Myxine glutinosa. Lin. édit, de Gmel. — Faun. suec. 2086. — Mus. Ad. Fr. 1, p. 91, tab. 8, fig. 4. — Stroem. sondm. 1 , p.287. — Act. 'nidros. 2, p. 250, tab. 3. — Mull. Zool. dan. prodrom. 2955. — Otl. Fabric. Faun. groenland. p. 344 , n° 334.
Poiss. TomE V. K
246 HISTOIRE
lité des différentes portions qui le composent; par la souplesse et la viscosité de la peau qui le revêt, et sur laquelle on ne peut aper- cevoir, au moins facilement , aucune sorte d’écaille. Ils se rapprochent encore des pé- tromyzons par le défaut de nageoires infé- rieures et même de nageoires pectorales, par la conformation de leur bouche, par la disposition et la nature de leurs dents, et ils ont sur-tout de très-grands rapports avec ces cartilagineux par la présence d’un évent au dessus de la tête, et par l’organisation de leurs branchies. Ces organes respiratoires consistent en effet, ainsi que ceux des pé- tromyzons, dans des vésicules ou poches, lesquelles d’un côté s'ouvrent à l'extérieur da corps, de l’autre communiquent avec l'intérieur de la bouche, et présentent de nombreuses ramifications artérielles et vei- neuses. [Il est donc très-aisé, au premier coup d'œil, de confondre les gastrobranches avec les pétromyzons, ainsi que Font fait d'habiles naturalistes : en les examinant cependant avec attention, on voit facile- ment les différences qui les séparent de cette famille. 'L'ous les pétromyzons ont sept branchies de chaque côté; le gastrobranche aveugle n’én a que six à droite et six à
DES GASTROBRANCHES. 147 gauche, et il est à présumer que le gastro- branche dombey n’en a pas un plus grand nombre. Dans les pétromyzons, chaque branchie a une ouverture extérieure qui lui est particulière ; dans le gastrobranche aveugle, il n’y a que deux ouvertures ex- térieures pour douze branchies. Les ouver- tures branchiales des pétromyzons sont si- tuées sur les côtés et assez près de la tête ; celles des gastrobranches sont placées sous le ventre. Les lèvres des gastrobranches sont garnies de barbillons; on n’en voit point sur celles des pétromyzons. Les yeux des pétro- myzons sont assez grands; on n’a pas encore pu reconnoître d’organe de la vue dans les gastrobranches, et voila pourquoi l’espèce dont nous parlons dans cet article a reçu.le nom d'aveugle. |
On remarquera sans peine que presque tous les traits qui empêchent de réunir.les gastrobranches avec les pélromyzons con- courent, avec un grand nombre de ceux qui rapprochent ces deux familles, à faire méconnoitre la véritable nature des gastro- branches, au point de les retrancher de la classe des poissons, de les placer dans celle des vers, et de les inscrire particulièrement. parmi ceux de ces derniers animaux aux-
K 2
148 IIS TORRTE
quels le nom d’intestinaux a été donné. Aussi plusieurs naturalistes, et même Linnæus, ont-ils regardé les gastrobranchés aveugles comme formant une famille distincte, qu’ils ont appelée myxine, et qui, placée au milieu des vers intestinaux, les repoussoit néan- mioins, pour ainsi dire, ne montroit point aux yeux les plus exercés à examiner des vers les rapports nécessaires pour conserver avec convenance la place qu’on lui avoit donnée , dérangeoit en quelque sorte les distributions : méthodiques imaginées pour classer les nombreuses tribus d'animaux dé- nués de sang rouge , et y causoit des dis- parates d'autant plus frappantes que ces méthodes plus récentes étoient appuyées sur ün plus grand nombre de faits, et par con- séquent plus perfectionnées. Le célèbre ichthyologiste, le docteur Bloch de Berlin, ayant été à même d'observer soigneusement Forganisation de ces gastrobranches, a bientôt vu leur véritable nature ; il les a restitués à la classe des poissons, à laquelle les attache leur organe respiratoire, ainsi que la couleur rouge de leur sang; il a montré qu’ils ap- partenoient à un genre voisin , mais distinct, de celui des pétromyzons, et il les a fait connoître très-en détail dans un Mémoire
DES GASTROBRANCHES. 149
et par une planche enluminée très-exacte qu’il a communiqués à l'institut national de France (1). Je ne puis mieux faire que d'extraire de ce Mémoire une grande partie de ce qu’il est encore nécessaire de dire du gastrobranche aveugle.
Ce cartilagineux est bleu sur le dos ; rougeâtre sur les côtés, et blanc sur le ventre; quatre barbillons garnissent sa lèvre supérieure, et deux autres barbillons sont placés auprès de la lèvre de dessous. Entre les quatre barbillons d’en haut on voit un évent qui communique avec l'intérieur de la bouche comme celui des pétromyzons ; cet évent est d’ailleurs fermé , à la volonté de l'animal, par une espèce de soupape. Les lèvres sont molles, extensibles, propres à se coller contre les corps auxquels l’aveugle veut s'attacher ; elles donnent une forme : presque ronde à l'ouverture de la bouche, qui présente un double rang de dents fortes, dures, plutôt osseuses que cartilagineuses ; et retenues , comme celles de Ïa lamproie , dans des espèces de capsules membraneuses. On compte neuf dents dans le rang supé- rieur , et huit dans l’inférieur. Une dent
(1) Le premier prairial de l’an 5.
K 3
150 H'ESP'O TEE
recourbée est de plus placée au dessus des autres, et sur la ligne que l’on pourroit tirer de l’évent au gosier , en la faisant passer par dessus la lèvre supérieure.
On n’aperçoit pas de langue ni de narines; mais on voit au palais et autour de l’ouver- ture par laquelle l’évent communique avec la bouche une membrane plissée , que Je suis d'autant plus porté à regarder comme l'organe de l’odorat du gastrobranche aveugle que son organisation est très-analogue à celle de l'intérieur des narines du plus grand nombre de cartilagineux , et que les plus fortes analogies doivent nous faire supposer dans tous les poissons un odorat très- sensible.
Le corps de laveugle, assez délié et cy- lindrique, ne parvient presque jamais à la longueur d’un pied, ou d'environ trois dé- cinètres. 1l présente de chaque côté une rangée longitudinale de petites ouvertures qui laissent échapper un suc très-gluant : une matière semblable découle de presque tous les pores de l’animal ; et ces liqueurs non seulement donnent à la peau de l’aveugle, qui en est enduite , une sorte de vernis et une grande souplesse, mais éncore, suivant Gunner et d’autres naturalistes, elles rendent
DES GASTROBRANCHES. 151
visqueux un assez grand volume de leau dans laquelle ce gastrobranche est plongé.
Ce cartilagineux n’a d’autres nageoires que celle du dos, celle de la queue et celle de l'anus qui sont réunies, très-basses, et com- posées de rayons mous que l’on ne peut compter à cause de leur petitesse et de l'épaisseur de la peau qui les revêt.
L'ouverture de l'anus est une fente très- alongée , et sur le ventre sont placées deux ouvertures dont chacune communique à six branchies. Uneartère particulière, quiaboutit à la surface de chacun de ces organes respi- ratoires, s’y distribue, comme dans les autres poissons, en ramifications très-nombreuses , au milieu desquelles sont disséminées d’autres ramifications qui se réunissent pour former une veine.
Le canal intestinal est sans sinuosités.
Les petits éclosent hors du ventre de Ia mére.
L’aveugle habite principalement dans l'Océan septentrional et européen (1) : il se
(1) On le trouve jusques sur les côtes du Groën- land; mais il y est rare, selon Othon Fabricius. ( Faun. groenland. co citato. )
Kalim (Reise nach Amer, t.Ï, p.118) rapporte K 4
152 HESTOIR:E, etc:
cache souvent dans la vase; il pénètre aussi quelquefois dans le corps de grands poissons, se glisse dans leurs intestins, en parcourt les divers replis, les déchire et les dévore; et cette habitude n’avoit pas peu servi à le faire inscrire parmi les vers intestinaux ; avec le tænia et d’autres genres d'animaux dénués de sang rouge.
ce qui suit au sujet de l’aveugle : « Je jetai, dit-il, un de ces poissons dans un grand bassin rempli d’eau de mer fraîche; au bout d’une heure cette eau étoit remplie d’une viscosité blanchâtre et gluante qui res- sembloit à une colle claire et transparente; en y trempant un tuyau de plume ou un bâton , on en pou- voit tirer de longs fils. En la remuant , la matitre, visqueuse s’y attachoit de l’épaisseur d’un pouce, et avoit parfaitement l’air d’un glaçon de gouttière. Enfin l’eau devint si gluante , qu’en la tirant de l’ustensile comme une corde, le poisson lui-même fut entraîné. Je jetai cette eau et j’en pris de la fraiche; mais le suceur y fut à peine un quart d'heure , que cette eau devint aussi gluante que la première. On m’a assuré qu’une quantité d’eau, fût -ce un bateau à demi- rempli, où on n’auroit laissé qu’un seul de ces pois- sons, scroit convertie dans quelques heures en un limon pareil à celui dont nous venons de parler. » D’après ces observations de Kaiïm, le docteur Bloch pense que l’aveugle, dont on n’a tiré jusqu’à présent aucun pari, pourroit servir à faire de la colle. SONNINI
PAIE, PEER A Em PEER EL EN EDR 2 EX, P LIC A TEON DE LA PLANCHE XVII
La figure première montre en a l’ouver- ture cylindrique par laquelle aveugle, après s'être attaché à quelque objet, lance l’eau qu'il a humée. Cette ouverture est surmontée par une soupape ou valvule qui se relève ou s’abaisse à la volonté de l'animal.
cc, ligne de petits trous qui s'étend de chaque côté depuis la tête jusqu’à la queue: en pressant le poisson, il en sort une hu- meur visqueuse.
b, l'anus.
Figure seconde.— a, les deux ouvertures branchiales.
b, l’anus en fente alongée , à laquelle aboutit une ligne proéminente, qui marque le milieu du ventre dans toute sa longueur entre les deux séries de petits points.
Figure troisième.—a, membrane plissée au palais, autour de la fente oblongue, par où l’eau passe à l’évent, réprésenté en a dans la figure première.
354 EXPLICATION
b, muscle creux qui environne un autre muscle plus long et en forme de cône.
cc, vaisseaux qui conduisent l’eau dans les vésicules, d’où elle passe par d’autres canaux vers l’épine du dos, et va se rendre dans. les vaisseaux qui s’y trouvent.
dd, veines placées sur l’épine du dos, qui conduisent le sang des artères à la veine cave; cette veine descend et renvoie le sang au cœur, après qu'il a été rafraichi par le moyen des vésicules.
ee, vaisseaux qui mènent l’eau à la bouche , d’où elle s'écoule ou passe par l'évent.
Î, le cœur qui renvoie le sang à chaque vésicule par une branche de la grande ar- tère qui le couvre et se partage en un nombre infini de petits vaisseaux. |
g£g, le foie.
A, les œufs attachés ensemble par une membrane très-déliée.
2, un rein long et étroit.
Figure quatrième. — a, dent recourbée: bb, deux rangées de dents en forme de peigne et d’une substance osseuse : il y en
a neuf à la rangée supérieure, et huit à linférieure.
DE LA PLANCHE. 155
ce, les mêmes vaisseaux aqueux que dans la figure troisième, cc.
dd, les deux muscles dont il a été ques- tion figure troisième, en b, qui se séparent aisément l’un de l’autre. Le muscle exté- rieur se termine vers la mâchoire en deux tendons larges, et l’intérieur en deux tendons étroits. j
ee, les vaisseaux aqueux conduisant l’eau à la bouche.
ff, veines qui conduisent le sang des artères à la veine cave.
gg, œufs oblongs, plus gros que ceux représentés en h, figure troisième ; ils sont rangés sur l’épine du dos, depuis le dia- phragme jusques près de l’anus ; ils res- semblent aux œufs de serpens.
hk h, glandes qui forment de chaque côté une ligne de globules semblables à des perles; leurs canaux secréteurs se remarquent sur leur côté externe.
156 HISTOIRE
gr
LE GASTROBRANCHE | DOMBE Y.
Nous donnons ce nom à un cartilagineux dont la peau sèche a été apportée au museum nalional d'histoire naturelle par le voyageur Dombey , et dont aucun naturalisten’a encore parlé. Il est évidemment de la même famille que l’aveugle, mais il appartient à un autre hémisphère; et c’est dans la mer voisine du Chili, et peut-être dans celle qui baigne les rivages des autres contrées de l'Amérique mé- ridionale , qu’on le trouve. [la de très-grands rapports de conformation avec l’aveugle , mais il parvient à une longueur et à une grosseur deux fois au moins plus considé- rables; il en est d’ailleurs séparé par d’autres différences que nous allons indiquer en le décrivant.
La tête de ce gastrobranche est arrondie et plus grosse que le corps ; elle présente quatre barbillons dans sa partie supérieure ; mais l’état d’altération dans lequel étoit l’in- dividu donné par Dombey n’a pas permis de s'assurer s’il y en avoit deux auprès de
DES GASTROBRANCHES. 1257
ja lèvre inférieure, comme sur l’aveugle. Les dents sont pointues, comprimées, trian- gulaires, et disposées sur deux rangs circu- laires : l'extérieur est composé de vingt-deux dents, et l’intérieur de quatorze. Une dent plus longue que les autres, et recourbée, est d’ailleurs placée à la partie la plus haute de l’ouverture de la bouche.
L’organe de la vue et celui de l’odorat ne sont pas plus apparens sur le dombey que sur jJ’aveugle. La couleur du gastro- branche que nous cherchonsà faire connoître étoit effacée, où paroissoit dénaturée dans la peau que nous avons vue. La queue, dont la longueur n'excède guère le double du diamètre du corps, est arrondie à son extrémité, et terminée par une nageoire qui se réunit à celle de lanus. Ces deux nageoires sont les seules que présente l’ani- mal ; elles sont très-basses, très-difficiles à distinguer, et composées de membranes au milieu desquelles on n’a pu que soupçonner des rayons sur l'individu desséché que nous avons examiné.
———————— ——— —" TABLEAU
DES 57 PREMIERS GENRES
DES POISSONS OSSEUX,;
PAR LACÉPÉÈDE.
CLASSE DES POISSONS.
Le sang rouge; des vertèbres ; des branchies au lieu de poumons.
SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEU X.
Les parties. solides de l’intérieur du corps, osseuses.
PREMIÈRE DIVISION DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, ou CINQUIÈME DIVISION DE LA CLASSE DES POISSONS.
Un opercule branchial, et une membrane branchiale,.
DES GENRES. 159
DIX-SEPTIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIERE DES POISSONS;
ou PREMIER ORDRE
DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. POISSONS SA PODES.
Point de nageoires inférieures entre le museau et l'anus.
VINGT-UNIÈME GENRE.
CÉcILIE. — Point de nageoires; l’ouver- ture des branchies sous le cou.
VINGT-DEUXIÈME GENRE.
MoNoPpTÈRE.— Point d'autre nageoire que celle de la queue; les ouvertures des narines placées entre les yeux.
VINGT-TROISIÈME GENRE.
LEPTOCÉPHALE. — Point de nageoires pectorales, ni caudales; lPouverture des branchies située en partie au dessus de la tête.
VINGT-QUATRIÈME GENRF.
Gymnore. — Des nageoires pectorales et de l’anus; point de nageoires du dos, ni de la queue.
260 TABLE ÆC VINGT-CINQUIÈME GENRE.
TRICHIURE. — Point de nageoire cau- dale ; le corps et la queue très-alongés, très-comprimés , et en forme de Jame ; les opercules des branchies placés très-près des yeux.
VINGT-SIXIÈME GENRE.
NoToPTÈRE. — Des nageoires pectorales, de l’anus et du dos; point de nageoire cau- dale ; le corps très-court.
VINGT-SEPTIÈME GENRÉ.
OPHISURE. — Point de nageoire caudale; le corps et la queue cylindriques et très- alongés relativement à leur diamètre; la tête petite; les narines tubulées ; la nageoire dorsale et celle de l’anus très - longues et très-basses.
VINGT-HUITIÉÈÉME GENRE.
TRIURE.— La nageoire de la queue très- courte; celle du dos et celle de l'anus éten- dues jusqu’au dessus et au dessous de celle de la queue; le museau avancé en forme de tube ; une seule dent à chaque mâ- choire.
VINCGCT-NEUVIÈME GENRE.
APTÉRONOTE.— Une nageoire de la queue ;
DES GENRES. 161
queue; point de nageoire du dos; les mâ- choires non extensibles.
TRENTIÈME GENRE.
Récazec.— Des nageoires pectorales, du dos et de la queue; point de nageoire de Janus, ni de série d’aiguillons à la place de cette dernière nageoire ; le corps et la queue très-alongés.
TRENTE-UNIÈME GENRE.
OboNTOGNATHE. — Une lame longue, large , recourbée, dentelée, placée de chaque côté de la mâchoire supérieure, et entrainée par tous les mouvemens de la mâchoire de dessous.
TRENTE-DEUXIÈME GENRE.
MuRENEe.— Des nageoires pectorales, dorsale, caudale, et de l'anus; les narines tubulées ; les yeux voilés par une mem- brane ; le corps serpentiforme et visqueux.
TRENTE-TROISIÈME GENRE.
AMMODYTE. — Une nageoire de Panus ; celle de la queue séparée de la nageoire de l'anus et de celle du dos; la tête comprimée et plus élroite que le corps; la lèvre supé- rieure double : la mâchoire inférieure étroite et pointue ; le corps très-alongé.
Poiss. Tome V. L
162 TAB BA TRENTE-QUATRIÈME GENRE.
Oprxin1e. — La tête couverte de grandes pièces écailleuses ; le corps et la queue com- primés en forme de lame, et garnis de petites écailles; la membrane des branchies très-large ; les nageoires du dos, de la queue et de l’anus réunies.
TRENTE-CINQUIÈME GENRE.
MACROGNATHE. — La mâchoire supé- rieure très-avancée et en forme de trompe ; le corps et la queue comprimés comme une lame ; les nageoires du dos et de l'anus distinctes de celle de la queue.
TRENTE-SIXIÈME GENRE.
X1pH14s.—La mâchoire supérieure pro- longée en forme de lame ou d'épée, et d’une longueur au moins égale au tiers de la longueur totale de l’animal.
TRENTE-SEPTIÈME GENRE.
ÂNARHIQUE. — Le museau arrondi; plus de cinq dents coniques; des dents molaires en haut et en bas; une longue nageoire dorsale.
TRENTE-HUITIÈME GENRE.
ComÉPHore.— Le corps alongé et com- primé; la tête et l’ouveriure de la bouche
DES GENRES. 163 très-srandes ; le museau large et déprimé ; les dents très-petites ; deux nageoires dor- sales; plusieurs rayons de la seconde garnis de longs filamens.
TRENTE-NEUVIEME GENRE.
STROMATÉE.— Le corps très-comprimé et ovale.
QUARANTIÈME GENRE. RuoMge.— Le corps très - comprimé et assez court; chaque côté de l’animal repré- sentant une sorte de rhombe; des aiguillons ou rayons non articulés aux nageoires du dos ou de Fanus.
DIX-HUITIÈME ORDRE
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS,
ou DEUXIEME ORDRE
DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX, POISSONS JUGULAIRES.
Des nageoires situées sous la gorge. QUARANTE-UNIÈME. GENRE.
MuURÉNOIDE. — Un seul rayon à chacune des nageoires jugulaires; trois rayons à la L 2
164 TAB. EAU membrane des branchies; le corps alongé, comprimé, et en forme de lame.
QUARANTE-DEUXIÈME GENRE.
CALLIONYME.— La tête plus grosse que le corps ; les ouvertures branchiales sur la nuque ; les nageoires jugulaires très-éloignées lune de lautre; le corps et la queue garnis d’écailles à peine visibles.
QUARANTE-TROISIÈME GENRE.
Cazriomore.— La tête plus grosse que le corps ; les ouvertures branchiales placées sur les côtés de l’animal; les nageoires jugu- laires très-éloignées l’une de l’autre; le corps et la queue garnis d’écailles à peine visibles.
QUARANTE-QUATRIÈME GENRE.
UraAnoscope.— La tête déprimée, et plus grosse que le corps; les veux sur la partie supérieure de la tête, et très-rap- prochés; la mâchoire inférieure beaucoup plus avancée que la supérieure; l’ensemble formé par le corps et la queue presque co- nique, et revêtu d'écailles très - faciles à distinguer ; chaque opercule branchial com- posé d’une seule pièce, et garni d’une mem- brane ciliée.
DES GENRES. 165 QUARANTE-CINQUIÈME GENRE.
TRACHINE.— La tête comprimée, et garnie de tubercules ou d’aiguillons ; une ou plusieurs pièces de chaque opercule , dentelées; le corps et la queue alongés, comprimés, et couverts de petites écailles ; l'anus situé très-près des nageoires pecto- rales.
QUARANTE-SIXIÈME GENRE. GADE.— La tête comprimée ; les yeux peu rapprochés l’un de l’autre, et placés sur les côtés de la tête; le corps alongé, peu comprimé et revêtu de petites écailles ; les opercules composés de plusieurs pièces,
et bordés d’une membrane non ciliée.
QUARANTE-SEPTIÈME GENRE.
BaATrACHOIDE. — La tête très-déprimée et très-large ; l'ouverture de la bouche très- grande ; un ou plusieurs barbillons attachés autour ou au dessous de la mâchoire infé- rieure.
QUARANTE-HUITIÈME GENRE.
BLENNIE. — Le corps et la queue alon- gés et comprimés; deux rayons au moins, et quatre rayons au plus à chacune des nageoires Jugulaires.
L 5
166 TABLÉAU QUARANTE-NEUVIÈME GENRE.
OricopoDpe. — Une seule nageoire dor- sale ; cette nageoïre du dos commençant au dessus de la tête, et s'étendant jusqu’à la nageoire caudale, ou à peu près; un seul rayon à chaque nageoire jugulaire.
CINQUANTIÈME GENRE.
KURTE. — Le corps très-comprimé, et caréné par dessus ainsi que par dessous; le corps élevé.
DIX-NEUVIÈME ORDRE.
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS,
ou TROISIEME ORDRE
DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX:
POISSONS THORACINS.
Des nageoires inférieures placées sous la poitrine et au dessous des pectorales.
CINQUANTE-UNIÈME GENRE.
Lépipope. — Le corps très - alongé et comprimé en forme de lame; un seul rayon aux nageoires thoracines et à celle de l’anus.
DES'/GENRES. 167 CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE. HIATULE. — Point de nageoire de l'anus. CINQUANTE-TROISIÈME GENRE.
Cépore. — Une nageoire de l'anus; plus d’un rayon à chaque nageoire thoracine ; le corps et la queue très-alongés et comprimés en forme de lame; le ventre à peu près de la longueur de la tête ; les écailles très- petites.
CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE.
T'æNIOÏiDE. — Une nageoïre de l'anus ; les nageoires pectorales en forme de disque, et composées d’un grand nombre de rayons; le corps et la queue très-alongés et com primés en forme de lame ; le ventre à peu près de la longueur de la tête; les écailles trés-petites ; les yeux à peine visibles; point de nageoire caudale.
CINQUANTE-CINQIÈME GENRE.
Gogie. — Les deux nageoires thoracines réunies l’une à l’autre ; deux nageoires dor- sales.
CINQUANTE-SIXIÈME GENRE.
Gogioïpe. — Les deux nageoires thora- cines réunies l’une à l’autre; une seule na- L 4
168 TABLEAU
geoire dorsale; la tête petite; les opercules attachés dans une grande partie de leur
contour.
CINQUANTE-SEPTIÈME GENRE.
GogiomMore. — Les deux nageoires tho- racines non réunies l’une à l’autre ; deux nageoires dorsales; la tête petite; les yeux rapprochés; les opercules aitachés dans une grande partie de leur conicur.
CINQUANTE-HUITIÈME GENRE.
GoBiomoroïDE. — Les deux nageoires thoracines non réunies l’une à l’autre ; une seule nageoire dorsale ; la téte petite ; les yeux rapprochés; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour.
CINQUANTE-NEUVIÈME GENRE.
Gogtésoce. — Les deux nageoires thora- cines non réunies l’une à l’autre; une seule nageoïre dorsale; cette nageoire courte et placée au dessus de l'extrémité de la queue, trés-près de la nageoire caudale ; la tête très- grosse , et plus large que le corps.
SOIXANTIÈME GENRE.
SCOMBRE. — Deux nageoires dorsales ; une ou plusieurs petites nageoires au dessus
DES CENRES ‘to
et au dessous de la queue; les côlés de la queue carénés, ou une petite nageoire com- posée de deux aiguillons réunis par use membrane , au devant de la nageoire de Janus.
SOIXANTE-UNIÈME GENRE.
SCOMBÉROIDE. — De pelites nageoires au dessus et au dessous de la queue ; une seule nageoire dorsale; plusieurs aiguillons au devant de la nageoire du dos.
SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE.
CARANX. — Deux nageoires dorsales ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène , ou une petite nageoire composée de deux aiguil- lons et d’une membrane , au devant de la nageoire de l'anus.
SOIXANTE-TROISIÈME GENRE.
TRACHINOTE. —- Deux nageoires dor- sales ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de‘la queue; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aisuillons et d’une membrane, au devant de la nageoire de l'anus; des aiguillons cachés
170 LA BD EE AND
sous la peau, au devant des nageoires dor- sales.
SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE.
CARANXOMORE. — Une seule nageoire dorsale ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons et d’une membrane, au devant de la nageoiïre de lanus , ou la nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue; la lèvre supérieure très-peu extensible, ou non extensible; point d’aiguillons isolés au devant de la nageoire du dos.
SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE.
Czæsro. — Une seule nageoire dorsale ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une pelile nageoire composée de deux aiguillons et d’une membrane , au devant de la nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale très-prolongée vers celle de la queue; Ja lèvre supérieure très - extensible ; point d'aiguillons isolés au devant de la nageoire du dos.
DES GENRES. 171 SOIXANTE-SIXIÈME GENRE.
CzÆsriomore. — Une seule nageoire dor- sale ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; point de carène latérale à la queue, ri de petite nageoire au devant de celle de l'anus ; des aiguillons isolés au devant de la nageoiïre du dos.
SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE.
Coris. — La têle grosse et plus élevée que le corps; le corps comprimé et très- alongé ; le premier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines une ou deux fois plus alongé que les autres ; point d’écailles semblables à celles du dos sur les opercules ni sur la tête, dont la couverture lamelleuse et d’une seule pièce représente une sorte de casque.
SOIXANTE-HUITIÈME GENRE.
GomprHose. — Le museau alongé en forme de clou ou de masse ; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos.
SOIXANTE-NEUVIÈME GENRE.
Nasow. — Une protubérance en forme de corne ou de grosse loupe sur le nez;
172 TABLE AU
deux plaques ou boucliers de chaque côté de l'extrémité de la queue ; le corps et la queue recouverts d’une peau rude et comme chagrinée.
SOIXANTE-DIXIEME GENRE.
KipHosEe. — Le dos très-élevé au dessus d'une ligne tirée depuis le bout du museau jusqu'au milieu de la nageoire caudale ; uue bosse sur la nuque ; des écailles semblables à celles du dos sur la totalité ou une grande partie des opercules qui ne sont pas dentelés.
SOIXANTE-ONZIÈME GENRE.
OSPHRONÈME. — Cinq ou six rayons à chaque nageoire thoracine ; le premier de ces rayons aiguillonné , et le second terminé par un filament très-long.
SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE.
TricHoPoDe. — Un seul rayon, beaucoup plus long que le corps, à chacune des na- geoires thoracines ; une seule nageoire dor- sale.
SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE.
MonNoDpacTYLE. — Un seul rayon très- court et à peine visible à chaque nageoire thoracine ; une seule nageoire dorsale.
DES GENRES 175 SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE.
PLECTORHINQUE. — Une seule nageoire dorsale ; point d’aigsuillons isolés au devant de la nageoire du de , de carène latérale ni de petite nageoire au devant de celle de anus ; les lèvres plissées et contournées ; une ou plusieurs lames de l’opercule bran- chial dentelées.
SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE.
PoconrAs. — Une seule nageoire dorsale; point d’aiguillons isolés au devant de la na- geoire du dos, de carène latérale ni de petite nageoire au devant de celle de lanus; un irès-grand nombre de petits barbillons à la mâchoire inférieure.
SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. : Bosrrycxe.— Le corps alongé et serpen- tiforme ; deux nageoires dorsales, la seconde séparée de celle de la queue ; deux barbillons à la mâchoire supérieure ; les Fee assez grands et sans voile.
SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. BosTRYCHOIDE. — Je corps alongé et serpentiforine ; une seule nageoire dorsale celle de la queue séparée de celle du dos deux barbillons à la mâchoire supérieure les yeux assez grands et sans voile.
174 HISTOIRE
CS a S
TÉREBEZIÉE MENCGEN PE
HE D'LO D'O NE
Lss mäâchoires osseuses , avancées , et chacune d’une seule pièce.
PREMIÈRE ESPÈCE.
LE DIODON ATINGA. — Le corps alongé ; des piquans très - rapprochés les uns des autres ; la nageoire de la queue arrondie.
SECONDE ESPÈCE.
LE DIo0DON PLUMIER. — Le corps alongé; point de piquans sur les côtés de la tête, qui est plus grosse que la partie antérieure du corps; la nageoire de la queue arrondie.
TROISIÈME ESPECE
LE DIODON HOLOCANTHE. — [Le corps alongé ; des piquans très-rapprochés les uns des autres ; la nageoire de la queue fourchue.
/
QUATRIÈME ESPÈCE.
LE DIODON TACHETÉ. — Le corps un peu alongé ; des piquans très-rapprochés les uns des autres, et deux ou trois fois plus longs sur le dos que sur le ventre ; la nageoire
DES DIODONS. 175
de la queue arrondie ; trois grandes taches de chaque côté du corps ; une tache en forme de croissant sur la nuque.
CTI N'O) UT EME 615 P E)C/E
LE DI0DON oRBE. — Le corps sphérique, ou presque sphérique ; des piquans forts, courts et clair-semés.
SIXIÈME ESPÈCE
LE DIODON MOLE. — Très - comprimé, demi-ovale, comme tronqué par derrière.
176 HISTOIRE
17 AT LINÉC UM).
Voyez la planche XVIII, fig. 1.
LE DIODON ATINGUA (2), PAR LACÉPEDE. PREMIÈRE ESPÈCE.
Àirs diodons ont de très-srands rapports, dans leur conformation et leurs habitudes, avec les tétrodons et les ovoïdes : mais ils en différent par la forme de leurs mâchoires osseuses, dont chacune ne présente qu’une pièce ; et de là vient le nom qu'on leur a
(1) L’atingue, atinga ct poisson armé. En allemand, langer stackelfisch. En hollandais, zee -egel , steekel- varken. En anglais, little olobfish , porcupine. En por- lugais, pesce welgo. En brasilien , guamacu atinga.
Crayracion oblongus , spinosus, etc. crayuracion oblongus supr& et infrà utramque pinnam post bran- chialem ad caudam maculi nigerrimé , ete. et crayra- cion capite contracto, etc. Klein, Miss. pisc. 5, P- 19,n 9,12 et 15, fig. tab. 5, n° 6.
Ostracion oblongo-ovatus , aculeis undique longis
doniné ,
. XVZIZ .
NA AU S À Y È
1. L'ATINGUE.
2.1
GUARA.
nl 4
DES DiODONS hr
donné , et qui désigne qu’ils n’ont que deux dents , l’une en haut, et l’autre en bas. Ils en différent encore par la nature de leurs
La
teretibus et retroversis. Seb. Mus. tom. IX, p. 62, n° 10, tab. 24 , fig. 10.
Ostracion sphærico oblongiusculus bidens, aculeis teretibus prælongis subulatis. Gron. Zooph. n° 181.
Ostracion oblongo tumidus, aculeis lonsis nndique muricatus. Browne , Jamaïc. p. 456 , n° 4.
Orbis muricatusranæ rictu. Willughb. Ichth. p. 145.
Ostracion diodon , corpore spinis, undique armato. Mus. Adolph. Frid. 1, p. 58.
Ostracion coniro-obiongus, aculeis undique longis teretiformibus, in primis lateribus. Amæn. acad, t, pag. 310. — Ït. scan. p. 285.
Diodon oblongus , aculeis teretibus........ diodon atinga. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 138 , sp. 2. — Artedi, Gen. pisc. edit. Walbaum, nov. gen. Lin. p: 5097; h; 2.
Marcgrave est le premier naturaliste qui ait parlé de ce poisson. Klein a cru reconnoïitre quatre espèces dans quelques différences indiquées par les descriptions de l’atingue; mais c’est une erreur. SONNINI.
(2) Nous devons prévenir qu’en rapportant aux différentes espèces de poissons que nous décrivons dans cet ouvrage, le texte ou la figure publiés par différens auteurs, nous n’entendons en aucune ma- nière adopter l’opinion de ces écrivains relativement à l'application qu’ils ont pu faire de telle ou telle description, ou de telle ou telle planche qu’ils ont
Poiss. ToME V. M
178 HMS TO DRTE
piquans beaucoup plus longs , beaucoup plus gros, beaucoup plus forts que ceux des tétrodons les mieux armés. Ces piquans sont d’ailleurs très-mobiles , et répandus sur toute la surface de la plupart des diodons. Cette dissémination , ce nombre, cette mo- bilité, celte grandeur ont fait regarder avec raison les diodons comnie les analogues des porc-épics et des hérissons dans la classe’ des poissons. La diversité de couleurs que montrent fréquemment ces aiguillons, a dü contribuer encore à ce rapprochement ; et comme on a pu en faire un presque sem-
citées , à l’animal dont ils se sont occupés. Cet aver- tisscment nous a paru sur-tout nécessaire au com- mencement de l’histoire des diodons.
Diodon atinga. Lin. edit. de Gmelin.
Diodon atinga. Bloch, pl. cxxv.
Deux-dents courte-épine. Bonaterre , planches de VEncycl. méthod. pl. xx , fig. Go.
Hérisson de mer. Diodon supernè fuscus, maculis denticularibus nigris undique inspersus , ventre albo zmmaculato. Commerson , Manuse. déjà cités.
Deux-dents longue-épine. Daub. Encycl. méth. — Browne, Jam. p. 459, n° 4. — Seb. Mus. 5, pl. xxtir, fig. 1 et2; et pl. xxrv, fig. 10.
Guamajacu atinga. Marcgrav. Brasil. pl. c£LxvII rt. = Willughby, 1chthyol. pl. 1, 53 1,6; et1, 7. — Jonston, tab. 3, fig. 1 ; et tab. 39, fig. 5.
D BS:DTO DONS. 179
blable entre les cartilagineux que nous exa- minons et Îles vers que l’on a nommés oursins , on doit considérer la famille des diodons comme formant un des principaux liens qui réunissent et attachent ensemble la classe des quadrupèdes à mamelles, celle des poissons, et celle des vers.
Ce genre remarquable ne renferme qu’un petit nombre d'espèces; mais le plus grand nombre des naturalistes en ont mal saisi les caractères distinctifs ; et comme d’ailleurs elles sont presque toutes très-variables dans plusieurs points de leur conformation exté- rieure, une grande confusion a régné dans la détermination de ces espèces, dont on a très - souvent trop étendu ou resserré le nombre ; et le même désordre s’est trouvé dans lapplication que plusieurs auteurs ont faite aux espèces qu'ils avoient admises des noms donnés aux diodons, ou des descrip- tions de ces animaux déjà publiées. Ce n’est que parce que nous avons été à portée de comparer de ces cartilagineux de différens âges, de difiérens sexes, de différens pays, et pris à des époques de lannée très-éloi- gaées l’une de l’autre, que nous avons pu parvenir à fixer le nombre des espèces de diodons connues jusqu’à présent, à recon-
M 2
180 HISTOIRE
noître leurs formes distinctives et invariables ; et à composer la table méthodique qui pré- cède cet article.
L/atinga a le corps très-alongé ; chaque narine n'a qu'une ouverture placée dans une sorte de petit tube; les yeux sont assez près du museau : l'anus en est au contraire à uhe assez grande distance, et par consé- quent la queue proprement dite est très- courte. Les nageoires du dos et de l'anus se ressemblent beaucoup, sont petites, et placées au dessus l’une de l’autre; celle de la queue est arrondie (1).
Les piquans mobiles dont latinga peut se hérisser sont très-forts, très-longs, creux vers leur racine, variés de blanc et de noir, et divisés à leur base en trois pointes qui s’'écartent , s'étendent, et vont s attacher au dessous des tégumens de l'animal. Iis sont revêtus d’une membrane plus ou moins déliée qui n’est qu'une continuation de la peau du diodon. Cetie membrane s'élève autour de laiguillon jusqu'au dessus de
(1) À la nageoire du dos. . . . 15 ou 16 rayons. Aux nageoires pectorales. . . . 24 ou 25 A'-celle de l'anus. 29 107 0 ST Ou ED
À celle de la queue. , 2 0 4)
DES DIODONS. 181 l'extrémité de ce piquant, ou jusqu’à une distance plus ou moins grande de la pointe de ce dard, qui le plus souvent perce cette membrane et paroît à découvert.
L'atinga est brun ou bleuâtre sur le dos, et blanc sur le ventre; ses nageoires sont quelquefois jaunes dans le milieu de leur surface, et ces mêmes nageoires, ainsi que toute la partie supérieure du poisson, sont semées de petites taches lenliculaires et noires, que l’on voit fréquemment répan- dues aussi sur le dessous de l’atinga.
Ce cartilagineux vit au nulieu des mers de l'Inde et de l'Amérique, voisines des tropiques, ainsi que dans les environs du cap de Bonne-Espérance. Il s'y nourrit de petits poissons, de cancres et d'animaux à coquille, dont 1l brise aisément l'enveloppe dure par le moyen de ses fortes mâchoires. Il ne s'éloigne guère des côtes; et quoiqu'il
ne parvienne qu'à la longueur de quinze
pouces ou d’un pied et demi, il sait si bien, lorsqu'on l'attaque, se retourner en différens sens , exécuter des mouvemens rapides , s’agiter, se couvrir de ses armes, en pré- senter la pointe, qu'il est très - difficile et même dangereux de le prendre. Aussi le
M 5
182 H EST O KR €
poursuit-on d'autant moins que sa chair est dure et peu savoureuse (1).
C’est principalement dans les momens où l'on veut le saisir qu’il gonfle sa partie infé- rieure. Il à la faculté de l’enfler comme les tétrodons et les ovoïdes , quoique cependant il paroisse ne pouvoir pas donner à cette portion de son corps un aussi grand dégré d'extension. Ii augmente ainsi son volume pour donner plus de force à sa résistance, ou pour s'élever et nager avec plus de faci- lité ; il se grossit et se tuméfie particulière- ment lorsqu'après lavoir saisi on cherche à le tenir un moment suspendu par sa nageoire dorsale ; mais quelque cause qui le contraigne à se boursoufler, 11 détend souvent tout d’un coup sa partie inférieure , et, faisant alors sortir avec rapidité par l'ouverture de sa bouche , par celle de ses branchies, ou par son anus, le fluide contenu dans son inté- rieur , il produit un bruissement semblable à celui que font entendre les balistes, les ostracions et les tétrodons.
D
(1) On prend l’atingne dans les filets tendus pour la pêche des autres poissons ; il mord aussi à l’hamecçon auquel une queue d’écrevisse est atiachée pour appât.
SONNINI.
DES DIODONS. 185
La vessie natatoire de l’atinga est très- grande , ainsi que celle des tétrodons ; et, d’après la nature de la membrane qui la compose, il paroït que, préparée comme celle de l’acipensère huso, elle donneroit une colle supérieure par sa bonté à celle que l’on pourroit obtenir de la vésicule aérienne d’un très-grand nombre d’autres espèces de poissons. |
L’estomac du diodon que nous décrivons n'est composé que d’une membrane assez mince ; mais il est garni de beaucoup d’ap- pendices qui, comme autant de petites poches ou d’intestins ouverts uniquement par un bout, peuvent ou augmenter la quantité des sucs digestifs, ou contribuer à l'élaboration , à la perfection, à l’activité de ces sucs, ou prolonger la durée de l’action de ces liquides sur les alimens, en retardant le passage des substances nutritives dans la partie des intestins la plus voisine de lanus.
Ces alimens, quelque dure que soit leur nature, peuvent arriver à l’estomac d'autant plus broyés et par conséquent susceptibles de subir l’action des liqueurs digestives , qu'indépendamment des mâchoires osseuses qui tiennent lieu à l’animal de deux dents très-larges et très- fortes, l’atinga a deux
M 4
h84 HISTOTRE véritables dents molaires très-grandes, relati- vement à l'étendue de la cavité de la bouche, à peine convexes, et sillonnées transversale- ment. L'une occupe presque tout le palais; et autre , qui ne cède que très-peu en gran- deur à la première, revêt la partie opposée de la gueule dans l'endroit le plus voisin du devant de la mâchoire inférieure (1). Lorsqu'on a mangé de l’atinga, non seu- lement on peut éprouver des accidens graves, si on a laissé dans l’intérieur de cet animal quelques restes des alimens qu’il préfère , et qui peuvent être très-mal-sains pour l’homme ; mais encore, suivant Pison, la vésicule du fiel de ce cartilagineux contient un poison si actif que, si elle crève quand on vuide l'animal, ou qu'on Foublie dans le corps du poisson, elle produit sur ceux qui mangent de l’atinga les effets les plus funestes : les sens s’émoussent, la langue devient immobile, les membres se roidissent ; et, à moins qu'on ne soit promptement se- couru, une sueur froide ne précède la mort que de quelques instans. | Au reste, si la vésicuie du fiel, ou quelque
(1) Le foie de l’atinga est gros et divisé en trois lobes ; il s'étend jusqu’à l'anus. Soxnini.
DES DIODONS. 185 autre portion intérieure du corps de Fatinga contient un venin dangereux, il ne peut point faire perdre la vie en parvenant jus- qu’au sang des personnes blessées par ce cartilagineux , et en y arrivant par le moyen des longs piquans dont la surface du poisson est hérissée, ainsi que quelques voyageurs lont redouié. Ces piquans ne sont point creux jusqu’à leur extrémité ; leur cavité ne présenie à l’extérieur aucun orifice par lequel le poison püt être versé jusques dans la plaie; et l’on ne découvre aucune com- munication entre l’intérieur de ces aiguillons et quelque vésicule propre à contenir el à répandre un suc délétère.
186 HISTOIRE
LE DIODON PLUMIER (:},
PAR LLACEPENE
SÉCONDE ES PÉCE.
Îs étoit convenable de désigner ce carli- lagineux par le nom du naturaliste auquel nous devons la figure de cette belle espèce de diodon , que l’on trouve dans la zone torride, auprès des côtes orientales de FA- mérique. Ce poisson, que l’on voit aussi auprès des rivages de plusieurs îles améri- caines, a beaucoup de ressemblance avec Patinga; mais il en diffère par plusieurs ca- ractères. Premièrement, 1l est souvent plus alongé, sa longueur totale étant presque toujours quatre fois aussi élendue que sa hauteur. Secondement , il présente un étran- glement lrès-marqué à l'endroit où la tête
(1) Orbis piscis acuicatus major. Plumier , dessins sur vélin déjà cités.
Orbis aculeatus, maculis albis notatus , apud insu- das americanas vulgô poisson armé. Plumier, dessins déposés dans le cabinet des estampes de la biblio- thèque nationale.
DES DIODONS. :8
est attachée au corps, et par conséquent entre les yeux et les nageoires pectorales. Troisièmement, il n’y a pas de piquans sur les côtés de la tête, au dessous, ni sur le devant de cette partie ; et au delà de la na- geoire dorsale ; la queue est également dé- nuée d’aiguillons.
Le diodon plumier est blenâtre avec des taches blanches, presque rondes, assez pe- tites, et très-nombreuses (1).
(1), A nascoiredu dos. . 1.4.1.) 7rayons À chaque nageoire pectorale. . . . . 9 icciioide anus ee Ten CR 6e A celle de la queue , qui est arrondie. gou 10
188 HISTOIRE
L'EUGT AR AC).
Voyez la planche XVIII, jigure 2.
LE DIODON HOLOCANTHE (2); PAR LACÉPÈDE. TROISFÉÈME ESPÈCE. Pix trait le plus constant et le plus sensible
par lequel la conformation extérieure de ’holocanthe diffère de celle de l’atinga, est
(1) Le guara, poisson armé. En allemand, runde stachelfisch , meerflasche et mecrtaube. En anglais, globe, suel-fish, hedgehogg. En arabe, schokiæ et aboumechajat. Au Brésil par les natnrels, guama- jacu guara, piquitingua , araguagua, camurt. Par les portugais, peixe porco. Chez les caraïbes, foujou cocciou. Aux Indes, ikan doerian , terpaudjaug , doeri, docrinja.
Gmelin (Lin. Syst. nat.) a présenté ce poisson comme une simple variété de l’atinga. En général, les ichthyologistes qui ont précédé Lactpède n’a- voient pas une idée bien nette de cette espèce.
SONNINI.
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DES DIODONS. 189
la forme de la nageoire de la queue. Cette nageoire, au lieu d’être arrondie comme dans latinga, est échancrée, et par consé- quent fourchue ou un peu en croissant dans l’holocanthe. L'ensemble de la tête, du corps et de la queue, est aussi, au moins le plus souvent, moins alongé dans l’holo- canthe que dans latinga; le dos est plus convexe , et les. piquans sont quelquefois plus longs (35) : mais d’ailleurs toutes les formes sont presque semblables; les nuances et la distribution des couleurs ne le sont pas moins; et l’on remarque les mêmes ha- bitudes dans les deux espèces.
Comme l’atinga , l’holocanthe se livre à divers mouvemens irès-violens et très-rapides
(2) Dicdon hystrix, guara. Bloch, pl. cxx vi.
Le deux-dents longue-épine. Bonaterre, planches de l’'Encyclop. méthod. pl. x1x, fig. 6r.
Diodon atinga holocanthus. Lin. édit. de Gmelin.
Ostracion oblongus holocanthus , aculeis longissimis teretiformibus , in capite imprémis et in collo. Artedi, gen. 60, syn. 66. |
(3) On trouve souvent à la nageoire du
dos e 2 e 0 . L] e e e L e CL] . e C2 e e 14 rayons. Aux pectorales. AD AE AR AMAR CD A celle deil’agus . 9 4 47217)
À celle de la queue. . . . . , , . . 16
190 HISTOIRE
lorsqu'il se sent saisi, et particulièrement lorsqu'il est pris à l’hamecon. Il se gonfle et se comprime, redresse et couche ses dards, s'élève et s’abaisse avec vilesse, pour se dé- barrasser du crochet qui le relient. Ses pi- quans étant quelquefois plus longs et plus forts que ceux de l’atinga, ses efforts mul- tipliés pour s'échapper et se défendre sont pius redoutés que ceux de cet autre diodon; et bien loin d’oser le prendre au milieu de l'eau et lorsqu'il jouit encore de toute sa force, on n’ose approcher sa main de son corps Jeté et gisant sur le rivage, qu’au mo- ment où sa puissance affoiblie et sa vie près de s’éteindre rendent ses mouvemens à peine sensibles, et ses armes presque nulles.
Au reste, se nourrissant des mêmes ani- maux que l’atinga , il fréquente les côtes, ainsi que ce cartilagineux , et ainsi que la plupart des poissons qui vivent de crabes et d'animaux à coquille. On le trouve dans Jes mêmes mers que celles où l’on pêche l'atinga (1).
(1) On le pêche aussi dans la mer Rouge et dans celle du Japon. Sa chair maigre et dure n’invite pas à le poursuivre ; cependant sa pêche ne laisse pas
DES DIODONS. 191
d’être amusante. Voici, selon le père Dutertre, la manière dont on s’y prend :
Ga jette au guara une ligne amorcée avec un mor- ceau de crabe, duquel il approche d’abord; mais comme il a peur de la ligne, il tourne pendant quelque tems autour de l’hamecçon , en faisant diFférens mou- vemens ; enfin il se hasarde de goûter à l’appât, puis le lâche tout-à-coup , le frappe de sa queue comme s’il n’en avoit aucune envie, puis lorsqu'il s’est assuré que la ligne est immobile , il se jette dessus et lPavale avec l’hameçon. Dès qu’il se sent accroché , il hérisse ses piquans, s’enfle comme un ballon , rend un bruit sourd comme le coq d'Inde quand il fait la roue, entre en fureur et cherche à blesser tout ce qui l’en- vironne. Quand il voit que tous ses efforts sont inu- tiles , il a recours à la ruse; il baisse ses piquans, se dégonfle et devient aussi flasque qu’un gant mouillé. Dès qu'il s'aperçoit que ses arlifices ne lui servent de rien et que le pêcheur le tire à terre, sa rage se ranime , et il fait de nouveaux efforts pour se débar- rasser et se défendre, SONNINI.
192 HISTOIRE
LE; DIODON:TACHETE.(),
PAR DACÉPÉDE.
QUATRIÈME ESPÈCE.
Cowuersox a laissé dans ses manuscrits la description de cette espèce de cartilagi- neux , au sujet de laquelle aucun naturaliste n’a encore rien publié, que l’on a trouvée auprès des côtes de la Nouvelle - Cythère, et à laquelle les navigateurs qui l'ont vue ont donné le nom de crapaud marin, et de hérisson de mer. À mesure qu’on s'éloigne ? de l’atinga, en continuant cependant d’ob- server les diodons dans l’ordre suivant le- quel nous les avons placés, on voit l’alon- gement du corps diminuer dans les espèces que l’on examine, et la sphéricité presque parfaite succéder enfin à une très- grande différence entre la longueur et les autres
() Diodon muricatum , brunneum , spinis albis, maculis dorsalibus quinque majusculis nigris , occipi- tali maximä semilunatäé. Commerson , Manuscrits déjà cités,
dimensions
DES DIODONS: 193
dimensions de l'animal. Les holocanthes sont. en effet moins alongés en général que le tacheté ; le tacheté paroît l’étre moins que lholocanthe ; des variétés de l’orbe se rap- prochent encore davantage de la forme glo- buleuse, que lon retrouve presque dans toute son intégrité, lorsqu'on a sous les yeux d’autres individus de cette dernière espèce.
Indépendamment de sa forme moins alongée , le tacheté est séparé de latinga et de l’holocanthe par da disposition de ses cou- leurs. Il est brun par dessus, et blanchätre par dessous; 1l présente sur:sa nuque une très - grande tache en forme de croissant ; un. peu festonnée, et dont les pointes sont tournées vers les yeux. On en voit de chaque côté du corps üne aütre un peu ovale, située au. dessus de la nageoire peclorale, et deux autres transversales, dont la première est aw:dessous de Fœil, et la seconde entre l’œil et la nageoire pectorale; le dessous du museau est comme entouré d’une tache nuageuse; et enfin ou en trouve une presque ronde au dessus: du dos, autour de la na- seoire dorsale. Au reste, ces différentes taches sont d’un noir plus où moins foncé.
Toutes les nagedirés sont d’un jaune ver-
Pois Tome NW, NN
194 | HESTOTRE
dâtre (1). Lies piquans sont'blancs, et mon: trent leurs pointes au dessus. de prune très- brunes. à q 9 |
Ces mêmes aiguillons , mobiles à la vo- lonté de l'animal, ainsi que ceux de presque tous les autres diodons, sont très-longs sur le dos, mais deux ou trois fois plus courts sur le ventre.
‘::Les narines ,' situées entre les yeux et Fextrémité du museau , ontles bords de leurs ouvertures relevés de manière à re- présenter une .verrue.
Les yeux sont voilés par une :continua- tion transparente du tégument le plus exté- rieur de ns cependant'ils sont gros et très-saillans. :
L'ouverture Hu hiale a Fe in FRE sement de: cércle > et'est nee vertica lement. : | JECAGUET
On ne compte de “aque ‘côté: dns trois branchies: : ©5 Ë
La nageoireide la queue est: arrondie; ce qui rapproche’un peu le tacheté de pipi de, mais l’éloigne dé lholocanthe.
(1) A la nageoire du dos .,,. ..:,.:..14 rayons, Aux nageoires pectorales. . . . . .: 24 A icblle de l'anusé … Me vera 14
À celle de la queue . . . " 198, «9
DÈS DIODONS. 195
L’'ORBE HÉRISSON (i),
Fi E DI0DO N OR BE (); PAR ne Se
CINQUIÈME. Co Cs nom d’orbe désigue la forme presque entièremént sphérique que, pr ésente ce .car- tilagineux. Il ressemble d'autant plus à une
(1) L’orbe hérisson, oi tic armé. Ên allemand , stachelkugel, ‘stachelflaseh: Æn hollandais | “penne- visch. En anglais, prickly bottlefish. Par les hollaus dais qui habitent les Mo luques; éroutoen. 1
Crayracion -oblongo-rotundus ; superciliis RÉ, et lævibus. Klein , Miss. pisc. 3 pag. 20 , n° 1427
Diodon sphæricus aculeis triquètriss.... à diodon hystrix. Lin. Syst. nat. edit: Gmel: gen. 138 , sp.
C’est à Rondelet qu’est dû la première connoissance de ce poisson ; mais la figure qu’il en donne est défec- tueuse jet il dit mal à propos pes cette espèce vs tn la mer du Nord. | Sr
La synorfymie que les noméëñélatenrs ont faite de cette ge est très-embrouillée et souvent fautivés
SONNINI 0
N 2
196 HISTOIRE boule, sur-tout lorsqu'il s’est tuméfié, que ses nageoires sont très-courtes, et que son museau étant trés-peu avancé, aucune grande proéminence m’altère Ja rondeur de son ensemble. Des piquans dont la surface est hérissée, sont irès-forts; mais ils sont plus courts et plus clair-semés à proportion du
(2) Deux dents ras D énat: nl de PÉREREIPES méthoë, pl. x1x , fig: 622
Diodon orbicularis , orbe hérisson. ( Bloch,
Deux- dents courte- “épine. Daubenton, Enc, méth. — Diodon lysérix. Lin. édit, de Gmel, OstYacion bidens spAæricus , aculèis nndique densis éréquetris.-Artedi-gens 59, syn. 86. — Seb. bé. tab,,231fig5 sons Poisson. rond ef Ga Atéis REED orbis nuricatus. Rondelct ; première part Liv. 15, chap, <